Le Documentaire sur les Einsatzgruppen
sera diffusé sur France 2
les 16 et 23 avril de 22h55 à 0h25
Réalisateur Michël Prazan
L'opinion de Jean-Marie Chauvier
J’ose à peine le signaler. « Le Monde » croit bon d’annoncer une émission (une de plus ?) sur la « Shoah ». Et je devine déjà les commentaires explicites ou non : « Encore la Shoah ! Encore ces horreurs nazies ! Y en a marre de cette propagande sioniste ! »….
Je comprends que l’exploitation politique de « l’industrie de l’holocauste » provoque des allergies. Y compris voire surtout « à gauche »…
Mais l’émission annoncée est tout de même sans précédent. Le sujet est connu et peu connu. Méconnu et débattu.
Les crimes de masse des « Einsatzgruppen SS » (groupes d’intervention ou unités mobiles de tuerie) perpétrés en territoires soviétiques occupés dès l’invasion de l’URSS le 22 juin 1941 ont été largement évoqués au procès de Nüremberg en 1946. Mais, depuis l’ouverture, en 1991, des archives et des frontières de l’ex-URSS, on en sait beaucoup plus.
Des historiens, notamment allemands, ont revisité cette Histoire d’exterminations de communistes, de soldats soviétiques, de juifs, de tsyganes, d’ « Untermenschen » slaves biélorusses (des centaines de villages brûlés avec leurs habitants en Biélorussie, en Ukraine, en Russie). Une équipe catholique (du père Dubois) explore des charniers inconnus de ce qu’on commence à appeler « la Shoah par balles ». Autrement dit, l’extermination des juifs par fusillades – avant et à côté de ce qui s’est passé dans les camps d’extermination. Par centaines de milliers. En effet : on réduit souvent le génocide au gazage commencé au printemps 1942. Or, le génocide a bien commencé au début de la guerre contre le « judéo-bolchévisme », dès l’été 1941. On nous annonce des documents exceptionnels, du jamais vu. Alors, cela mérite peut-être notre attention…
Personnellement, je serais particulièrement attentif aux aspects suivants:
- La mise en contexte historique : la guerre nazie d’anéantissement de l’URSS, ses objectifs explicites. De plus en plus souvent négligés au profit d’une vision a-historique de la « Shoah », sacralisée.
- Le fait d’évoquer ou non les victimes non juives de ces massacres, tout en sachant que, dans la foulée des actions des Einsatzgruppen commence, en juillet-août 1941, le judéocide proprement dit.
- Le fait ou non d’évoquer la participation active des mouvements et légions nationalistes et SS baltes et ukrainiennes, principalement, dont sont certains « vétérans » sont aujourd’hui réhabilités officiellement dans ces pays. Or, il y a occultation systématique de ces faits dans nos médias et dans la plupart des ouvrages parus sur l’Ukraine en France ces dernières années.
- Je suis donc curieux de savoir si le documentaire de France 2 – LE PREMIER DU GENRE à ma connaissance – servira à établir la vérité sur ce point.
Jean-Marie Chauvier
Le Documentaire sur les Einsatzgruppen
sera donc diffusé sur France 2
les 16 et 23 avril de 22h55 à 0h25
Réalisateur Michël Prazan
Concernant les historiens allemands récemment publiés mais peu ou pas connus (traduits) en France, je pense tout spécialement à :
Dieter Pohl, sur les exterminations et la participation des nationalistes locaux en Ukraine occidentale. (Galicie)
Christian Gerlach, sur l’extermination par la faim et la fusillade des prisonniers soviétiques dans les premiers mois de l’occupation.
Ralf Ogerreck, sur l’action des Ensatzgruppen. (cf ci-après)
Ralf Ogorreck
Les Einsatzgruppen
Les groupes d’intervention et la « genèse de la solution finale »
Metropol Verlag, Berlin 1996 (ed allemande)
Mémorial de la Shoah. Calmann-Lévy 2007
L’ouvrage est l’un des rares « nouveaux historiens » allemands de la guerre d’extermination nazie à l’Est à avoir été traduit et édité en France.
L’objectif de l’opération Barbarossa- nom de code de l’invasion hitlérienne de l’URSS le 22 juin 1941- et celui assigné aux Einsatzgruppen (groupes d’action, unités mobiles de tueries) consiste en la destruction du régime soviétique et de ses cadres, communistes, commissaires de l’Armée Rouge et fonctionnaires de l’appareil, généralement qualifiés de « judéo-bolchéviques ».
Communistes et juifs sont en effet assimilés, le bolchévisme étant considéré par Hitler comme de racine juive.
L’une des questions traitées par Ogerreck (et bien d’autres) est de savoir à quel moment, au terme de quelles décisions, on passe de l’élimination des communistes, commissaires et juifs en tant qu’agents de l’état soviétique à l’extermination des juifs en tant que tels, marquant ainsi le début du génocide proprement dit.
Selon les avis et les sources, ce « basculement » se situe entre juillet et août 1941, et certains ordres sont bien antérieurs.
Ce qui enlève du reste un argument selon lequel le génocide aurait été « décidé » à Wansee en janvier 1942 et-ou précipité par la première défaite de la Wehrmacht aux portes de Moscou – qui intervient le 2 décembre 1941.
Ralf Ogorreck verse au dossier une enquête extrêmement pointue.
JM Ch