23-09-2014 | |
ALI ZAOUI, EXPERT EN QUESTIONS SÉCURITAIRES ET LUTTE ANTITERRORISTE, AU TEMPS D'ALGÉRIE : «L'enlèvement est monté de toutes pièces par les services secrets français» Le Temps d'Algérie : Quelle analyse faites-vous du rapt du ressortissant français Pierre Hervé Gourdel à Bouira ? Les Français veulent resserrer l'étau sur l'Algérie et lui forcer la main pour entrer dans ces conflits, surtout après la création de la coalition pour lutter contre l'Etat islamique (EI), et la participation de 10 pays arabes, comme déclaré par le président américain Barack Obama. L'Algérie est une puissance régionale à ne pas négliger. La France ainsi que d'autres pays ont besoin de cette force pour les aider à combattre le terrorisme qu’ils ont même soutenu et financé. Alors que l'un des principes indéfectibles du pays est celui de ne jamais s'ingérer dans les affaires internes des pays et encore loin de sortir son armée hors de ses frontières. Pourquoi ne s'est-il pas conformé aux consignes de sécurité ? Le ressortissant français faisait de la randonnée dans cette région connue pour son insécurité. Pourquoi a-t-il donc choisi cet endroit ? Le kidnappé avait loué un chalet au nom de son ami algérien afin d'éviter d'être identifié par les services de sécurité algériens. Et puis, dans son dernier tweet, on pouvait lire «Quand je rentre d'Algérie après le premier octobre, si je rentre». Cela indique qu'il était certainement destiné à mener une mission précise en Algérie. Les deux premiers ressortissants français enlevés en Algérie ont déjà été identifiés comme étant des agents d'espionnage français. Pour moi, il n'y a pas de doute. Gourdel serait un agent français bien rusé. Le chef de ce groupe, de son vrai nom Djamel Aissaoui (Abou Djahada), a cherché par cet acte un nouveau coup médiatique. Mais je pense que cet enlèvement est de la pure propagande médiatique dans la région et au niveau international. Les médias servent de trait d'union entre «Djound el khilafa» et Daech. En réalité, ce groupe terroriste n'a pas de contact direct avec cette organisation et utilise les médias pour atteindre ce but. Ces dissidences ne sont, dans le fond, qu'une guerre de leadership entre eux. Le but d'une telle annonce est d'attirer le plus grand nombre de jeunes et de les enrôler dans leurs rangs. Mais ce n'est pas sans compter sur la volonté de l'ANP qui est de combattre sans relâche le terrorisme et son financement. Qu'il s'agisse d'Aqmi ou de «Djound el khilafa», c'est juste les noms qui changent mais la détermination de l'armée reste la même. Entretien réalisé par Fella Hamici
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