(France 3)
Dans la région, beaucoup ne digèrent pas la fermeture du dernier
haut-fourneau, celui-là même que François Hollande, alors candidat
à l'élection présidentielle, avait promis de sauver en février 2012.
Pour la troisième fois en trois ans, François Hollande prend la parole à Florange(Moselle), lundi 24 novembre. Dans ce haut lieu de la sidérurgie marqué par l'extinction de ses hauts-fourneaux en avril 2013, le chef de l'Etat a promis d'assurer l'"avenir industriel" de la région.
Inaugurant dans la commune voisine d'Uckange une plateforme publique de recherche et de développement industriel baptisée "Métafensch", le président s'est montré optimiste, alors qu'une "solution" a été trouvée pour les 629 salariés des hauts-fourneaux.
Mais dans la région, beaucoup ne digèrent pas la fermeture du dernier haut-fourneau, celui-là même que François Hollande, alors candidat à l'élection présidentielle, avait promis de sauver en février 2012.
Francetv info revient sur ces acteurs locaux bien décidés à jouer les trouble-fêtes.
Des syndicalistes en colère
Deux syndicats, la CGT et FO, ont refusé de rencontrer le chef de l'Etat au cours de sa visite. Le premier appelant à la "mobilisation" et le second "à l'indifférence". Selon la police, une trentaine de manifestants avaient répondu à l'appel de la CGT lundi matin. Une journaliste de Paris Match en compte une cinquantaine...
"[François Hollande] n'est pas le bienvenu", a assuré le représentant FO à Florange, Walter Broccoli, sur RMC. "Parce qu'on a l'impression qu'il profite encore de nous pour redorer son blason, pour montrer que tout va très bien à Florange. Si on oublie qu'on a fermé les hauts-fourneaux, une aciérie, alors on peut considérer que tout va très bien. Mais on ne nous dit pas tout," a-t-il poursuivi, jugeant François Hollande "responsable de la condamnation à mort de Florange". "J'ai honte d'avoir ce président de la République" a-t-il encore déclaré à l'antenne de France Bleu Lorraine.
"Nous, on aurait voulu bousculer le protocole et discuter avec lui sous une tente d'ouvriers (...)", a fait valoir Lionel Burriello (CGT) au micro de la radio.
Apprenant que le président était passé par une porte de derrière pour ne pas croiser le chemin des manifestants, il s'est indigné : "Ça montre un signe de faiblesse de sa part, ne pas se montrer, ne pas faire face au monde ouvrier qui a su l'élire à l'époque, c'est affligeant (...)."
Des "non reclassés" en attente "d'un vrai boulot"
François Hollande a rencontré des salariés. Sur 629, "aujourd’hui, 327 ont été reclassés sur la partie froide du site, une poignée à l’extérieur du groupe. Et 268 sont partis à la retraite. Reste une douzaine de salariés en attente", a détaillé Libération, dimanche.Francisco Lopera, délégué CGT, fait partie de ces"non reclassés".
Après six mois de formation, "on m’a dit que je ne convenais pas, que je n’étais plus assez motivé… Depuis, je vais toutes les trois semaines à la cellule mobilité", raconte-t-il au quotidien, demandant "un vrai boulot"..
Des agriculteurs et des salariés d'Ecomouv' en colère
Ils ont peur d'être les prochaines victimes d'un drame social semblable à celui vécu par les salariés de la sidérurgie dans la région. Ils profitent donc de la visite du président pour jouer les trouble-fêtes. C'est le cas des agriculteurs, qui entendent"sensibiliser" le président à leur cause. A proximité du site, ils ont fait passer leur message en faisant brûler des pneus et en projetant du lisier sur les véhicules de CRS.
Enfin, une délégation des 157 salariés d'Ecomouv' de Metz avait l'intention de venir à Uckange pour interpeller le président sur leur sort. Leur avenir est en effet très incertain depuis l'abandon de l'écotaxe par le gouvernement, en octobre.
Et dans Le Point.fr
sur la crainte de François Hollande d'affronter les salariés :
François Hollande est parvenu lundi à éviter les manifestants de la CGT et les badauds qui l'attendaient à la porte principale des grands bureaux d'ArcelorMittal à Florange (Moselle) en passant par une autre entrée. Lors de la précédente visite du président à Florange en septembre 2013, le convoi présidentiel était entré sur le site par l'entrée principale, sous les huées de manifestants.
Ce lundi, une petite centaine de personnes, dont une trentaine de syndicalistes CGT, attendaient le président de la République. "Passer par la petite porte, c'est un manque de respect. Ne pas faire face à une centaine de salariés et une trentaine de syndicalistes, ça résume bien l'état d'esprit", a commenté Lionel Burriello, de la CGT Florange.
Les manifestants brandissaient quelques drapeaux CGT ainsi de que des pancartes proclamant "La décomposition des promesses du Parti socialiste, c'est le terreau du FN" et "Sarkozy hier, Hollande aujourd'hui se prosternent devant les patrons".
Pour Lionel Burriello, la fermeture des hauts-fourneaux "a entraîné un génocide social dans la vallée" de la Fensch. "Et au-delà de ça, de ces politiques dramatiques, la commune d'Hayange où sont situés les hauts-fourneaux a viré Front national. En tant qu'enfants d'immigrés, c'est affligeant d'en arriver là."
Selon lui, "Hollande et son gouvernement sont coresponsables de la montée du FN, en tout cas dans (leur) vallée".
Pour le délégué CGT, "ça fait trois ans que ce dossier est uniquement géré sur le plan de la communication. Ils essaient de trouver à tout prix une porte de sortie : un centre de recherche, 30 CDI... Ce n'est plus seulement une trahison mais un manque de respect vis-à-vis du monde ouvrier, des salariés de Florange".
Seule la CGT avait appelé à manifester contre la venue de François Hollande. FO avait appelé ses adhérents à "l'indifférence".