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Du 4 octobre au 28 novembre 1948, se déroule une grève massive des mineurs, violemment réprimée.

Décidée démocratiquement, le 30 septembre, par 259.204 voix contre 25.086, 15.502 d’abstenant, le conflit va durer huit semaines. Face à eux, 60.000 militaires, gendarmes et CRS, munis de chars et d’automitrailleuses s’emploient à reconquérir les mines, puits par puits..

Six mineurs sont tués : Jansek matraqué à mort à Merlebach, Barbier à Firminy, Chaptal à Alès, par balles, ainsi que Goïo, à Saint-Etienne. Deux autres mineurs blessés, Béclart et Boucly, meurent à la prison de Cuincy-les-Douai.

Plus de 4000 travailleurs sont licenciés, dont deux mille dans le Nord-Pas-de-Calais. 2783 autres mineurs sont condamnés à des peines de prison et à de fortes amendes. Autour d’eux, soutenus par le Parti Communiste Français, se développe une solidarité de masse : les dockers et les cheminots font grève en refusant de transporter le charbon importé de l’étranger. De nombreux enfants de mineurs sont hébergés dans la région parisienne par des familles ouvrières.

 

Pourquoi cette grève ?

Trois ans nous séparent alors de la Libération et des conquêtes sociales du CNR. L’année précédente, en mai 1947, les ministres communistes, qui s’opposaient aux mesures antisociales du gouvernement du socialiste Paul Ramadier, sont « démissionnés » d’office, alors que la grève se développe chez Renault.

La vie chère, l’inflation galopante (40% en six mois), le refus de satisfaire les revendications vitales des salariés va conduire ces derniers à se mettre massivement en grève dès l’été et jusqu’à l’automne : les cheminots, la métallurgie et déjà, les mineurs. La France est alors paralysée par la grève générale du 29 novembre au 10 décembre.

Robert Schuman remplace Ramadier à la tête du gouvernement dit de « troisième force » (le Parti socialiste, le MRP* et les Radicaux), qui se situe entre les communistes et les gaullistes. Ceux-ci sont regroupés dans le RPF, crée par de Gaulle en 1947.

Le gouvernement fait appel à l’armée, qui quadrille les corons. La division est organisée à l’intérieur de la CGT. Avec l’aide de l’aile réformiste des syndicats, et le soutien financier de la CIA, via l’AFL-CIO américaine, les militants groupés autour de Force Ouvrière font scission. Le mouvement gréviste est ainsi fragilisé et le travail doit reprendre.

Mais la volonté de lutte des mineurs est intacte. Exaspérés par la remise en cause des garanties statutaires gagnées à la Libération, et la détérioration des conditions de vie, ils vont à nouveau déclencher la grande grève de 1948.

 

Ces affrontements sociaux vont de pair avec la politique du pouvoir.

C’est le début de « la guerre froide ».

Chacun choisit son camp. La bourgeoisie française, sortie amoindrie, de par son rôle joué à Vichy et dans la collaboration avec l’ennemi, fait front avec les socialistes, animés par l’anticommunisme et par leur choix du « protecteur » américain. Ensemble, ils vont soutenir et mettre en œuvre le plan Marshall de vassalisation de la France et de l’Europe de l’Ouest.

 

* Le MRP (Mouvement Républicain Populaire), est animé par des leaders catholiques, pour certains issus du CNR, tels  Georges Bidault, Henri Teitgen), mais qui a rassemblé en son sein les éléments hostiles aux forces populaires, dès la Libération).

 

 

Tag(s) : #Histoire
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