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Médiapart  

CÔTE D'IVOIRE :

à l'origine du conflit :

propriété et possession de la terre.

 

10 Avril 2011

 

 

Un rapide coup d'oeil sur les études consacrées à la Côte d 'Ivoire dans les dernières années, avant que le problème électoral n'absorbe l'essentiel des discours et analyses, révèle de façon éclatante de la part de tous les instituts et chercheurs, dont l'Ifris, qu'il existait un problème majeur et récurent qui représentait plus de 77% des procédures judiciaires, le problème foncier.

 

Par la loi de Mars 63 il était dit, alors que Houphouët -Boigny était encore président que "la terre appartient à celui qui la met en valeur" ( chacun entendant "la terre à celui qui la travaille") " à l'exception" ajoute la Loi de " tout autre détenteur des droits coutumiers".

 

Or, la terre agricole , en ces années-là, appartenait dans sa quasi totalité au droit coutumier, elle n'était pas une valeur marchande, elle avait un caractère sacré qui la liait à la Communauté et au lignage. Elle était attribuée par le Chef de village aux chefs de lignage qui en avaient l'usufruit.Aussi cette Loi n'eut-elle qu'un impact secondaire et les chefs coutumiers et traditionnels se virent -ils confirmés dans leur pouvoir et légitimité.

 

Mais dans les années 70 et 80 la presssion démographique s 'accentue d 'autant que le Pays est devenu terre d'abondance et la cible et destination d'un nombre sans cesse croissant d'immigrés -qui représentent encore aujourd'hui plus du quart de la population ( voir la France où ils ne représentent que 7%à 10).

La terre s 'atomise ( surface moyenne de 0,8 hectare par famille).La spéculation apparait menée en grande partie par les commercants.

Les conflits pour la possession s'intensifient.

Les déboisements s'accélèrent jusqu'à s'attaquer aux forêts protégées par la Loi et les croyances. La Banque Mondiale au milieu des années 80 décident d'une cartographie et d 'une Loi -1989- qui avait pour objectif de faire baisser les conflits et de rentabiliser les filières - en particulier cacaoyères-.

Elle établit un nouveau contrat foncier destiné à favoriser l'investissement agricole, et surtout bafoue et considère comme obsolette le droit coutumier, se moque des caractéristiques de l'usage ( relation avec peuls nomades, les chasseurs, les cueilleurs, les bucherons etc..) bref, pour aller à l'essentiel, fait de l'américain avec, comme toujours, bonne foi et bonne conscience, dans le cadre béni d'une nouvelle mission civilisatrice, qui, une nouvelle fois, va jeter les bases d'un nouvel ordre conflictuel tourné vers le libéralisme.
C'est dans ce contexte qu'intervient le premier accroc sérieux à la "démocratie" ivoirienne : le coup d 'Etat de 2002 porté par Al Hassan Ouatara et les Forces Nouvelles qui entendent faire respecter le nouveau pacte foncier c'est à dire en gros la marchandisation des terres.

Ils trouveront en face d 'eux le Parti de Gbagbo qui lui aussi s'attache à l'application de la Loi de 98 mais avec des nuances importantes en introduisant une distinction entre possession et propriété. Les nationaux sont propriétaires. Les étrangers peuvent avoir la possession des terres ce qui signifie également que leurs droits à l'exploitation ne sont pas transmisssibles.

Fermiers d'une terre nationale et/ou coutumière ils seront dans l'obligation de payer un" loyer", un fermage, non à un propriétaire individualisé mais à l'Etat, et/ou la communauté.

 

Cette volonté du Gouvernement Gbagbo dés les années 2003 va trouver en Blaise Campaoré un ennemi acharné. Il y voit une volonté affirmée de brimer ses compatriotes qui ont émigrer en terre ivoirienne.Elle va trouver également des oppositions du coté des grandes entreprises internationales qui devront dans l'exploitation des terres cacaoyères tenir compte des communautés villagoises qu décideront et auront pouvoir quant à l'extention des terres exploitables, communautés qui auront aussi à rendre des comptes à l'Etat ( vente des forêts protégées entre autre).

 

La scisssion opérée par la France en 2002/2003 entre le Nord et le Sud, avec la Licorne comme tampon entre les deux parties du territoire national ivoirien, va permettre d'installer à demeure un contre-état qui fera de la privatisation des terres agricoles y compris par la force un des axes de sa politique.

Point n 'est besoin dans ce contexte de souligner combien toute tentative d'élection

- dans ces zones sous contrôle armée de ce contre-état ayant à sa solde

1°non seulement le Burkina de Blaise Compaore, trop heureux d 'avoir à sa porte un sas de libération et de respiration des inconséquences de sa politique interne,

2°les investisseurs étrangers trop heureux de pouvoir acheter des terres devenues marchandes donc spéculatives,  voire même

3°les autochtones trop heureux de vendre les produits invendables car protégés et enfin

4°une soldatesque trouvant combat à sa botte : dés les années 2008 les conflits ayant la terre pour objet vont se multiplier et faire des dizaines de morts des centaines de blessés dans les seules provinces du Nord ( voir Hubrural-affolant), toute tentative d 'élection se trouvera de fait réduit à une mascarade.

 

Dés 2009 l'Institut Français des Relations Internationales faisait de cette question une question" essentielle".

Le silence des "experts" journalistes sur cet "essentiel" a quand même de quoi surprendre

 

Ami lecteur,

 

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Tag(s) : #Contre l'impérialisme
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