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Comment se présente la situation politique?

Après quinze jours de psychodrame interne, le Parti socialiste tente de ripoliner sa façade. Martine Aubry prépare une « nouvelle » direction. Elle souhaite, dit-elle, l’ouvrir à tous ceux qui se reconnaissent dans la politique qu’elle a exprimée dans sa motion de congrès et aussi aux amis de Benoît Hamon, qui l’a rejointe dans le « front anti-Royal ». Elle ne refuse personne, même pas les amis de Ségolène, voire Ségolène elle-même. Celle-ci ne dit pas non, tout en marquant son territoire.

Au total, autour de la maire de Lille, tous les courants, de DSK à Emmanuelli et de Laurent Fabius à Manuel Valls, en passant par Bertrand Delanoë, sont en passe d’être représentés à la direction du PS.

Etrange macédoine pour un parti « rénové » ! Il est vrai que peu de choses séparent ses dirigeants, sinon une question de pouvoir. Tous ont voté, en mai dernier, les nouveaux statuts qui stipulent leur attachement commun au « marché libre et non faussé » et à l’Union européenne, qui en est sa représentation politique.

Ils en revendiquent même la paternité !

 

Reste que le spectacle de Guignol, donné par le PS, a laissé indifférents les électeurs de Gironde. Ceux-ci ont voté, le 30 novembre dernier, à 54% pour le candidat socialiste, lui donnant le siège de député à la place d’un UMP sortant, il est vrai avec 56,89% d’abstention au deuxième tour (près de 62% au premier tour, où le représentant du PCF a totalisé 2,5%).

Faut-il en conclure que la volonté de battre à tout prix le candidat de Sarkozy a été déterminante ?

Ce résultat ne préjuge en rien de l’opinion des Français sur le Parti socialiste, et encore moins de la stratégie du Capital en matière d’alternance future (Voir notre blog sur la question).

Du côté PCF, la préparation du congrès de décembre accapare les militants et l’appareil dirigeant. Celui-ci semble se fissurer en de multiples regroupements, qui tous appellent de leurs vœux une « rénovation » (eux aussi !) et une « ouverture » du Parti. Comment s’y retrouver dans ce galimatias de motions pour élucider les véritables intentions de dirigeants, hier unis, aujourd’hui opposés, et qui parlent de tout, sauf de l’essentiel : la lutte contre le Capital.

Face à eux, les militants, qui se sont retrouvés sur une position de classe. Ils pèsent dans le Parti 40% des militants, qui se sont exprimés, lors du vote d’orientation.

Combien d’entre eux seront délégués au congrès, compte-tenu des méthodes de désignation ? Et que feront ces camarades, s’ils sont relégués au rang de faire-valoir d’une future direction poursuivant une ligne opportuniste et peu soucieuse de démocratie ?

La réponse leur appartient.

Il n’en reste pas moins que demeurant au sein du PCF, ou le quittant, les vrais communistes devront se regrouper et agir en commun. Il ne faut pas qu’un nouveau flot de militants s’évapore dans la nature, rejoignant ainsi la vaste armée des communistes déboussolés, éparpillés, dépourvus de voix au chapitre, qui constituent, et de loin, le contingent le plus important de communistes.

Certes, des groupes existent déjà, qui rassemblent nombre de militants voulant poursuivre le combat de classe que leur parti a abandonné. Parmi eux, le Pôle de Rénovation Communiste, structure d’accueil et de lutte révolutionnaire, fidèle au « marxisme-léniniste ». Le Pôle vise, sans exclusive, à promouvoir, avec d’autres, un Parti vraiment communiste.

 

Certes, d’autres forces tentent de constituer de nouveaux partis. Le NPA-LCR, qui bénéficie, à travers son leader Olivier Besancenot, de toutes les attentions des médias de la bourgeoisie, voudrait se substituer à un PCF défaillant. Le Nouveau Parti Anticapitaliste se croit habile en gommant les qualificatifs « communiste » et « révolutionnaire ». Plus grave, ses leaders font l’impasse sur la nocivité de la construction européenne et appelle, comme le PCF, à promouvoir une « Europe sociale ».

Le Parti des Travailleurs se mue, lui, en Parti Ouvrier Indépendant. Seul rameau de l’arbre trotskyste (les « lambertistes »), à faire siennes les idées de « République » et de « Nation », le POI se veut l’adversaire sans concession de toute construction européenne. Pourtant, les origines du PT, ses méthodes d’organisation et de domination, ses liens privilégiés avec la centrale Force Ouvrière, créent, chez beaucoup de communistes, un sentiment de méfiance et de rejet.

Lutte Ouvrière, comme sa porte-parole « Arlette », muets sur l’Europe, tiennent leur originalité dans la constance de leurs prises de position, de leur vocabulaire, qui n’ont pas bougé d’un pouce depuis des décennies.

Le seul élément nouveau de ces dernières semaines, c’est la création par Jean_Luc Mélenchon et Marc Dollez, du Parti de Gauche. Ils ont quitté avec fracas, le Parti socialiste, dont ils constituaient l’aile gauche, avec l’intention de créer un « Die Linke » à la française, à la gauche du PS. Ils se sont inspirés du succès du parti d’outre-Rhin (crédité de 13% d’intentions de votes). Jean-Luc Mélenchon et Marc Dollez, qui s’étaient signalés, en 2005, par leur hostilité active au projet de constitution européenne, ont dénoncé, avec la même âpreté, son succédané, né à Lisbonne. Ces jours derniers, Mélenchon s’est prononcé clairement pour les revendications essentielles des salariés, tel le Smic à 1500 euros nets, tout de suite.

Pourtant, l’initiative du sénateur socialiste suscite l’hostilité dans les rangs des communistes « lutte de classe ». Le fait que Marie-Georges Buffet ait, sans attendre, proposé aux leaders du Parti de gauche de faire liste commune aux élections européennes de juin prochain, laisse planer le doute, aux yeux de certains camarades, sur l’objectif recherché. Ceux-ci craignent l’hypothèse d’une fusion à l’allemande entre sociaux-démocrates (fussent-ils « de gauche ») et le PCF, à l’image de la réunion dans un même parti de l’aile gauche du SPD et des « ex-communistes » du PDS.

S’il s’agissait de cela, naturellement, il faudrait s’opposer à cet objectif. Les communistes (et une perspective révolutionnaire a fortiori), n’ont aucun avenir dans une telle éventualité. D’ailleurs, Jean-Luc Mélenchon s’en défend. Il ne prône que l’action commune, en particulier avec le PCF.

Faut-il rejeter toute proposition d’union pour l’action avec le futur parti de Mélenchon ? Par exemple contre le traité de Lisbonne ? Contre les privatisations du service public ? Pour les revendications sociales des travailleurs ? Contre la fascisation du régime ?

Les propos tenus par certains camarades, se gaussant du « groupuscule » que serait le Parti de Gauche, ou le rejetant pour ses propos sur « l’Europe sociale », ne semblent pas en harmonie avec les efforts constants du PCF d’antan pour réaliser « l’Union du peuple de France ».

Si nous réalisons des ententes avec seulement ceux qui sont d’accord à 100% avec nous, cette union serait des plus réduites…

Il faut bien distinguer entre manœuvres de basse politique, telles que la direction du PCF peut les envisager, et une stratégie de rassemblement, la plus large possible, sur des objectifs concrets sous le contrôle direct des masses.

Des ébauches de liens s’établissent déjà entre les communistes du Pôle, des éléments qui se réclament du gaullisme et le groupe « Valmy » pour développer une action commune contre la construction européenne et ses traités, pour la défense du service public, la souveraineté populaire et l’indépendance nationale.

Ces efforts d’union doivent aller de pair avec le regroupement des communistes, fidèles à leur idéal révolutionnaire, pour que ceux-ci pèsent du plus grand poids dans le large rassemblement souhaité.

C’est même une condition pour que celui-ci réussisse.

 

 

Tag(s) : #Politique
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