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Dès avant la nouvelle journée
de manifestations du 9 novembre
le Portugal résiste 

 

LE MONDE | 08.11.2013

 

Des manifestants réunis vendredi 1er novembre devant le Parlement de Lisbonne, au Portugal, pour protester contre l'austérité budgétaire.

 

 

Postiers, chauffeurs de bus, conducteurs de trains, fonctionnaires et retraités mais aussi policiers et forces armées… Au Portugal, le défilé des mécontents s'allonge depuis la présentation, mi-octobre, d'un énième budget de rigueur prévu pour 2014.

 

Les 3,6 milliards d'euros de coupes dans l'Etat-providence, programmées par le gouvernement de centre droit de Pedro Passos Coelho, attisent l'exaspération des Portugais, fatigués par l'austérité, la crise et le chômage.

 

La grande manifestation nationale, prévue samedi 9 novembre, devait illustrer, une nouvelle fois, cette colère qui monte. Mais à la foule qui scande régulièrement« Que se lixe a troika ! » (« Dégage la troïka ! ») – en référence aux bailleurs de fonds du pays, la Banque centrale européenne, la Commission européenne et le Fonds monétaire international (FMI) – à ceux qui crient « Gouvernement hors-la-loi ! », ou à ceux qui accusent l'euro de « couler » le pays, les partis politiques ne répondent pas. Ou si peu.

 

A ce jour, aucun homme n'a capté cette exaspération pour faire émerger, comme ailleurs en Europe, un parti populiste, europhobe, anti-impôts, anti-système ou, nationaliste.

La version portugaise de l'Italien Beppe Grillo, ou de Marine Le Pen n'existe pas. Pourtant, si « l'offre » populiste est absente de la scène politique « la demande est là », alerte Pedro Magalhães, chercheur en sciences politiques à l'université de Lisbonne. Le signal le plus évident est, selon lui, la récente montée d'un sentiment antieuropéen dans le pays.

Les Portugais, méfiants envers leurs propres élites politiques soupçonnées de corruption, ont entretenu pendant longtemps un « euroenthousiasme ». Au point de préférer les dirigeants de Bruxelles à leurs propres hommes politiques.

 ABSTENTION RECORD

      L'Europe était assimilée à la prospérité, à l'argent (les fonds structurels) et à la liberté de circulation. L'arrivée de la troïka en 2011, lors de l'octroi de l'aide de 78 milliards d'euros et les sacrifices qui l'ont accompagnée, a tout changé.

ATTITUDE AMBIGUË DU PARTI SOCIALISTE

Le système est verrouillé. « Les barrières à l'entrée pour un nouvel acteur sont nombreuses », insiste M. Magalhães. Le scrutin électoral, à la proportionnelle mais« peu proportionnel », complique la représentation des petits mouvements au Parlement, dit-il. Et sans siège parlementaire, pas d'accès aux financements des partis.

Reste à savoir combien de temps la colère de la population pourra être ainsi endiguée. « On ne voit personne mais cela ne veut pas dire qu'il n'y aura jamais personne ! Le danger existe », prévient Armenio Carlos, secrétaire général du syndicat CGTP-In.

Selon lui, l'attitude ambiguë du Parti socialiste, dans l'opposition mais peu loquace et jugé complice de la troïka pour avoir signé les contreparties au plan d'aide octroyé par l'Europe et le FMI, laisse une place pour faire émerger les extrêmes. 

Bruxelles, accusée d'être contrôlée par l'Allemagne et le « capital », est devenue un ennemi.

Selon l'eurobaromètre, 77 % des Portugais faisaient confiance à la Commission en novembre 2009. Quatre ans plus tard, en mai 2013, ils n'étaient plus que 33 %.

La résignation des premiers mois face aux coupes budgétaires a fait place à l'indignation. Aux dernières élections municipales, fin septembre, le vote contestataire s'est exprimé dans le choix de candidats indépendants, et ou du Parti communiste, le seul qui tienne un discours anti-euro, mais surtout, au travers d'une abstention record 

Tag(s) : #Europe
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