Le peuple guadeloupéen est en grève générale depuis le 20 janvier. Cette lutte est conduite dans l'unité la plus totale par le LKP ( le Liyannaj kont' pwofitasyon ). Le LKP signifie, en langage antillais, "Collectif contre l'exploitation", notion à laquelle il faut ajouter l'idée de "domination". Il réunit syndicats, organisations et mouvements associatifs dans une unité remarquableL'injustice sociale est intimement liée à la domination coloniale. En effet, les "Békés", Blancs descendant des esclaves (1% de la population), accaparent 53% des terres cultivables et reignent en maîtres dans les secteurs industriels et de la grande distribution, qui imposent leurs prix prohibitfs. En outre, les hauts fonctionnaires de l'administration sont des Français de souche. Ceux-ci, compte-tenu du coût de la vie, perçoivent des indemnités complémentaires de "vie chère", représentant une augmentation de 40% de leurs rémunérations.
C'est dans ce contexte que les masses populaires se sont dressées dans un véritable soulèvement social pour défendre d'abord leur pouvoir d'achat. Elles demandent, en premier, une augmentation de 200 euros nets pour les petits salaires, revendication repoussée par les patrons, dans la mesure où cette mesure n'est pas compensée par une réduction de charges équivalente. Ce que le pouvoir élyséen refuse obstinément.
C'est l'impasse totale. Le LKP maintient la pression avec le soutien total de la population. Ainsi, 100.000 manifestants se sont rassemblés sur les 450.000 habitants que compte l'île.
Cela représenterait près de 15 millions de manifestants en France...
Le mouvement a gagné, sur des revendications analogues, la Martinique, où la grève générale paralyse l'activité depuis plus d'une semaine, et devrait s'étendre à la Réunion et à la Guyane.
L'irruption sociale du peuple des Antilles constitue un évènement majeur, non seulement pour l'avenir des départements d'Outre-mer, mais aussi, dans la vie politique française.
En effet, le peuple de France, confronté globalement à la réalité de la crise, doit faire face en métropole comme dans les DOM-TOM, aux bas-salaires, au chômage de masse, à un avenir plus qu'incertain.
Ici comme aux Antilles, une petite minorité de privilégiés (les familles du CAC 40 et les couches économiques, poltiques et médiatiques, qui lui sont proches et solidaires), représente moins de 1% de la population française. En clair, cette caste capitaliste "exploite" et "domine" partout ceux qui vivent de leur travail, ou qui en sont privés. C'est le système qui veut cela. Ses bénéficiaires le nomment "économie de marché" et "libre concurrence".
Alors la question se pose : au-delà de la solidarité de classe qui doit unir par dessus l'Atlantique, les peuples français et antillais, ne serait-il pas temps, en métropole, de construire l'unité dans l'action, de toutes les victimes du Capital ?
Nos revendications ne sont pas différentes :
- 200 euros nets, immédiatement pour tous les petits et moyens salaires, retraites, allocations diverses et minima sociaux,
- contrôle des prix, de la production aux grossistes et à la grande distribution,
Déjà, des professions, celles de l'Enseignement et de la Recherche, en premier lieu, se battent dans l'union la plus large, pour une éducation démocratique de la jeunesse, garante de l'avenir de notre pays. Parallèlement, le mécontentement et la colère montent parmi les travailleurs du public comme du privé, et des couches moyennes. Ensemble, ils l'ont prouvé massivement le 29 janvier dernier.
Une riposte de masse aurait dû être envisagée, dès le lendemain de l'intervention radio-télévisée de Nicolas Sarkozy, véritable provocation vis-à-vis du monde du travail.
Au lieu de cela, les Centrales syndicales n'envisagent une nouvelle mobilisation populaire qu'à la Mi-Carême, à mi-mars ! Et encore, elles acceptent de se prêter à la manoeuvre de retardement du 18 février, organisée par le président de la République !
Et Martine Aubry, au nom du Parti socialiste, dit "craindre la contagion en France", des grèves des Antilles...
Aujourd'hui, dans le climat social actuel, des initiatives d'action, larges et unitaires, doivent être prises "à la base". Tant pis si les Confédérations sont "débordées" par des "Collectifs", comme dans l'Université.
Il est urgent de ne plus attendre.
De même, la solidarité la plus large doit parvenir de la métropole aux peuples des Antilles en lutte. Jusqu'aux années 80, la CGT organisait systématiquement de telles manifestations dans son esprit internationaliste d'alors. Qu'attendent Thibault et le Bureau confédéral pour lancer de telles initiatives ?
Déjà, des appels sont lancés par les syndicats. Comme celui que nous reproduisons, c-dessous, comme exemple :
Syndicat CGT
Centre Hospitalier Spécialisé Le Vinatier
95 Boulevard Pinel 69500 Bron
Vendredi 13 février 2009
Votre lutte, c'est aussi la nôtre !
Les personnels du « Vinatier », en action gréviste ce vendredi 13 février 2009 pour le retrait du « plan Bachelot » et du plan sécuritaire Sarkozy tiennent à faire parvenir tout leur soutien aux salariés de la Guadeloupe, de la Martinique, de la Réunion en grève actuellement, pour certains depuis des semaines.
Vos revendications sont les nôtres et nous vous assurons de notre solidarité.
Vous nous montrez le chemin de la lutte et de l'unité.
Nous sommes directement concernés et nous pensons franchement que le mouvement doit s'étendre en métropole.
Toutes nos salutations fraternelles
Les camarades
et les salariés en lutte
de l'hôpital du « Vinatier »
Par courriel adressé à la GGT de la Guadeloupe, la Section du Cap Corse du PCF a apporté son soutien à la lutte des travailleurs des Antilles.Ce soutien s'étend naturellement aux travailleurs de La Réunion