Le 10 février, les élections législatives ont créé un nouveau paysage politique en Israël .
Le parti travailliste s'est effondré, passant de 19 à 13 députés, devenant ainsi la quatrième force du pays, alors que dans les décennies précédentes, il disputait à la droite, la direction de l'Etat hébreu.
Kadima, (mouvement issu d'une scission du Likoud, la droite nationaliste israélienne), dirigeait le gouvernement , présidé par Ehud Olmert et Tzipi Livni depuis trois ans, avec une large participation travailliste. Son leader, Ehud Barak, était son fanatique ministre de la Défense (de la "Guerre", devait-on dire). Kadima constitue la première force de la Knesset, tout en perdant un siège avec 28 députés contre 29 précédemment. Les médias français qualifient ce parti de "centriste" . Il est pourtant responsable de l'aventure militaire au Sud Liban, en 2006, et de l'offensive barbare contre Gaza, en décembre 2008, toutes deux menées avec une sauvagerie et des moyens considérables. Elles se sont soldées par des échecs retentissants face, d'abord au Hezbollah libanais, puis au Hamas palestinien, ensuite. Le Sud-Liban ravagé et la bande de Gaza réduite en cendre n'ont réglé aucun problème. Le peuple palestinien continue de se battre pour un Etat souverain, avec courage et détermination.
C'est, dans ces conditions que s'est déroulé le scrutin du 10 janvier.
La participation active des Travaillistes à cette politique belliciste, aventuriste, et celle-ci ayant échoué, la population israélienne, chauffée à blanc par une propagande ultra sécuritaire, raciste pour l'essentiel, a choisi les partis qui représentaient le mieux ces courants. Même le Likoud ( 27 députés), et son leader Benyamin Nétanyaou, partisans du Grand Israël, se sont faits déborder sur leur droite par le groupe Israël Beitnou (Israël, Notre maison), mené par Avigdor Lieberman, partisan, entre autres, de l'expulsion hors de l'Etat, des citoyens arabes. Les députés de ce parti passent de 11 à 15 sièges et deviennent "incontournables" dans la constitution du nouveau gouvernement. Présenté en France comme le Le Pen d'Israël, il avait participé tout un temps au gouvernement d'Ehud Olmert, aux côtés des travaillistes, sans que cela soit à l'époque critiqué par nos médias. Il est vrai, qu'à l'époque la guerre faisait rage au Liban, et il n'était pas bon en France, de critiquer le gouvernement hébreu...
Il faut noter en outre, le poids persistant, en Israël, des partis religieux ultra orthodoxes, dont le Shass (11 députés), violemment anti-palestiniens.
Le Parti communiste a obtenu 3% et 4 sièges.*
Les partis arabes, eux, totalisent également 11élus. Ils sont totalement marginalisés à la Knesset...et ignorés par les médias français. Ils représentent pourtant 20% de la population !
La situation se présente donc sous un jour sombre quant aux possibilités de paix entre Israël et les Palestiniens.
Les vainqueurs du scrutin du 10 février ne promettent que confrontation et guerre avec les Arabes.
Mais cette perspective ne dépend pas essentiellement des dirigeants bellicistes de l'Etat hébreu.
La résistance héroïque du peuple palestinien, le rôle déterminant du Hamas dans celle-ci, son soutien accru par la population de Cisjordanie au détriment du Fatah, la solidarité internationale, celle "de la rue arabe", en premier, vont compliquer la tâche du futur gouvernement de Tel Aviv.
Et, facteur déterminant, quelle va être la position de la nouvelle administration américaine, dont dépend en très grande partie la survie quotidienne d'Israël ?
La nouvelle orientation, plus ouverte, de la diplomatie du Département d'Etat vis-à-vis de Téhéran, n'a-t-elle pas le souci de réduire l'appui de l'Iran au Hezbollah et au Hamas, afin d'isoler ces deux mouvements, de réduire leur capacité de résistance, face à Israël ?
* Nous publerons demain les chiffres concernant le vote communiste en Israël.