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La Mi-Carême, c'est le jour fixé par l'ensemble des centrales syndicales pour appeler les salariés à la riposte : le 19 mars prochain. La date est bien choisie. Elle se situe à mi-chemin de "la période de jeûne et d'abstinence" (selon la définition du Dictionnaire historique de la langue française"), qui s'étend de Mardi Gras à Pâques, durant 46 jours.
En cette période de crise économique et sociale, le "jeûne et l'abstinence", pour des millions de Français, se prolonge et s'accentue sur une bien plus longue période. Mais enfin, les Confédérations ont le sens des commémorations. Choisir le temps liturgique des vaches maigres pour convier les pauvres pénitents à attendre patiemment Pâques et la Trinité, c'est une attitude hautement symbolique de leur ferveur revendicative. C'est ainsi que les syndicats organisent une "grand messe"  trimestrielle pour maintenir le feu sacré de la foi syndicale.
On peut imaginer les frissons ressentis à l'annonce  de chaque procession des saintes Confédérations unies, par le chanoine d'honneur de Saint-Jean de Latran !
Mais attention, en ces temps de "réformes", le rituel peut être bousculé. La foule des fidèles risque de se lasser d'attendre des miracles. Les enfants du Bon Dieu ne veulent plus être pris pour des "canards sauvages" par des chasseurs, qui ne connaissent pas la crise.

Si "l'imagination" n'est pas la vertu essentielle des appareils syndicaux, le menu peuple sait se faire inventif dans ses formes de contestation. Les enseignants, de la Maternelle au Supérieur, les étudiants et les parents ne croient plus aux dogmes édifiés par les puissants pour maintenir les faibles dans leur état de dépendance.
La grève s'amplifie, jour après jour, dans les Universités, entrainant dans son sillage les professeurs, jusqu'ici, les plus dociles, les plus pénêtrés de la pertinence des écrits et des actes  des 200 pieuses Familles, qui gouvernent la France. Et, dans les villes et les quartiers, chaque matin plus nombreux, les maîtres d'école refusent d'enseigner la Sainte Ecriture décidée par le Chanoine-Président. Ils se déclarent en "désobéissance", en "résistance". Ils s'expriment de mille façons dans la rue, dans les trams, parfois tranformés en "amphithéâtres" pour y donner des cours, comme à Bordeaux, dans les écoles où la symbiose s'établit entre parents et enseignants, qui y font des "veillées" ou occupent les locaux administratifs...
Et pendant ce temps-là, les pontes syndicaux CGT, CFDT, FO, CGC, FSU, UNSA (il y a tellement de confréries !) se tapotent le menton pour savoir ce que le Chanoine élyséen va dire dans son prochain sermon.  "Et si on lui faisait peur, en  prévoyant , pour 50 jours plus tard, une "grande journée, bien limitée, un cortège bien encadré, sans débordements ?".
N'est-ce pas le sens et l'esprit des confédérations lorsqu'elles écrivent très poliment  :

"Les syndicats – CGT, CFDT, FO, CFTC, CFE-CGC, FSU, UNSA et Solidaires – considèrent que le "sommet social" du 18 février est "un élément important", mais regrettent que le président de la République maintienne "pour l'essentiel ses orientations", ont indiqué les huit organisations dans une déclaration commune, lue par le secrétaire général de la FSU, Gérard Aschieri.

Parler de "sommet social" comme d'un "élément important", pour qualifier la rencontre du 18 février, n'est-ce pas considérer "que c'est à l'Elysée, que c'est dans les salons" qu'on obtient satisfaction, contrairement aux slogans populaires des périodes anciennes ? "Regretter" que Sarkozy "maintiennent pour l'essentiel ses orientations", n'est-ce pas d'abord reconnaître le Président de la République comme le "Chef suprême", qui peut seul décider du sort de "son peuple", en lui reconnaissant implicitement tous les pouvoirs. Une telle attitude syndicale, au moment où une colère populaire de masse monte dans le pays, alors que dans tous les sondages, Nicolas Sarkozy dévisse à grande allure, ne peut que décevoir les salariés, les retraités, les privés d'emploi, la population dans son ensemble.

Et pourquoi pas agir sans attendre, comme dans l'Enseignement, en inventant toutes formes nouvelles de contestation et de résistance ?
C'est à notre peuple d'en décider lui-même. Souverainement. 
 

Tag(s) : #Lutte de Classe
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