| Rue89 | 29/03/2009 | 20H57
Parfois, le président Nicolas Sarkozy massacre la langue française. Le week-end dernier, Le Parisien a publié un petit best-of de ses dernières trouvailles syntaxiques.
Par exemple, défendant le bouclier fiscal devant des ouvriers d’Alstom, dans le Doubs :
« Si y en a que ça les démange d’augmenter les impôts… »
Ou alors parlant des études des élites :
« On se demande c’est à quoi ça leur a servi ? »
Plus couramment, il ampute la moitié des négations, comme dans :
« J’ai pas été élu pour augmenter les impôts. »
Or que se passe-t-il quand Nicolas Sarkozy est publié ? Son français est corrigé.
Quand Nicolas Sarkozy dit « j’ai pas été élu pour augmenter les impôts », Le Monde corrige en « je n’ai pas été élu ».
Puis « s'il y en a que ça démange d'augmenter les impôts » (Le Monde n’est quand même pas allé jusqu’à écrire « que cela démange »), La Tribune et Le Figaro remettent aussi le Président en français dans le texte.
On pourra se dire que c’est l’usage de repeigner du français oral pour qu’il soit lisible à l’écrit. Parfois, quand un bout de phrase est trop incompréhensible, le journaliste peut s'en sortir d’un recours au style indirect.
Tiens, par exemple à Rue89, pour présenter la vidéo de cet épisode, on écrit « Sarkozy se demande à quoi servent les études » plutôt que « Sarkozy se demande “c’est à quoi ça leur a servi” ».
Mais n’y a-t-il pas deux poids, deux mesures ? Quand c’est la vraie France qui parle, la presse tend à laisser des vrais grumeaux d'authenticité, voire des « sic » attestant d'un article contenant des vrais morceaux de terroir.
Il y aurait une autre raison à reproduire les mots de Nicolas Sarkozy tels quels. Après tout, l’anglais écorché de George Bush en disait long sur son discours anti-élite, sur la façon dont ce fils de président, petit-fils de sénateur, avait voulu se réinventer en brave gars texan.
On peut aussi penser que Sarkozy bouscule la syntaxe pour jouer le type ordinaire. L’écrire tel quel, ce serait en rendre compte. C’est d'ailleurs ce que fait Jean Veronis sur son blog, quand il explique que Sarkozy marque un retour au parler popu, bien qu’il ait grandi dans des beaux quartiers :
« M’enfin, m’ame Chabot ! »,
« les Français, s’y voulaient pas que j’réforme, y fallait pas qu’y votent pour moi ! »