« Démocratie » ou « Dictature » : l’heure du bilan
Et pourquoi ne pas, à notre tour, établir le bilan criminel du capitalisme ?
En France, la bourgeoisie est aux commandes depuis 220 ans. Elle a gagné le pouvoir politique avec la Révolution française. Elle l’a fermement établi sous la dictature napoléonienne Après la tentative avortée de la noblesse de reconquérir ses privilèges, avec la Restauration, de 1815 à 1830, le capitalisme s’est développé sous deux pouvoirs autoritaires : d’abord,le « règne des banquiers », sous Louis-Philippe, et, ensuite, le Second Empire de Napoléon III, avec la première révolution industrielle.
A chaque fois, la grande bourgeoisie a utilisé la force pour dominer l’Etat, et la violence la plus extrême, pour s’y maintenir.
Certes, le régime parlementaire, développé par la Troisième république, s’est installé sous la pression populaire. Mais c’est toujours le Capital qui impose sa loi, y compris par le massacre de 30.000 communards, en 1871.
C’est aussi la grande époque de l’empire colonial, dont le bilan sanglant, reste à faire. Les masses autochtones, qualifiées par le conquérant, d’ « indigènes » sont traitées en esclaves, en sous-hommes. Des monceaux de morts jalonnent la route des profits de l’exploitation de la main d’œuvre et des richesses naturelles de ces territoires, sans compter les victimes des guerres ouvertes faites aux peuples insurgés.
Deux guerres mondiales, et leurs cortèges funèbres, opposeront les impérialistes entre eux, se disputant le gâteau.
Qui chiffrera difficilement le nombre total des victimes du capitalisme, les ouvriers en révolte massacrés, ou tués au travail sur l’autel de la productivité, les peuples coloniaux asservis, les millions de victimes des deux guerres mondiales ?
Difficile comptabilité de l’horreur, qui donne, et de loin, la palme à ce régime d’oppression.
Oui, mais « nous » avons la démocratie !
D’abord, les progrès réalisés dans le domaine des libertés publiques, comme dans celui des conquêtes sociales, sont le fruit de dures luttes populaires, souvent réprimées dans le sang, et sans cesse remises en cause par la classe dominante. Nous en savons quelque chose depuis trente ans, et tout particulièrement, depuis l’avènement de Sarkozy. Quant au droit de vote, qui donne, en principe, la possibilité à chaque citoyen de choisir ses représentants, il est malmené en permanence grâce aux systèmes électoraux, aux énormes pressions médiatiques du Parti de l’Argent, pratiques qui éliminent d’office la classe ouvrière, et les organisations s’en réclament, de toute possibilité d’accéder au pouvoir.
Et lorsqu’en 1936, le mouvement social, et en 1945, la Résistance, cassent le jeu politicien, la bourgeoisie réplique au plus tôt. Elle a recours à la répression de masse, en 1938, et joue, en 1940, la dictature ouverte dans la collaboration avec l’ennemi : c’est l’Etat français de Vichy.
Vingt plus tard, cette même bourgeoisie substitue le pouvoir personnel à la république parlementaire, en 1958, dont nous ressentons, aujourd’hui, tous les effets.
Un rappel identique pourrait être établi pour les Etats-Unis, esclavage et apartheid en sus, et pour les autres Etats occidentaux : exploitation forcenée, répression féroce, génocides de peuples soumis, guerres impérialistes multiples.
Tel est le bilan du terrorisme capitaliste.
Qui nous en parle dans les médias ?
Certes, aujourd’hui, les vingt-trois suicidés de France Télécom, les dernières victimes en date du capitalisme, font ombre dans le tableau. Un fait divers regrettable, nous dit-on, fruit d’une erreur de « management »…
Un simple numéro vert suffira-t-il à calmer les colères ?
C’est le capital le coupable.
C’est à lui qu’il faut s’en prendre.