APRES LE 21 MARS,
UN TROISIEME TOUR SOCIAL
PEUT COMMENCER DES LE 23,
DE LA REPUBLIQUE A LA NATION
Un article de Jean Lévy
Le second tour des élections régionales confirme le constat établi dès le scrutin du 14 mars : un désaveu total du pouvoir en place, celui de Nicolas Sarkozy.
En effet, le 21 mars, les Français, dans leur masse, ont rejeté la politique imposée par les fondés de pouvoir du CAC 40, politique qui lèse les couches sociales les plus diverses, dans leurs intérêts immédiats comme dans leur devenir : en premier lieu les salariés, déjà au chômage ou menacés de l’être, les jeunes sans avenir, à la recherche d’un improbable premier emploi ou contraints au travail précaire, les retraités aux pensions qui ne permettent pas de vivre décemment.
Tous rejettent les « réformes » de contre révolution sociale, élaborées par BusinessEurope, le Medef, sa succursale française, et mis en musique par l’Elysée. Les résultats de cette politique, ce sont les bas salaires, les atteintes graves portées à la Sécurité Sociale et au système de santé, à l’Education Nationale, la mise à sac du Code du Travail, du Statut de la Fonction publique, des conventions collectives, des droits des travailleurs dans les entreprises, du privé comme du public, toutes mesures qui ne sont que la traduction en français des directives de la Commission de Bruxelles.
C’est le prix à payer pour l’intégration de la France dans l’Union européenne.
A cette colère, s’est ajoutée celle de catégories sociales, moins disposées à la protestation publique, telles les professions judiciaires, lemonde médical, l’Université et la Recherche, hostiles aux offensives menées par le pouvoir, contraires à leurs approches de la justice, de la santé, du savoir.
Colère aussi des petits exploitants agricoles, des pêcheurs qui voient leurs revenus se réduire comme peau de chagrin..
Ces deux dimanches, ils ont dit NON à la dictature des marchés et de la finance, qui les écrase, NON à une société qui ne vit que par et pour le profit, au détriment du plus grand nombre.
Tous, avec leurs raisons propres, se sont servis des élections régionales pour exprimer leur ras-le-bol. Le résultat est clair : Sarkozy et sa politique ont été condamnés sans appel par les Français.
Mais les électeurs ont pris divers chemins pour se faire entendre.
Les médias mettent en avant le succès de la « gauche ».
Le plus voyant, mis en avant par les médias : la « vague rose » qui a submergé la France un score inégalé depuis 1981, avec 54,1% des voix
21 régions sur 22 vont être gérées par le Parti socialiste ; toutes les régions métropolitaines sauf l’Alsace. Et, contrairement au scrutin de 2004, dans plus d’une douzaine d’entre elles, la présidence a été conservée avec la majorité absolue des suffrages, et non grâce à une triangulaire, imposée par la présence du Front National.
Dans de très nombreux départements, la « gauche » obtient la majorité absolue, y compris en Vendée et dans les Hauts-de-Seine…
Elle flirte même avec les 50% dans les Yvelines !
Mais le rejet de Sarkozy et de sa politique a pris d’autres formes.
En premier lieu par une abstention massive de l’électorat populaire, comme nous l’avons pointé du doigt, dès le premier tour. Il suffit de mesurer le taux de suffrages exprimés en zone ouvrière.
C’est ainsi que dans les départements du Nord, de Moselle, du Val-de-Marne et de Seine-Saint-Denis, le pourcentage des « exprimés » est, respectivement, de 45,89%, de 41,61%, de 43,88% et de 38,14%.
Dans des villes comme Bobigny, Saint-Denis, Vitry, Roubaix, l’écrasante majorité obtenue par la « gauche », rapportée au nombre d’inscrits, se réduit à moins de 35%.
Les villes bourgeoises, elles, ont voté à plus de 50%.
C’est en désertant les bureaux de vote que le refus de cautionner le pouvoir élyséen à pris sa forme la plus directe et la plus élevée au niveau de la conscience politique :
Ces millions de citoyens, refusant la droite, n’ont fait confiance ni à la « gauche », ni au Front national, là où il était présent.
Cet électorat est donc en déshérence.
Une exception : le Limousin où une liste PCF-NPA se présentait au second tour, indépendamment des socialistes alliés aux Verts. Le succès de cette liste (passée de 19,10% au premier tour, avec 36.000 voix, à 21,47% au second tour avec 56.000 voix,) montre les potentialités d’une expression propre à une opposition de classe.
Si ce choix avait prévalu dans les 22 régions, nous aurions, au soir du scrutin, pu mesurer l’audience d’une nouvelle force populaire.
Cela aurait constitué le véritable fait politique de ces élections.
Mais, malheureusement, ce choix n’a pas été celui du PCF. L’opportunisme de ce parti, en se fondant avec le PS dans des coalitions politiciennes, a créé la confusion, dans l’esprit des électeurs, entre l’option « communiste » et la social-démocratie.
Cette stratégie suicidaire a, malheureusement, fait également le jeu du Front National et son succès. Ce mouvement, utilisant à fond la démagogie sociale et s’attribuant abusivement le rôle de défenseur de l’indépendance nationale – rôle qui aurait dû être tenu par le Parti Communiste Français - a raflé la mise dans de nombreux sites ouvriers. Tel est le cas, entre autres, dans les départements du Nord (20,78% et 58.000 voix gagnées entre les deux tours), du Pas-de-Calais, avec 24;38% et 35.000 voix en plus), de la Moselle (avec 20,77%). Le phénomène est encore plus criant dans les localités ouvrières, telles Hénin-Beaumont, où le FN recueille 44,23%, Carling, 35,20%, Moyeuvre 34,62%, pour rester dans les départements cités.
Au lendemain même du choc des élections régionales, à droite, les « sarkozystes » défaits parlent de « changer pour ne rien changer », et une autre fraction de cette droite, évoque à haute voix l’hypothèse d’un changement de champion (avec Dominique de Villepin ?).
A « gauche », on s’agite fort. chez les tenants d’Europe Ecologie, alors que les socialistes s’apprêtent à l’affrontement interne en vue des présidentielles de 2012.
Le PCF, lui, s’enfonce dans l’alliance mortelle avec le PS, ouvrant la voie à nouveau à une alternance d’équipe, tout aussi vouée à « l’Europe » que leurs concurrents de droite.
Dans ces conditions, la porte serait largement ouverte à un Front National surfant sur l’indépendance nationale et la pauvreté ouvrière.
Face à ces sombres perspectives, une union populaire, comme du temps du Conseil National de la Résistance, doit se rassembler pour bâtir une nouvelle société basée sur la satisfaction des besoins collectifs et individuels de la France et des Français.
Mais cela n’est pas possible dan le cadre de l’Union européenne.
Il faut le dire et le répéter : pour construire, dans notre pays, une société dégagée du pouvoir de l’Argent, il faut que notre peuple dispose de sa souveraineté, et que notre pays jouisse de son indépendance.
C’est la tâche à laquelle s’est attelé l’Arc Républicain de Progrès
Sans attendre les échéances électorales futures, un « troisième tour social » est possible. Il peut commencer demain, 23 mars, de la République à la Nation.
Tout un symbole !