Côte-d'Ivoire:
La France règne en maître à Abidjan,
Soro se rebelle contre Ouattara
«Le véritable Président de la Côte d’Ivoire, de 1960 jusqu’à la mort d’Houphouët, se nommait Jacques Foccart (Conseiller Afrique de Charles De Gaulle et père de la Françafrique, ndlr). Houphouët n’était qu’un vice-président.
C’est Foccart qui décidait de tout, en réalité, dans notre pays.
Il pouvait dégommer un ministre ou refuser qu’un cadre ivoirien x ou y soit nommé ministre.
C’était lui, le manitou en Côte d’Ivoire.
Ses visites étaient régulières à Abidjan et bien souvent Georges Ouégnin (le directeur de protocole d’Etat sous Houphouët) lui cédait son bureau pour recevoir les personnalités dont il voulait tirer les oreilles ».
C’est un chargé de missions de feu Félix Houphouët-Boigny qui nous a fait cette révélation ahurissante en 2004, après les événements de novembre qui ont vu la force française Licorne tuer plus d’une soixantaine de jeunes ivoiriens aux mains nues.
Ce patriarche, proche collaborateur d’Houphouët à l’époque, avait été scandalisé par les tueries de la France en Côte d’Ivoire et criait son ras-le-bol à propos de la Françafrique. « On en a assez de la Françafrique !!! », disait-il écœuré.
Cette réaction est identique, aujourd’hui, à celle d’un proche du Premier ministre, Guillaume Soro Kigbafori, qui s’offusque du retour à grande pompe de la Françafrique depuis avril dernier avec l’installation au pouvoir d’Alassane Dramane Ouattara suite au renversement du Président Laurent Gbagbo (souverainiste et indépendantiste, ndlr) par l’armée française.
Selon ce proche de Soro, « c’est la France qui dirige notre pays. Les conseillers français sont partout et décident. Ce n’est pas normal !».
Guillaume Soro menace de démissionner
La colère de ce proche de Soro est aussi comparable à celle piquée par le Premier ministre, lui-même, le 7 août dernier. Selon la publication La Lettre du continent N°618 du 8 septembre 2011, Guillaume Soro Kigbafori aurait menacé de démissionner vu le contrôle total que Paris a sur le nouveau pouvoir ivoirien.
La goutte d’eau qui a fait déverser le vase, au dire de "La Lettre du continent, est la toute puissance du français Philippe Serey-Eiffel, conseiller économique de Ouattara.
Affecté par l’Elysée auprès d’Alassane Dramane Ouattara, depuis mars dernier, il décide dans des secteurs stratégiques tels que le budget, l’économie et les projets d’infrastructures. Philippe Serey-Eiffel est en réalité « le vice-chef de l’Etat chargé des Finances ».
C’est pour ce faire que le palais présidentiel d’Abidjan aurait joint, dit-on, les membres du gouvernement pour leur dire de rendre compte directement à ce conseiller de Ouattara.
Colère de Soro! Qui, informé, appelle les ministres pour leur dire que c’est lui le chef du gouvernement. A ce titre, c’est à lui que les comptes-rendus doivent être faits, pas à un conseiller de Ouattara, fut-il français.
Toujours en colère, il menace de démissionner face à Alassane Dramane Ouattara. Le chef de l’Etat ivoirien installé par Paris affiche une curieuse surprise, avant de demander à Soro de se calmer.
Soro retrouve son autorité sur les ministres. Mais Ouattara continue d’être pouponné par l’Elysée. Guillaume Soro Kigbafori ne semble pas approuver cela.
Cependant il rumine son indignation en silence.
Sarkozy recherche un conseiller pour la Fonction publique et la Justice ivoiriennes L’Elysée a installé une batterie de conseillers autour de Ouattara pour qu’ils dirigent la Côte d’Ivoire.
Comme sous Houphouët, c’est la Françafrique qui tient tout dans notre pays. Alassane Dramane Ouattara n’est, en vérité, qu’un vice-président de la Côte d’Ivoire.
Le véritable chef de l’Etat de notre pays se nomme Nicolas Sarkozy. C’est d’ailleurs lui, selon La lettredu continent, qui serait actuellement en train de rechercher un conseiller français pour reformer l’administration et la Justice ivoiriennes.
Le nom du français Yannick Prost, chargé de mission au sein de la cellule Union pour la Méditerranée (Ump), est cité. Dixit La Lettre du continent.
Dans les autres secteurs, la France a déjà détaché des conseillers autour de Ouattara. Les renseignements sont l’affaire de deux ex-officiers de la Direction du renseignement militaire (Drm) de la France. Ils s’occupent des écoutes et ont leurs locaux installés au sous sol du palis présidentiel à Abidjan.
La défense est dirigée par le général français Claude Réglat. Conseiller militaire de Ouattara, c’est lui qui est chargé de caser les forces pro-Ouattara et relooker les Frci. Il sera aidé par un autre conseiller militaire, le Colonel français, Marc Paitier, qui lui, a été affecté auprès du ministre de la défense qui n’est autre que Guillaume Soro Kigbafori.
Pour la santé, le super ministre « ivoirien » est le médecin belge et Françafricain, Christian Delmotte. C’est lui qui sera chargé de monter « la couverture médicale universelle en Côte d’Ivoire ». Pour les questions climatiques, La Lettre du continent écrit que « Cédric Lombardo (ex-conseiller du Président Laurent Gbagbo pour les affaires environnementales, ndlr) qui souhaite proroger son contrat sous la présidence Ouattara serait en pourparlers avec Philippe Serey-Eiffel ». Une information que nous a infirmée par la famille Lombardo depuis la France. Au-délà de tout, cette armada de conseillers bombarder autour de Ouattara par l’Elysée pose une autre question : à quoi sert alors le gouvernement de Côte d’Ivoire?
Source :
Didier Depry – Notre Voie