DES LASAGNES A LA SAUCE EUROPEENNE
Canaille le Rouge aime bien la viande de Cheval, et les lasagnes aussi.
Bon, c'est vrai que par habitude ceux qu'il déguste chez lui sont fait avec d'autres viandes que celle de cheval.
Cela dit, là n'est pas la question. D'autant que les lasagnes à la volaille ou aux fruits de mer, faites confiance, ce n'est pas mal non plus.
Au delà des répulsions culturelles de certains, c'est comme le porc, les escargots, les criquets, les grenouilles ou les huitres à chacun de voir comment il prend son plaisir à table, là où il y a problème, c'est dans ce qu'innocemment, sans en parler, cette histoire raconte de fonctionnement du système et singulièrement dans cette UE.
Monsieur Findus vous propose SES lasagnes qu'il vous garantie comme SON produit fabriqué à l'italienne. Et donc il commande à une boite luxembourgeoise Tavola qui n'est pas le pavillon de complaisance d'une Mama d'Émilie Romagne mais un appendice du groupe Comigel au départ français mais qui grâce à Tavola est fiscalement domicilié à Capellen, nord ouest de la capitale de la partie "Lux" du Bénelux, dans ce berceau historique de la tomate et du Parmesan ou de la Ricotta du nord est de la Moselle.
Et là, premier emmêlement de pinceau. Ce n'est pas Comigel installé à Metz qui est filiale de Tavola mais l'inverse. Comigel via Tavola viennent d'investir 10 millions d'euro en 2011 pour améliorer la chaines fraicheur entre les champs de blé dur et la célèbre mozzarella du grand duché.
Le temps de récupérer des tomates de Hollande et du basilic de Lisieux notre cordon bleu par délégation commande sa viande à un petit boucher de province, la maison Spanghéro qui, spécialiste de Castelnaudary, mondialement connu pour ses élevages de bœuf des dolomites demande à un spécialiste roumains de lui passer ses filets de bœuf lequel lui repasse ses canassons de réforme. Reste quand même une question s'il est spécialiste de la viande, pourquoi n'a-t-il pas vu la supercherie ? parce que les vaches d'élevage n'ont plus de corne ou parce qu'il n'a fait que jouer au courtier pour prélever une commision d'un produit qu'il n'a jamais vu ? C'est de la traçabilité financière, pas alimentaire.
Il faut reconnaitre qu'en entrant dans l'UE le maquignon roumain avait des excuses : avec cette obligation de retirer les cornes des vaches, comment qu'tu les r'connais après ?
Vous suivez toujours ?
Nous en sommes à cinq intermédiaires avec une boucle luxembourgeoise qui permet plus de tambouille fiscale et de prélèvement gras et dodus pour tirelire que de mijotage au four à bois.
Intermédiaires qui se rémunèrent chacun au passage (sur leur personnel et sur les conditions sociales à chaque niveau des salariés) à partir d'un producteur dont La Canaille ne sait s'il est ou pas de bonne fois mais dont une chose est sûr il ne s'agit pas d'un boucher ayant ses troupeaux derrière son étal et dont à coup sur les ouvriers doivent être payés à un smic roumain qui fait passer pour nabab les smicards de Metz.
Si nous ajoutons les derniers exposants : les patrons des gondoliers d'outre-manche ou d'ailleurs qui installent les dits lasagnes en rayons, il est raisonnable de penser qu'entre le prix payé par la ménagères londonienne et, corrigé des variations fiscales diverses, il y a de commission en commission environ une triple culbute qui fait les bas de laines de nos Kryo-cordons bleus.
Finalement le capitalisme, c'est presque plus facile à expliquer comme cela que si c'était un cours de feu le professeur Barre ou une démonstration de Dame Parisot sur les malheurs du petit commerce.
Au bout de cette excursion dans le monde du vol au La Canaille persiste à manger du cheval (quand il sait que s'en est), des lasagnes, et déteste encore plus ce que d'aucun persiste à appeler l'économie de marcher : le capitalisme.