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Internet et manipulations impérialistes
Depuis plusieurs décennies, les dirigeants et profiteurs du capitalisme mondialisé et de l’impérialisme assurent leur pouvoir grâce à la manipulation des opinions, et cela par le contrôle de médias de plus en plus efficaces en la matière.
Par Francis Arzalier
Nous en eûmes de beaux échantillons dès les années 90, quand par exemple on convainquit les peuples assommés que le couple Ceaucescu était l’égal d’un Dracula roumain, en exhibant sur les écrans mondiaux les faux morts de Timisoara. On fit bien mieux depuis, grâce aux télévisions de complaisance, transformant les guerres d’invasion en jeux vidéo amusants, créant les candidats de la droite et la gauche aux élections truquées, jouant des émotions du cerveau reptilien au détriment de la raison : les exemples en sont si nombreux et quotidiens qu’on ne peut les citer.
Face à ce matraquage organisé, il est de mode en quelques milieux « progressistes » de prôner le grand souffle d’air frais qui viendrait d’internet, la libération des esprits que permettrait la blogosphère. C’est occulter un peu rapidement la main mise des serveurs US sur l’océan d’informations qui l’irrigue, l’hypocrisie des manipulateurs occidentaux quand ils reprochent aux dirigeants chinois de se méfier de Google. C’est oublier aussi que si le réseau peut servir de lien entre militants, il est très employé aussi par les grands services secrets étatiques, CIA, Mossad, et autres SDECE, pour susciter, organiser et soutenir la subversion contre tous ceux qui s’opposent à l’impérialisme : James Bond aujourd’hui reste dans son bureau, et de là, travaille en Ukraine, en Chine, en Iran…
Le régime théocratique, conservateur et nationaliste de Téhéran ne mérite aucune indulgence. Il reste que la guerre médiatique menée dans le monde contre l’Iran n’a pas cela pour cause, mais tient au fait que la nation iranienne est la seule au Moyen Orient à rejeter l’hégémonie des USA, d’Israël et des monarchies pétrolières arabes. Dans cette offensive constante de l’impérialisme par les médias, internet est une arme : des opposants sincères aux mollahs l’utilisent, mais aussi et surtout les « services » occidentaux, prêts à tout pour déstabiliser l’ennemi iranien, y compris à toutes les manipulations, comme le prouve l’aventure de Neda Soltani :
Le 20 juin 2009, une jeune manifestante anti-gouvernementale est tuée par la police dans une rue de Téhéran. La scène, filmée par un téléphone portable, est rapportée par certains blogs. Sans chercher plus loin, ni vérifier, les grandes chaînes de télévision diffusent dès le lendemain la photo de la victime, baptisée « l’ange de l’Iran » par CNN et CBS aux USA, la BBC et ARD en Europe, etc… Ce visage, symbolisant aux yeux du monde la lutte des opposants iraniens, est celui de Neda Soltani, jeune enseignante qui n’a jamais participé à aucune manifestation. Elle contacte CBS pour démentir, peine perdue ; et les ambassades occidentales en font autant. Dans cette situation, la jeune femme menacée par la police de son pays, n’a qu’une solution : elle fuit clandestinement et est aujourd’hui réfugiée en Allemagne (Suddentsche Zeitung, Munich). Malgré tous les démentis des intéressés, le Spiegel, le New York Times, CNN, ont encore utilisé dans des « reportages » sur l’Iran sa photo pour celle de la martyre iranienne…
La machine à décerveler est mondiale et forte, pas irrésistible : la victoire du non à l’Europe supranationale, en France il y a quelques années, montre qu’elle est faillible, qu’un peuple peut se réveiller des songes absurdes que le consensus médiatique lui impose. Encore faut-il constamment dénoncer cette manipulation des esprits, nouvel opium des peuples autrement efficace que les rituels religieux du passé.
Il ne pourra y avoir à l’avenir changement révolutionnaire sans réponse à ces questions :
Quels intérêts possèdent et contrôlent les médias ?
Comment les rendre aux citoyens ?