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Publié
par BANDERA ROSSA

publié dans : pcfcapcorse
communauté : Un PCF de lutte des classes !


Entretien avec Mujammad Nafah,
secrétaire général du Parti Communiste d’Israël


Vendredi 13 février 2009 -

Davidi & Delgado - Mundo Obrero(Journal communiste espagnol)


Ce mois de janvier, le parti communiste d’Israël et son front Hadash (front démocratique pour la paix et l’égalité) furent les seules forces politiques de ce pays qui s’opposèrent au massacre perpétré par les forces armées israéliennes dans la bande de Gaza.

 

Tel-Aviv le 2 janvier 2009 : importante manifestation contre les massacres perpétrés dans la bande de Gaza par l’armée israélienne.

Lamentablement, les « mass média » n’ont pas reflété l’ampleur des protestations contre la guerre à l’intérieur du pays. Une grande manifestation ayant eu lieu dans la ville de Sajnin à l’initiative du Comité Représentatif Supérieur de la population arabo-palestinienne en Israël, une semaine après l’offensive criminelle avec la participation de 130 000 manifestants et celle qui a eu lieu l’autre jour, dans la ville de Tel Aviv, avec 20 000 manifestants, dont plusieurs portaient le drapeau rouge, démontrent l’ampleur de la mobilisation qui ne cessa guère, dans tout ce pays du Moyen-Orient, pendant ces trois semaines.
 

Monde Ouvrier a interviewé le Secrétaire Général du PCI, l’écrivain Mujammad Nafa’h, originaire de l’aile druse de Beit Jan, avec l’objectif de faire connaître les positions des communistes israéliens. L’interview fut réalisée dans les locaux du parti de la ville de Haifa, le dernier jour du mois de janvier, grâce à la collaboration de Efraim Davidi.


 Le Parti Communiste d’Israël commémore cette année son 90ème anniversaire. Antérieurement, depuis la fin des années 40, le Parti Communiste palestinien, fut le berceau des trois organisations : le Parti du Peuple Palestinien et les partis communistes jordanien et israélien.

Le PCI possède une fraction parlementaire de trois députés à la Knesset (le parlement israélien), plusieurs maires, dont celui de la « capitale arabe » d’Israël, la ville de Nazareth où il gouverne depuis 32 ans. Il est également très représenté au sein des syndicats et des étudiants.

Lors des dernières élections municipales de Novembre, le député communiste Dov Khenin obtint 36% des votes dans la ville de Tel-Aviv contre le maire travailliste qui reçut 51% des voix. Le PCI, marxiste-léniniste, est l’unique parti en Israël dans lequel militent sans aucune discrimination Juifs et Arabes, et publie le seul journal quotidien communiste en langue arabe du Moyen-Orient : « El Itijad » ( l’Unité ») et un hedomadaire en hébreu : « Zu Haderej (« le Chemin).» .


Monde Ouvrier
 :
Depuis le 28 Décembre, le Parti Communiste a organisé des manifestations dans tout le pays contre l’agression militaire israélienne sur la Bande de Gaza. Quelle est la position du Parti Communiste Israélien à propos du conflit palestino-israélien ?
 

Mujammad Nafa’h :
Depuis 1947, notre parti revendique la position de « deux Etats pour deux peuples » et soutient le droit à l’autodétermination du peuple palestinien. C’est-à-dire le droit pour les Palestiniens d’avoir un Etat libre et souverain dans les territoires occupés par Israël depuis juin 1967, avec Jérusalem est pour capitale. Nous exigeons également le démantèlement des colonies juives dans ces territoires et la solution de la question des réfugiés palestiniens, conformément aux résolutions des Nations unies.
 

M.O. : Et en ce qui concerne la Cisjordanie et le « mur de la honte » ?
 

M.N. : Israël doit se retirer jusqu’aux lignes prévues par le cessez-le-feu de la guerre de juin 1967 et démanteler le mur, que nous appelons en hébreu et en arabe : « le mur de l’apartheid ».


M.O
. : Comment coordonne-t-on le travail de dénonciation de l’agression du peuple palestinien, dans ce cas à Gaza, avec les mouvements sociaux, pacifistes et universitaires ?
 

M.N. : Premièrement, en essayant d’établir le plus d’alliances possibles, puisqu’il est évident que les communistes ne sont pas les seuls à s’opposer à l’occupation israélienne. Deuxièmement, en essayant de coordonner les manifestations dans les rues, avec des activités politiques de prise de conscience et solidarité « pratique » : envoi de vêtements, d’aliments et d’aide. Le fait qu’on ait arrêté plus de 700 personnes lors des manifestations, de Nazareth et Haifa au nord jusqu’à Beer-Sheva au désert de Negev, montre que de nombreuses personnes ont été touchées par autant de morts et de désastres.

Enfin, en notant que nous agissons en coordination avec les forces de la gauche palestinienne. Traditionnellement avec les communistes palestiniens, mais un jour avant l’attaque, et sachant qu’elle approchait, nous nous sommes réunis dans la ville de Ramallah avec les dirigeants du Front populaire pour la Libération de la Palestine, le Front Démocratique pour la Libération de la Palestine et le Parti du Peuple (communiste) afin d’unir nos efforts. Nous avons délibéré avec eux à nouveau le jour qui a suivi le retrait israélien.
 

M.O. : Comment pourriez-vous expliquer aux étrangers que plus de 70% de la population israélienne soutient ou justifie les attaques militaires à Gaza qui causèrent plus de 1300 morts palestiniens, dont 90% seraient des civils selon certaines organisations humanitaires ?


M.N.
 : Lamentablement, une grande partie de la population israélienne s’est laissée avoir par une propagande officielle fallacieuse qui définit la guerre coloniale qui a eu lieu à Gaza comme une « action d’auto-défense ». La censure et l’auto-censure des médias locaux y ont contribué. Le téléspectateur israélien n’a pas vu dans ses écrans les scènes épouvantables que voyait chaque jour le Madrilène ou le Barcelonais. De plus, l’aventure politique du Hamas et ses provocations répétitives ont également contribué à faire de la population civile du sud d’Israël, majoritairement pauvre, des victimes des missiles qui venaient de Gaza.

Plusieurs fois, nous avons répété que nous soutenions la lutte contre l’occupation, les luttes des masses et la politique des Palestiniens, mais nous condamnons les attaques contre les populations civiles des deux côtés de la frontière. Nous avons répété à nouveau qu’il n’existait pas de solution militaire au problème palestinien, la seule solution passe par la fin de l’occupation et la création d’un Etat palestinien. Ce positionnement nous l’avons déjà exprimé précédemment, pendant et après l’attaque criminelle perpétrée en Janvier dernier.


M.O.
 : En 2003, on a essayé de mettre fin à la vie de l’ancien Secrétaire Général, Issam Majul, en posant une bombe sous sa voiture bien qu’il fut miraculeusement épargné. Pourquoi a-t-on voulu le tuer ? Dans quelle situation vivent les « ennemis » de la politique sioniste dans l’Etat d’Israël ?
 

M.N. : Ce n’est pas un secret que les espaces démocratiques en Israël sont menacés aussi bien par le gouvernement que par des groupes d’extrême-droite, officiellement « hors contrôle » ; en réalité, tout le monde sait qui les contrôle. Pendant les manifestations de ces dernières semaines, plus de 700 personnes ont été arrêtées, et certaines resteront prisonnières jusqu’à leur jugement. Des groupes de droite attaquèrent nos manifestations faisant des blessés, à la vue « amusée » des policiers.

Avec la guerre, une vraie campagne raciste contre la population arabe a vu le jour, sous la direction du parti chauviniste « Israël Beiteinu » (Israël est à nous ) du raciste  Liberman. Il existe un réel danger de montée fasciste de la société israélienne dont les premières victimes seraient la minorité nationale arabo-palestinienne et les secteurs de la gauche conséquente.


M.O. : Avez-vous des contacts avec les Juifs communistes qui vivent en dehors du pays et qui, comme vous, rejettent la politique belliqueuse israélienne contre le peuple palestinien ?
 

M.N. : Notre parti ne se revendique ni « juif » ni « arabe ». C’est un parti de classe qui ne fait pas de distinction ethnique ou religieuse. Nous avons des relations étroites avec des militants et organisations juives progressistes et pacifistes d’Europe, d’Amérique latine, d’Amérique du Nord et d‘Australie.
Le gouvernement israélien, par ses positions colonialistes, tente de galvaniser les communautés juives dans le monde entier, mais il existe de grands secteurs juifs, organisés et individuels, qui se désolidarisent totalement de cette position et combattent même cette politique. Les Juifs ne sont pas tous des sionistes, que ce soit dans le monde ou en Israël.


M.O. : Quelle relation avez-vous avec les partis communistes de Palestine, de Syrie, d’Irak, d’Egypte, de Turquie, du Liban et de Jordanie ?


M.N. : Notre parti maintient des relations étroites et régulières avec les partis communistes et ouvriers du Moyen Orient. Fondamentalement avec les communistes palestiniens, avec qui nous collaborons étroitement depuis le début de l’occupation en 1967, apportant tout type d’aide matérielle et politique. Il ne faut pas oublier que le soutien à la lutte pour l’autodétermination du peuple palestinien est un devoir internationaliste des communistes israéliens.

Nous entretenons également des relations avec le parti Tudeh iranien et l’année dernière nous avons publié une déclaration commune des communistes des Etats-Unis, de l’Iran et d’Israël avertissant qu’une attaque de l’Iran entraînerait une tragédie des plus hautes conséquences dans la région. Les communistes du Moyen Orient se réunissent au moins une fois par an.


M.O. : Quels sont les objectifs cachés du gouvernement derrière cette attaque de Gaza et quel rapport y a-t-il entre cette démonstration de force et les prochaines élections générales israéliennes de Février ?


M.N. : Le gouvernement israélien tente d’asséner un coup au Hamas, mais tout ce qu’il a réussi à faire c’est de transformer tous les Palestiniens de Gaza, particulièrement les civils, en victimes.

L’objectif est clair : creuser la division (qui est à plaindre) existante entre les fractions majoritaires palestiniennes afin de laisser de côté la création d’un Etat indépendant. Dans les partis gouvernementaux de Kadima et celui des travaillistes, certains pensaient que la guerre coloniale apporterait un certain intérêt politique pour les prochaines élections. Mais les seuls bénéficiaires ont été les partis de l’extrême droite raciste.


M.O. : Quels sont les principaux points de votre programme avant les élections ?


M.N. : Lorsque nous avons commencé la campagne électorale parlementaire, une fois les élections municipales de novembre 2008 terminées, nous pensions que nous pourrions exposer un programme que nous qualifierions de « contre-courant » : anti-capitaliste, anti-occupation, anti-privatisation, anti-globalisation, anti-raciste et pour les droits des travailleurs et travailleuses, pour l’égalité de la population arabe d’Israël, pour un climat sain, pour les droits des homosexuels et des lesbiennes. Nous avons appelé ce programme « un nouvel agenda socialiste » pour Israël. Mais avec la guerre criminelle de janvier et ses terribles conséquences nous avons dû abandonner nos plans et investir toutes nos ressources humaines, qui sont nombreuses, et matérielles, qui sont maigres, dans la lutte contre la guerre et ses conséquences internes : particulièrement le racisme et le fascisme.

De toute façon, il est clair pour nous que le capitalisme engendre l’occupation, l’oppression et le racisme. Et face à la crise capitaliste internationale, qui frappent déjà fortement les travailleurs israéliens, le prochain gouvernement qui sera élu jouira d’une courte période au pouvoir. Ce sera le produit des crises multiples qui poursuivent Israël : la crise de l’occupation, la crise capitaliste, la crise politique avec ses corruptions et subornations, la crise idéologique du sionisme. Toutes ces situations apporteront une nouvelle ère de luttes sociales et luttes des classes et de nouvelles résistances à l’occupation. De nombreux jeunes regardent vers le Parti Communiste et comprennent que nous frayons un chemin et un choix réel face à la crise et aux crises multiples. Nous sommes très inquiets pour le présent, mais nous assumons avec fermeté notre engagement pour le futur. Ce sera un futur de paix et de justice sociale.

par BANDERA ROSSA publié dans : pcfcapcorse communauté : Un PCF de lutte des classes !
Tag(s) : #Internationalisme
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