Les multiples initiatives d'action, propulsées par la "base"depuis ces derniers mois, sont devenues un sujet de réflexion et d'étude pour les grands médias. Ce phénomène nouveau a conduit France Inter à s'interroger, deux jours durant, sur sa signification, son audience et son avenir.
De quoi s'agit-il ?
Nés dans la vague contestataire, qui déferle dans l'Education nationale depuis le début de l'année, ces mouvements, issus de l'imagination des personnels concernés, ont pris des formes diverses. Les "collectifs" ont fleuri, tels ceux de "Sauvons l'Université" ou "Sauvons la recherche". Ils regroupent, à côté des syndicats, ou en les incluant - et jamais contre eux - des représentants d'une profession en lutte pour ses objectifs propres. Ces "collectifs" réunissent en leur sein un spectre très large de sensibilités, qui, jusqu'alors, n'avaient jamais coopéré. . L'exemple de "Sauvons l'Université" est éloquent à cet égard. Parmi ses membres, se côtoient aussi bien des personnalités engagées dans la contestation syndicale comme le Snes-Sup, des militants d'extrême-gauche que des professeurs de la faculté de Droit, réputés conservateurs, de Paris-Dauphine, dont les choix ultralibéraux sont connus, ou encore d'Assas, renommée pour ses affinités avec la droite extrême. Et, chose nouvelle, aux côtés des professeurs se retrouvent les étudiants et le personnel administratif des Universités.
De tels "collectifs" sont apparus dans d'autres secteurs d'activité : dans les professions judiciaires, de la santé, de la culture, par exemple.
A tel point, que les divers collectifs se regroupent naturellement dans "L'Appel desAppels".
Mais les nouvelles formes d'action collectives ne se limitent pas aux "collectifs".
Dans l'Education nationale, en particulier, l'imagination fait foisonner les intiatives : refus d'obtempérer aux oukases de la hierarchie, affirmations de "désobéissance" et de "résistance" de la part 'd'instits' et de "profs" qui disent non réformes décrêtées par le pouvoir sarkozien. Ce refus d'accepter l'ordre établi s'exprime aussi par des occupations d'écoles pour y discuter collectivement avec les parents d'élèves, des problèmes qui posent question, de cours donnés en public, dans des bus, des gares, dans un lieu citadin, pour pallier les inconvénients des grèves.
La dernière initiative mise en pratique, c'est ce que les intéressés appellent les "rondes des obstinés". Une cinquantaine de personnes participent à "une ronde" publique pendant une demi-heure, relayée jour et nuit . Cette forme d'action, le cercle, veut signifier l'égalité des participants, sans "tête" pensante et sans fin, La première démonstration de cette contestation "visuelle" a été initiée par les enseignants et étudiants sur la place de l'Hôtel de Ville de Paris. Elle s'étend à d'autres villes de France.
A ces manifestations d'un genre nouveau où la créativité et le spectaculaire leur fournit l'audience recherchée, d'autres formes d'expression du mécontement populaire se développent grâce à internet. Les blogs, les sites se multiplient. Les informations et les prises de position qu'ils diffusent se reproduisent à l'infini, permettent un débat permanent de masse, ouvert à des couches de la population, jusqu'à là, exclues de l'univers médiatique. Ces échanges par internet sont qualfiés par les spécialistes, de communications "horizontales", opposées aux communications "verticales", celles qui "tombent d'en haut", celles qui émanent de la radio, de la télé, des journaux. C'était, jusqu'à ces dernières années, le vecteur unique de la pensée dominante, assénée "hierarchiqement", sans contrepartie, sur les masses.
Ce schéma est mis à mal par la multiplication des initiatives individuelles et collectives, tendant, par le biais d'internet, d'intervenir, presqu'en temps réel, dans l'information et le débat que celle-ci provoque. C'est une révolution qui s'amorce dans le champ médiatique : la contestation permanente de la pensée unique.
Il faut développer systématiquement cette arme dans le combat révolutionnaire qui est le nôtre.
Avec 40 ans de retard, et grâve aux progrès de la technique, "l'imagination" serait-elle en train de prendre "le pouvoir" ?