Hier matin, les médias unanimes, de Libération au Figaro, en passant par France Inter et les chaines de télé, n’ont pas eu de mots assez durs pour stigmatiser le président de l’Iran, Mahmoud Ahmadinejad et les propos qu’il a tenus à Genève, au premier jour de la Conférence organisée par les Nations Unies sur le racisme. Le quotidien du banquier Rothschild, qui se dit de « gauche », comme le quotidien de droite, qui joue le rôle de Journal Officiel du pouvoir, les journalistes de la radio publique, Bernard Guetta comme Françoise Dubois, et jusqu’à Nicolas Sarkozy lui-même, tous se disent indignés par ce qu’ils appellent une violente attaque antisémite, attribuée au président iranien.
De quoi s’agit-il ?
Mahmoud Ahmadinejad a déclaré :
« Après la Seconde Guerre mondiale, ils (les Occidentaux) ont eu recours à l'agression militaire pour faire d'un peuple entier des sans abri sous le prétexte de la souffrance des juifs. Ils ont envoyé des migrants d'Europe, des Etats-Unis et d'autres régions du monde pour construire un Etat totalement raciste dans la Palestine occupée. En fait (...), ils ont aidé à porter au pouvoir le régime raciste le plus cruel et le plus répressif en Palestine (…) Il est d'autant plus regrettable qu'un certain nombre de gouvernements occidentaux et les Etats-Unis se soient engagés à défendre ces auteurs racistes de génocide, alors que les peuples du monde lucides, conscients et libres d'esprit, condamnent l'agression, les brutalités et les bombardements des civils de Gaza. »
Ces propos sont-ils contraires à la vérité ?
Qualifier l’Etat d’Israël de « totalement raciste » est considéré, en Europe et aux Etats-Unis, comme une injure inqualifiable. Pourtant, ce terme convient parfaitement à un régime qui se prévaut du "sionisme" et pratique la discrimination basée sur l’origine de ses citoyens. Certes, les Palestiniens qui vivent en Israël sont considérés comme des « citoyens » de cet Etat. Mais des citoyens de seconde zone : ils n’effectuent pas de service militaire, ils ne sont pas admis dans la police, leur salaire et leur qualification professionnelle sont très inférieurs à ceux des citoyens d’origine juive.
Dans les territoires occupés, les Palestiniens sont en butte à une répression permanente. 10.000 d’entre eux sont en prison, soit 7% de la population arabe (ce qui représenterait 4,5 millions de Français, pour notre pays…).
De plus, Israël se nomme lui-même « l’Etat hébreu », ce qui exprime bien l’apartheid de fait, établi par les dirigeants de cet Etat.
Benjamin Netanyahu, l’actuel Premier ministre, et nombre de dirigeants utilisent ce vocable. Ils ne se privent pas de répéter que leur choix est de faire d’Israël un Etat purement Juif. La classe politique se revendique, très majoritairement, du "sionisme".
La politique menée depuis soixante ans par les gouvernements successifs de Tel Aviv vise à agrandir sans cesse l’espace d’Israël au détriment des terres séculairement arabes. Dès 1948, par des massacres et l’intimidation, les autorités de l’Etat hébreu ont chassé systématiquement les Palestiniens hors de leur pays, les contraignant, par millions, à s’expatrier en Jordanie et au Liban, où ils continuent de vivre, depuis des décennies, dans des immenses bidonvilles.
Israël a poursuivi cet objectif par la guerre en 1967 et en 1973.
Aujourd’hui encore, de nouvelles et nombreuses « colonies israéliennes » sont quotidiennement implantées dans les territoires occupés, Ceux-ci sont isolés d’Israël par un mur de séparation, un mur de la honte, coupant toutes communications entre villes et villages arabes. Toutes ces mesures sont prises en contradiction totale avec les résolutions adoptées par l’ONU, résolutions qui restent lettre morte du fait du veto opposé par l’administration américaine, en permanence, solidaire d’Israël.
L’évacuation de la bande de Gaza par les Israéliens en 2006, n’est, en aucune mesure, un abandon d’une terre juive par les autorités de Tel Aviv. Il s’agit d’un territoire égyptien, pris par Israël, après « la guerre des six jours ». Gaza « libéré » n’est qu’un « bantoustan » soumis à un blocus des plus rigoureux, transformé en un immense « camp de concentration à ciel ouvert ».où croupissent 1.400.000 Palestiniens, privés de tout. La dernière offensive des forces israéliennes, en décembre et janvier derniers, a tenté, sans succès, de casser la résistance du Hamas, le parti palestinien au pouvoir dans la bande de Gaza. Utilisant d’une manière massive des armes interdites, l’armée de Tel Aviv a laissé la bande de Gaza exsangue, des ruines immenses et plus de 1500 cadavres civils palestiniens.
Ce rapide bilan de la politique suivie depuis toujours par les gouvernements d’Israël ne donne-t-il pas raison aux déclarations du président iranien ?
Pourquoi s’en offusquer et prendre des mines de vierge effarouchée ?
Lorsque le régime d’apartheid était appliqué en Afrique du Sud, cet Etat était qualifié de « raciste » par l’opinion publique française (sauf par la droite, bien sûr). Il n’était pas question, à l’époque, de qualifier de « racistes anti-blancs », ceux qui, dans le monde entier, dénonçaient le régime d’apartheid et se déclaraient solidaires de la lutte des noirs. Ils n’étaient pas non plus accusés de vouloir détruire l’Etat qui les opprimait.
Soweto était alors le symbole de la résistance noire, comme, aujourd’hui, Gaza est celui de la résistance palestinienne.
Des sanctions économiques internationales frappaient l’Afrique du Sud.
Pourquoi de telles mesures ne sont-elles pas appliquées à l’encontre de l’Etat d’Israël, dont, il faut le rappeler, les gouvernements successifs appuyaient la politique d’apartheid imposée par Pretoria.
Pourquoi faut-il que l’Etat hébreu soit toujours et en toutes circonstances, « au-dessus de tout soupçon » ?