Chacun se souvient du "Malade imaginaire" et du diagnostic répété par les vénérables docteurs Diafoirus et autres Purgon. Pour ceux-ci, une seule explication de la nature du mal du patient : "le poumon, toujours le poumon !"
Nos médecins d'aujourd'hui utilisent le même procédé pour traiter "la crise", altération grave, dont souffre notre société.
En choeur, ils nous chantent le remède universel pour en venir à bout. Sans dédaigner la saignée quotidienne (du pouvoir d'achat, médecine dont ils font grand cas), nos bons docteurs de la science économique ont trouvé la potion magique :
"Le Vert !", vous-dis-je,"Mettez-vous au Vert !".
Et de nous expliquer doctement, que "pour n'en voir plus de toutes les couleurs", le seul moyen, c'est d'en adopter une seule, la Verte, couleur d'espérance.
La mode en est lancée. Même des journaux aussi sérieux que Le Monde, en font leur Une. Le quotidien laisse déborder sa joie :
"M.Obama parie sur 'l'économie verte' pour sortir de la crise".
L'éditorial, page 2, titre : "Obama, l'écologiste" et le journaliste, évoquant le programe du nouveau président, écrit, l'eau à la bouche :
"Le casting de cette 'green team' est même alléchant".
Et de préciser :
"Celui-ci (leprogramme) est irréprochable : développer les énergies renouvelables et les technologies "vertes", réduire les émissions de gaz à effet de serre".
Tout le vocabulaire véhiculé quotidiennement par tous les écologistes distingués se retrouve dans l'énumération, y compris les "négociations sur le changement climatique", l'amélioration de "la qualité de l'air et de l'eau" .
On croirait lire du Cohn-Bendit dans le texte !
Le Monde est cependant prudent. Il ne se laisse pas entrainer comme ça dans un lyrisme sans lendemain :
"Son programme, qui marie écologie, économie et géopolitique, réclame du courage".
Et pourquoi pas "du sang et des larmes", pour reprendre l'expression de Churchill, à l'usage de la population britannique, en juin 1940...?
Donc, on ripoline à tour de bras, une couche de Vert ici, une autre là. On ravale en Vert toute notre économie. Le permis de travail, aux USA, est de bonne couleur : la "green card", la "carte verte", est obligatoire pour trouver un emploi.
Tous les partis se mettent au Vert avec une "énergie renouvelable", L'écologie est à la mode : qui oserait y échapper ? C'est la nouvelle panacée universelle. En son nom, nos Diafoirus modernes recommandent une réduction de nos humeurs de consommation. Ils préconisent une réduction de l'estomac des patients, pour limiter l'absorbtion de trop de nourriture, une ablation d'une partie des lobes pulmonaires, pour éviter une trop grande consommation d'air pour réduire le rejet de CO2 dans l'atmosphère, déjà saturée.
Certes, d'autres praticiens, à la pointe du progrès, étudient déjà le moyen de mesurer la quantité d'air respirée par chacun d'entre nous, grâce à un petit compteur portatif miniaturisé, et de pouvoir ainsi lui facturer, à prix d'air, sa dépense quotidienne.
L'air est ausi un marché, qu'il faudrait rendre "libre et non faussé".
Gare aux petits malins qui ne manquent pas d'air !
Des statiticiens de renom considèrent que ce remède ferait économiser des milliards de mètres cubes de ce gaz précieux et menacé. Ils mesurent que, convertis en euros, le profit escompté pour les transnationales du "Gaz puréfié" donnerait un coup d'accélérateur à notre économie anémiée.
La presse et tous les médias ont engagé une campagne de pub pour rendre accessible au grand public, le bien-fondé de cette médecine écologique, qui, seule, peut sauver le monde. Un "Vertléthon" européen est prévu pour sensibiliser l'opinion. En effet, trop d' esprits chagrins, qui ne croient pas, ni à la science, ni au progrès, laissent entendre que ce serait toujours aux mêmes à qui on réduirait la capacité de manger et de respirer. Et de prétendre qu'avec les moyens classiques, employés depuis des siècles, tels les salaires diminués, voire la privation totale de ceux-ci, on obtient les mêmes résultats. Le patient se serre la ceinture sans opération ostentatoire.
Certes, mais raisonner de la sorte c'est refuser d'assumer l'avenir. C'est aussi tarir l'espérance de développement d'activité des cliniques privées, chargées d'opérer la chirurgie écologique stomacale et pulmonaire envisagée. "En dollars, cela mettrait du beurre dans les épinards, sous forme de billets verts", répondent les chirurgiens yankees, toujours à la pointe du progrès.
Une commission d'experts en "écologie chirurgicale" a été mise en place par Nicolas Sarkozy pour étudier la qustion et permettre à l'Assemblée de voter la loi avant le 30 janvier prochain. Le président de la République tient à cette réforme, nécessaire, selon lui, pour lutter contre la crise. Lui, au moins, ne manque pas d'estomac !
Mais certains députés rechignent à entamer cette course contre la montre, à leur "couper le souffle"...
"Justement", répond vertement, le leader de la majorité, "c'est le but recherché".