UN SONDAGE REVELATEUR
On a tendance à croire que les Français, dans leur masse, « gobent » tout ce qu’ils voient à la télé, ce qu’ils entendent à la radio, ce qu’ils lisent dans leurs journaux.
Un sondage TNS-Sofres/Logica/la Croix, réalisé les 4 et 5 janvier, nous démontre que l’opinion n’est pas dupe : les Français sont 66 % (+5 par rapport à l'an dernier) qui estiment que les journalistes "ne résistent pas aux pressions des partis politiques et du pouvoir", 60 % (+1) à celles « de l'argent » et ressentent une « connivence » entre les journalistes et les pouvoirs, sentiment solidement ancré dans l'opinion.
Parmi les médias, la radio continue de trôner en tête du paysage médiatique, quant à la crédibilité de l'information qu'elle délivre sur ses ondes. Ainsi, 60 % des Français, en particulier parmi les jeunes, lui accordent leur confiance. 40%, donc, ne partagent pas cette confiance. La presse écrite arrive en deuxième place avec 55 % des opinions favorables, tandis que les avis sont partagés quant à la crédibilité de la télévision (48 % des sondés se déclarent confiants, 49 % méfiants), alors que, pour s'informer, ils privilégient à 80% des personnes sondées, la télévision, contre 48% pour la radio, 37% pour la presse écrite.
Enfin, contrairement aux idées reçues, les Français « déplorent la manque de sérieux dans le traitement des principaux événements de l'année 2009 ».
Ainsi, plus de 80% d'entre eux estiment que les médias ont "trop parlé" du décès de Mickael Jackson, des problèmes de santé du chanteur français Johnny Hallyday ou de la grippe A, tandis que des sujets plus sérieux, comme « le sommet de la FAO sur la faim dans le monde » n’ont pas été traités.
Que retenir de ce sondage ?
Les Français, même les plus ‘consommateurs’ de tel ou tel média, conservent leur esprit critique vis-à-vis de celui-ci. La propagande du pouvoir ne fait plus recette. Pourtant, celle-ci s‘exerce du matin au soir, sans vergogne, et sur tous les sujets.
Peut-on être satisfait pour autant ?
Non, bien sûr.
Le jugement public ne prend pas en compte l’essentiel : la rétention de l’information.
Car le « mensonge » est plus énorme dans ce que les médias cachent - que dans ce dont ils parlent.
Exemple actuel : l’aide médicale cubaine à Haïti est totalement censurée. Or, elle est massive pour un pays de 10 millions d’habitants. Mais il ne faut pas donner l’idée qu’un pays « communiste » soit cité en exemple.
Cependant, l’opinion plus que critique des médias et des journalistes (encore faudrait-il, pour ceux-ci, faire la différence entre les « donneurs d’ordre », leurs « chiens couchants », et les journalistes obscurs, qui font bien leur métier), correspond à la distanciation observée entre une part majoritaire de la population et « la politique ».
L’opinion publique – celle qui fait reculer Sarkozy, à propos de son fils, ou Proglio, sur ses rémunérations – reflète, dans ses réactions, au sujet des médias, l’ampleur de l’abstention populaire, lors des élections.
Maintenant, il reste à convaincre les Français qu’un véritable changement politique est, non seulement nécessaire, mais également possible.
Dans l’information comme dans la vie publique.
Jean LEVY