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LE TEMPS EST DONC VENU D'ORGANISER 
DANS CHAQUE  SYNDICAT,
LA DISCUSSION ENTRE LES SYNDIQUES DE LA CGT,
EN LIEN AVEC  LES SALARIES,
SUR L'ORIENTATION DE LA CONFEDERATION.

"canempechepasnicolas" veut participer à ce débat en apportant  son point de vue pour nourrir la discussion au sein du blog.

La direction confédérale a publié, en août, un document préparatoire sur les modifications des ses structures qu’elle se propose de mettre en place. Ce document montre clairement que l’outil syndical ainsi envisagé ne serait que le « logiciel » nécessaire à la politique d’accompagnement du capitalisme globalisé, qui constitue l’orientation de la direction confédérale.

L’analyse que nous avons faite du document s’est voulue délibérément objective. Elle reprend les termes mêmes employés dans le texte. Nous avons voulu exclure tout élément de diatribe qui n’ajouterait rien à la compréhension des objectifs des dirigeants actuels de la CGT.

Les propositions ainsi énoncées parlent d’elles mêmes.

 

 

DOCUMENT CONFEDERAL

SUR LES STRUCTURES

DE LA CGT

 

 

Le document, s’appuyant sur l’évolution du capital mondialisé et ses conséquences sur le salariat, s’efforce de modifier les structures de la CGT.

 

Le but est de briser le principe du fédéralisme syndical, c’est-à-dire l’indépendance des organisations confédérées, leur droit absolu de définir les revendications, les moyens d’action pour les faire aboutir, leur mode de fonctionnement.

 

Ce principe est à la base de la CGT depuis sa création en 1895.

 

La direction confédérale voudrait revenir sur ce compromis historique au profit du renforcement du rôle dirigeant des organismes confédéraux.

L’opération engagée depuis des années, à partir de l’informatisation centralisée des cotisations vise à réaliser cet objectif.

 

Le document soumis aux syndicats et aux syndiqués veut élargir cette brèche en modifiant fondamentalement les rapports entre le « centre » et les organisations périphériques et le rôle dévolu à chacune de ces dernières.

 

Le premier objectif concerne les syndicats d’entreprise. Ceux-ci, selon le texte confédéral,  ne répondent plus au nouveau paysage patronal. L’externalisation de nombre de ses activités au profit de filiales ou de leur cession à de grands groupes chargés de gérer nombre d’activités particulières - maintenance, informatique, nettoyage, formation, paye – conduit à une cohabitation de salariés qui, sans changer d’emploi, appartiennent à des entreprises multiples, avec un contrat ou un statut modifié.

 

Pour la confédération, cette révolution interne change radicalement les rapports sociaux dans l’entreprise et rend obsolète de nombreux syndicats d’entreprises.

 

Cette nouvelle stratégie oblitère le fait que c’est à l’entreprise que s’exerce d’une manière ouverte et visible l’exploitation des salariés par une direction patronale expressément désignée, ses profits précisément répertoriés, d’où la clarté de la lutte de classe qui s’y mène au quotidien.

 

Face à ces divers patrons, avec des rapports de force inégaux, le mouvement syndical aura plus de difficulté à impulser le combat permanent contre des directions différentes, éclatées, aux stratégies salariales et entrepreneuriales diverses.

 

Le texte s’interroge sur le bien fondé des syndicats catégoriels, ceux des ICT par exemple, qui ne permettent pas de présenter une CGT unie, toutes catégories confondues. Et de reprocher à certains syndicats ICT d’être d’abord membres de l’UGICT, avant d’être une organisation CGT.

 

De même, la place et l’organisation des privés d’emplois. Selon le document, il n’est pas bon de leur donner des structures syndicales spécifiques n’ayant pas d’identités professionnelles propres. La commission propose donc que la prise en charge des privés d’emplois soit du ressort du syndicat territorial.

 

La commission analyse donc les compétences des différentes organisations qui composent  la confédération pour en définir leur champ d’activité.

 

C’est le syndicat qui demeure la base de l’organisation confédérale. Mais des syndicats de nature modifiée. Aussi, les syndicats nationaux tels qu’on les retrouve dans la fonction publique sont critiqués car ces structures verticales les mettraient hors du champ territorial de base, sans liens avec les autres salariés.

 

Sous le titre « la fabrication des territoires », le document revient une fois de plus sur l’idée que « l’entreprise est devenue une entité trop instable pour asseoir un lien durable entre la CGT et ceux qu’elle ambitionne de représenter » et réfléchit sur la notion de territoire : construction nullement donnée par la géographie : « le territoire doit être pensé comme le cadre de bassins d’emplois locaux, départementaux et régionaux » au-delà souvent « des frontières départementales, en considérant des retards pris par l’organisation syndicale ».

 

Il n’y a pas pour lui, de « structuration légitime »…Aujourd’hui, "le syndicat d’entreprise est la référence canonique. Nous suggérons qu’il ne soit qu’une forme parmi d’autres ».

 

Diversifier les « formes de syndicats » propose le texte. Et de prendre en exemple le commerce où se créent des syndicats de sites ou de centres commerciaux. Mais il existe déjà dans l’industrie aussi des « sites nucléaires » ou «des sites métallurgiques » ou des « syndicats multiprofessionnels »

 

Dès lors, le territoire devient un lieu décisif parce que c’est dans « un rapport de proximité que peut se définir la meilleure adéquation structurelle, la définition optimale du syndicat ».

 

Le document tente de définir son « périmètre » pour remplir « plusieurs fonctions » :


-  
       Elaborer avec les salariés les revendications dans toutes leurs dimensions (professionnelles, locales, interpro)

-         Animer les négociations (démocratie, consultation, action)

-         Mettre en œuvre la démocratie syndicale

-         Construire et faire vivre les orientations de la CGT

-         Participer et être acteur de la réussite des initiatives de mobilisations pro et interpro

 

De même, le rôle des UL est passé au crible.

 

Certaines, selon la commission, ne regroupent que des « syndiqués isolés ». Elles ne seraient que des « voitures-balais » ; d’autres jouent le rôle dévolu au syndicat territorial.

Pourquoi, demande le document, ne pas en faire de véritables syndicats multiprofessionnels ?

Pour les UL qui existent ou qui sont à créer, leur rôle serait « le conseil et  l’assistance aux salariés sur tout ce qui touche à leurs droits collectifs bien sûr, mais aussi à l’individualisation de leur contrat de travail et au bénéfice personnel de leurs droits sociaux… Ce type de service aux salariés serait une version moderne et plus diversifiée de ce qu’ont été et sont encore les permanences juridiques ».

 

Nulle part, dans le texte, il n’est question de coordination et d’impulsion des luttes sur le plan local.

Par contre, il est préconisé aux UL de multiplier les « points de contacts » et les « lieux d’accueil » pour bien effectuer l’aide à la personne, au syndiqué, au salarié.

 

Pour toutes ces tâches, "pas besoin de dispositifs statutaires trop lourds avec congrès, conseils, bureaux, financements…"

 

La commission invite également à réfléchir sur « les champs fédéraux et identités professionnelles ».

Ils sont aujourd’hui héritiers pour certaines fédérations des « conventions collectives », pour d’autres de « statuts ».

Mais pour la Confédération, les choses ont bougé.

Pourtant, la « tendance largement partagée à se sentir propriétaires des adhérents ne facilite pas les évaluations qui pourraient conduire à une meilleure organisation des forces ».

Et de regretter « qu’aucune instance dans la CGT ne peut proposer ou arbitrer des questions de frontières professionnelles » contrairement au syndicalisme britannique ou allemand.

Il faut donc ouvrir un chantier pour « un réagencement  de grande envergure » du champ professionnel actuel des FD en prenant en compte « les besoins, les segmentations professionnelles pertinentes, les articulations avec les territoires » avec un examen de l’évolution des conventions collectives, « liées sur l’évolution des règles de représentativité qui font obligation de définir des regroupements de branches pertinents pour agréger  les résultats électoraux des scrutins d’entreprises et définir une représentation de branche » ( ?)

Est posée la question des attributions d’un champ fédéral en évitant « l’effet forteresse », ayant « l’illusion de fonctionner en vase clos ».

Et de suggérer « entre six et dix champs stratégiques". Par exemple, un champ « commerce », un champ « industrie », « transport », « service à la personne » incluant les services de santé, d’assistance sociale et de recherches d’emploi, un champ « financier », « communication », « services publics » : le champ pouvant être ouvert à plusieurs fédérations.

 

Le rôle des unions départementales est, lui aussi repensé :

 

« L’union départementale doit rester un échelon de proximité assurant le suivi et la responsabilité de tout ce qui relève de la vie syndicale : la formation syndicale, les plans de développement et la syndicalisation, le suivi des délégués syndicaux et des élections professionnelles, l’aide aux UL et aux syndicats.

En matière d’action revendicative, l’UD joue un rôle important d’articulation entre la région, les syndicats et les bassins d’emploi ».

 

La région quant à elle « doit devenir un lieu privilégié de croisement entre champs professionnels et les territoires (UD et UL) sur les dimensions revendicatives et économiques ».

 

A nouveau, dans le champ d’activité des UD, des FD et des régions, il n’est pas question de l’organisation, de l’impulsion et de la coordination des luttes.

 

La commission rappelle enfin « les enjeux centraux aujourd’hui pour notre syndicalisme » :

 

« L’articulation entre droits individuels des salariés et droits collectifs susceptibles de les garantir est devenue une question cruciale qui conditionne tout l’avenir du mouvement syndical et, dès aujourd’hui, appelle des structures appropriées ».

 

Dans ce cadre, « le développement d’une individualité sociale, dans une société solidaire offrirait beaucoup de chances à chacun de conduire, où il le souhaite, l’aventure singulière de sa propre vie C’est pourquoi l’objectif d’une sécurité sociale professionnelle n’est pas seulement une protection contre l’instabilité de l’emploi mais aussi l’instrument de cette liberté individuelle permettant de faire des choix dans l’évolution de la carrière professionnelle et de les réussir ».

 « Cela appelle bien sûr un rapport de forces concret à construire, mais aussi un suivi de l’application des accords conclus et surtout une aide syndicale sous forme de conseils et d’assistance à toute personne qui le souhaite ».

 

La commission invite enfin à réfléchir sur le rôle de la Confédération :

 

« Il faut dépasser cette césure marquée par une conception de fédéralisme qui fait prévaloir l’autonomie des organisations su la mise en commun ».
« Cela devrait nous amener à revoir le rôle du CCN et lui donner un contenu plus marqué en terme de mise en commun. Trop d’organisations viennent aujourd’hui au CCN avec le souci de marquer leur territoire, dans un rapport de relative extériorité aux décisions prises 
».

 

 

 

Ce texte répond donc, sur le plan organisationnel, aux objectifs de ce « syndicalisme rassemblé », prôné par la direction confédérale. L’action syndicale se réduit essentiellement à « l’aide à la personne », à l’information sur les droits juridiques des salariés, à la négociation entre « partenaires sociaux », dans le cadre des lois  (capitalistes) existantes. Les structures proposées visent à réduire la capacité de lutte des travailleurs : le rôle des UD comme des UL est considérablement réduit dans le champ revendicatif : les propositions confédérales leur retirent toute initiative dans l’impulsion des luttes et leur nécessaire coordination. La méfiance clairement exposée vis-à-vis des syndicats d’entreprise, des syndicats nationaux, exprime l’orientation des dirigeants actuels de la CGT : l’abandon de  la notion de lutte de classe, le rejet de tout affrontement global contre le patronat et son pouvoir, la perspective à long terme d’œuvrer dans le cadre de la société capitaliste, de sa « loi du marché », jamais remise en cause.

N’est-ce pas là l’alignement sur l’idéologie  « européenne », celle de la CES, machine de guerre anti-sociale de l’Union européenne ?

Pour ancrer la CGT dans cette voie, sa direction actuelle vise à réduire en son sein toute structure où s’exprime naturellement la lutte de classe, et à imposer, dans les futurs statuts confédéraux, la suprématie du « centre », au détriment des syndicats.

C’est ainsi qu’il faut analyser le document sur les structures.

Pour rejeter les « réformes » proposées.

A tous nos amis, syndiqués à la CGT, de peser dans le débat qui s’ouvre.
Et, en premier lieu, imposer la discussion  dans leur organisation.

Tag(s) : #Lutte de Classe
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