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Le 25 janvier 2009, la Bolivie a franchi un pas supplémentaire dans le processus démocratique, en cours dans le pays depuis 2005.

Par référendum, initié par Evo Morales, le peuple a ratifié les nouvelles dispositions contenues dans le texte soumis au  vote des citoyens. Les premiers chiffres, non encore définitifs, indiquent que le « oui » l’emporte avec plus de  60% des voix.


"Maintenant, les exclus, ceux qui sont tenus à l'écart, ont les mêmes droits que le reste de la population", a lancé dimanche soir un Morales radieux à la foule rassemblée devant le palais présidentiel de La Paz.
Il annonce "la refondation de la Bolivie" et "la fin de l'Etat colonial (...) grâce à la conscience du peuple bolivien (...) L'époque des immenses exploitations agricoles et des grands propriétaires est terminée", a-t-il ajouté devant une foule joyeuse massée sur la place d'Armes.

La nouvelle Loi fondamentale autorise le président Morales à briguer un second mandat cette année. Elle accorde une meilleure représentation aux Indiens au Congrès et donne un large espace au monde indigène aymara et quechua

Elle devrait en outre renforcer le contrôle étatique de l'économie, après une première vague de nationalisations dans les secteurs énergétique ou des télécoms.

"Le peuple bolivien approuve ce que nous avons réalisé jusqu'à maintenant", a déclaré le chef d'Etat bolivien, le premier d'origine indienne, en avertissant que les changements seraient "irréversibles".

La nouvelle Constitution de la Bolivie  renforce aussi les pouvoirs et prérogatives de l'Etat notamment sur les ressources naturelles, qu'il s'agisse du gaz ou des terres agricoles, en limitant à 5.000 hectares la taille des exploitations.

Cette disposition n'affecte cependant pas les propriétés existantes, comme le prévoyait le projet initial de Morales, combattu avec virulence par les exploitants les plus riches.

Le texte adopté prévoit que l'Etat bolivien se séparera de l'Eglise catholique en devenant "indépendant" des religions, qu'il reconnaît toutes, mais sans statut particulier pour l'une d'entre elles. 
Le recul, tout relatif, du pourcentage obtenu en faveur de la nouvelle Constitution ( 60% au lieu des 67%, lors du renouvellement du mandat présidentiel, en août 2008), serait motivé par les violentes campagnes des Eglises catholique et évangélique. Celles-ci tenaient à  conserver leurs  liens privilégiés avec l'Etat Bolivien. Elles estiment, en outre,  que le texte ouvre la voie à la légalisation de l'avortement et au mariage des homosexuels. Tels ont  été les thèmes d'une campagne, menée avec virulence, par les Eglises.

Le fait que la Contitution nouvelle donne plus de droits à la population indigène, ce qui est inadmissible pour certains, a été  également dénoncé par une minorité blanche et raciste.

Les gouverneurs des régions de Santa Cruz (est), Chuquisaca et Tarija (sud) et Pando au nord avaient appelé à voter "non", car partisans d'une autonomie régionale complète, leur permettant de maintenir à leur profit, l'exploitation des richesses minières.

Aussi Ruben Costas, le puissant gouverneur de Santa Cruz, la capitale économique du pays, a qualifié le projet de Constitution de « totalitariste »...


Les polémiques autour du projet de constitution ont mis la Bolivie, pays le plus pauvre d'Amérique du sud, au bord de la guerre civile en septembre 2008.

Des hommes de main, à la solde des gouverneurs sécessionnistes,  avaient massacré à Pando (nord) au moins 12 paysans, partisans du chef de l'Etat.

Le calme est revenu dans l'ensemble du pays andin après trois années de tensions et de violences entre partisans du président, indiens et population démunie, et opposants de la droite dure, prônant une plus grande autonomie des régions les plus riches, notamment Santa Cruz et Tarija, qui recèlent les grands gisements d'hydrocarbures.


Le référendum a été largement approuvé dans les montagnes de l'ouest du pays, peuplées très majoritairement d'indiens.

Après des siècles de discriminations, ceux-ci voient, dans cette nouvelle constitution, un moyen de renverser les structures traditionnelles du pouvoir, habituellement détenu par les élites, descendant des colons européens ou métisses.

Elle consacre en outre le code moral des Aymara - communauté dont est issu le chef de l'Etat -, "Ne soit pas fainéant, ne ment pas, ne vole pas", qui devient le principe éthique du pays.

Les pratiques spirituelles des Indiens s'en trouvent protégées par la loi : les communautés indigènes obtiennent le droit de poursuivre les criminels conformément aux traditions pré-colombiennes.

Certains responsables politiques seront en outre tenus, dans des circonstances définies, de parler le dialecte indigène.

Le "oui" l'ayant emporté, Evo Morales doit convoquer des élections générales en décembre 2009. Il pourra être élu une seule fois à la présidence pour un nouveau et dernier mandat de cinq ans (2010-2015).

Avec cette révision constitutionnelle, Morales poursuit l'offensive politique de la gauche sud-américaine dans les pas de ses homologues vénézuélien Hugo Chavez et équatorien Rafael Correa.

Ces deux dirigeants, qui s'inscrivent dans une démarche  socialiste ont, eux aussi, fait modifier la charte fondamentale de leur pays pour étendre leur pouvoir, combattre les inégalités ou mieux contrôler les ressources naturelles.

 Ainsi, le camp des pays d'Amérique latine, qui conquièrent leur indépendance économique et leur souveraineté politique, se renforce, mois après mois.
Les Etats-Unis d'Obama devront en tenir compte.

 

 

 

Tag(s) : #Internationalisme
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