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La Chine construira d'ici 2015
La Chine envisage de construire des lignes distinctes passagers/fret au sein de son réseau ferroviaire, l'un des plus chargés au monde.
Ceci pourrait devenir une réalité en 2015 sur certaines des lignes les plus fréquentées, avec la mise en service d'un réseau à grande vitesse dédié au seul transport de passagers.
Selon le dernier plan quinquennal concernant le système de transport, approuvé par le Conseil des Affaires d'Etat (le gouvernement chinois), le pays mettra en place d'ici fin 2015 un réseau de lignes de chemin de fer à grande vitesse reposant sur une ossature de quatre lignes est-ouest et de quatre lignes nord-sud.
Le ministère chinois des Chemins de fer a dévoilé que le kilométrage total des lignes à grande vitesse devrait alors atteindre quelque 18 000 km.
Ce type de lignes, permettant une vitesse de circulation à plus de 200 km par heure, totalisaient 6 894 km en août, soit moins que l'année dernière, en raison d'une directive visant à limiter la vitesse des trains après l'accident meurtrier de Wenzhou, a-t-on appris du ministère.
Wang Mengshu, expert ferroviaire et membre de l'Académie d'Ingénierie de Chine, a indiqué que la mise en service de nouvelles lignes à grande vitesse libérerait de la capacité de transport sur les lignes conventionnelles, qui se transformeraient alors progressivement en lignes dédiées au fret.
"Séparer transport de passagers et transport de marchandises sur des voies distinctes permettra d'augmenter considérablement le volume du trafic", a pointé M. Wang, ajoutant que "le plan indique que la Chine continuera de développer les trains à grande vitesse pour répondre à l'étranglement du trafic".
Ce plan était attendu depuis longtemps, le développement des chemins de fer à grande vitesse en Chine ayant pris un important retard à cause de l'accident de Wenzhou.
Ce drame avait en effet sérieusement douché l'enthousiasme de la Chine pour les trains à grande vitesse. Le gouvernement avait ainsi immédiatement fait suspendre les travaux des nouvelles lignes et lancé des contrôles de sécurité dans tout le pays. Un total de 54 personnes, dont des fonctionnaires de rang ministériel, ont d'ailleurs été sanctionnées après la lecture des rapports d'enquête sur l'accident. Les bureaux ferroviaires locaux ainsi que les gares concernées ont reçu l'ordre d'améliorer la gestion et la programmation des trains, et d'organiser davantage de formations intensives sur la sécurité.
D'après un rapport publié en juillet par le ministère, les équipements de signalisation et d'éclairage ont été vérifiés et renforcés dans plus de 1 000 gares.
Ces mesures ont été prises après que furent dévoilées les deux principales causes de l'accident de Wenzhou, à savoir une mauvaise gestion et des équipements de signalisation défectueux.
"Avec des solutions techniques adaptées et de la rigueur dans leur opération, les chemins de fer à grande vitesse chinois seront bien plus sûrs", a indiqué Huang Qiang, chercheur en chef de l'Académie des sciences ferroviaires de Chine.
D'après Wang Mengshu, la Chine devrait toujours garder à l'esprit cet accident et apprendre des erreurs du passé. "Il s'agit d'une chose extrêmement importante pour la poursuite de l'innovation et de l'avancement technologique du pays", signifiant ainsi que la Chine devait poursuivre le développement des chemins de fer à grande vitesse.
"Durant ces 15 dernières années, la Chine a augmenté six fois la vitesse de ses lignes conventionnelles, laissant peu de place pour de nouvelles améliorations", a-t-il ajouté.
"Il serait dangereux de continuer à augmenter la vitesse sur les lignes conventionnelles. C'est pourquoi nous devons construire de nouvelles lignes dédiées au trafic de passagers."
Depuis l'établissement du système ferroviaire du pays, les trains de passagers et les trains de marchandises ont partagé les mêmes voies. Il est pour cette raison difficile de répondre à la demande du marché sur les lignes les plus fréquentées.
Les chiffres de la Banque mondiale montrent que la Chine possède, en termes de volume de trafic, le deuxième plus important réseau de transport ferroviaire de marchandises et le réseau de transport de passagers le plus fréquenté du monde.
M. Wang a noté que la Chine possédait seulement 93 000 km de voies ferrées fin 2011. "Le kilométrage des lignes de chemin de fer par habitant est plus court que la longueur d'une cigarette".
"La densité ferroviaire en Chine est loin d'être suffisante pour servir la deuxième plus grande économie du monde", a-t-il fait savoir.
Ye Tan, une commentatrice économique reconnue en Chine, a indiqué que l'établissement d'un réseau ferroviaire à grande vitesse libérerait davantage de lignes conventionnelles pour le transport des marchandises et répondre à la demande du marché.
Elle considère également les chemins de fer à grande vitesse comme une alternative au secteur de l'immobilier pour créer des emplois et stimuler la croissance économique en perte de vitesse en Chine, qui a chuté à 7,6% au deuxième trimestre, son rythme le plus bas depuis trois ans.
Tandis que la construction a ralenti après l'accident de Wenzhou, le secteur chinois des chemins de fer à grande vitesse a connu certaines percées dans la recherche et le développement ainsi que dans la coopération internationale ces derniers mois.
En août, China's North Locomotive and Rolling Stock Corporation Limited ont livré à Siemens AG un lot de wagons de train à grande vitesse d'une valeur de 14,3 millions de dollars, ce qui constitue la première exportation de ce genre vers l'Europe.
En avril, China South Locomotive and Rolling Stock Corporation Limited ont obtenu un contrat pour fournir à Hong Kong des trains à grande vitesse.
Ces trains circuleront sur la section de Hong Kong de la ligne intercité à grande vitesse reliant Hong Kong, Shenzhen et Guangzhou. C'est la première fois qu'une société chinoise signe un contrat de vente de trains à grande vitesse avec Hong Kong.
Des dirigeants étrangers se sont montrés intéressés par le train chinois à grande vitesse. Lors de sa visite en Chine en avril, la Premier ministre thaïlandaise Yingluck Shinawatra a voyagé en train à grande vitesse de Beijing à Tianjin. A la fin de son voyage de 33 minutes pour parcourir une distance d'environ 120 km, elle a estimé que ce moyen de transport était pratique et que Beijing et Tianjin semblaient ne former qu'une seule ville.
Les voyageurs recommencent à prendre le train à grande vitesse chinois. Quelque 52,6 millions de passagers ont voyagé en train à grande vitesse entre Beijing et Shanghai durant la première année de sa mise en service qui a pris fin le 30 juin. Plus de 144 000 passagers en moyenne empruntent chaque jour cette ligne. Alors que davantage de grandes villes chinoises sont reliées au réseau ferroviaire à grande vitesse, un projet de réseau plus étendu prévoit de relier toutes les villes de plus 500 000 habitants.
Selon le plan quinquennal, la Chine sera dotée d'ici 2015 d'un réseau d'une longueur de 40 000 km, composé de lignes où la vitesse de circulation des trains sera supérieure à 160 km par heure.
Mais il n'est pas certain que tous les projets mentionnés dans le plan pourront être achevés, car le ministère chinois des Chemins de fer, le principal investisseur des projets ferroviaires chinois, fait face à un ratio d'endettement de quasiment 60%.
Le ministère, à court de capitaux, a publié plus tôt cette année un communiqué invitant les investisseurs privés à participer au financement des projets ferroviaires. Le ministère s'est engagé à accorder le même traitement aux capitaux privés et aux fonds publics.
Selon Mme Ye, les investisseurs privés se montrent réticents à investir dans le secteur, car ce dernier est en proie à un mauvais rendement et à une gestion arriérée. Elle a appelé à plusieurs reprises à davantage de réformes dans le secteur.
M. Wang a considéré que cette invitation n'était pas assez détaillée. "Les capitaux privés resteront extrêmement prudents quant à une éventuelle entrée dans le secteur ferroviaire à condition qu'il y ait un bon système de répartition des bénéfices pour toutes les parties concernées."