À la rentrée 2011, les enfants de l'école Malraux vont filer droit. Exit les "tatas". Des agents d'une société de sécurité vont prendre le relais des agents municipaux.
Photo Corinne Matias
Bousculades, bagarres, grossièretés, insultes , les interclasses sont souvent propices à ce genre de débordements. A fortiori, le temps libre de la cantine. A Plan-de-Cuques, le maire (sans étiquette) a trouvé la parade. "Les femmes de service se plaignaient, n'y arrivaient plus, alors on va les soulager", explique Jean-Pierre Bertrand.
Un appel à marché a été lancé auprès d'une société privée de sécurité, MD2, basée à Istres. Des bras musclés pour surveiller des gamins de 6 à 11 ans, qui sont loin d'avoir le profil de voyou, c'est le tableau qu'on devrait avoir à la rentrée dans les écoles Malraux 1 et 2 et en partie à Robert-Debré.
Neuf agents de cette société vont se charger de la surveillance de l'intercantine et du service des repas. Un contremaître devrait assurer la liaison entre la société et la mairie. Quelque peu surpris, la plupart des parents se disent très partagés sur cette décision. "Il me semblait que ça fonctionnait avec les "tatas". Nous venons d'Allauch, intervient cette maman, là-bas ça n'existe pas".
Sandrine, elle, s'interroge sur la compétence de ces personnes qui vont prendre la relève des agents municipaux. "Quels contacts auront-ils avec les enfants, ont-ils eu une formation psychologique ? C'est inconscient de faire ça. Les parents ont besoin d'être rassurés sur ce point-là".
"Il y aura un coordonnateur avec le Bafa", répond le maire dont la nature de la société ne semble pas le déranger. "Il s'agit de surveillance, pas de sécurité. Elle va faire de l'encadrement. Elle peut aussi créer une filiale, une société annexe, pour faire ce genre de travail".
Sollicitée, MD2 n'a pas voulu pour l'heure répondre à nos questions, ni indiquer si elle intervenait dans d'autres établissements scolaires. "Le contrat porte sur 9 personnes, mais nous allons faire embaucher 5 ou 6 personnes de la commune", ajoute le maire.
Sur ce point également, MD2 n'a pas confirmé.
Pour les "tatas", cette décision découle directement du mouvement social qui a affecté le personnel communal cet hiver. "À la cantine, on était 2 pour surveiller 180 à 200 gamins. On nous a octroyé deux personnes en plus. Quand il y a des absences ailleurs, les "tatas" sont envoyées dans d'autres écoles. On est toujours en sous-effectif, explique Giovanni Favaloro, délégué départemental du syndicat SDU 13 FSU.
Conséquences graves
"Par ailleurs, ajoute le délégué, les agents ne se plaignaient pas de faire trop d'heures, elles ne demandaient pas la suppression du travail du soir pour nettoyer les classes mais leur paiement en heures supplémentaires". Le personnel s'est mis en grève à plusieurs reprises cet hiver pour obtenir davantage de moyens et la revalorisation de son statut.
"Résultat, les agents perdent leur travail dans les écoles pour un temps de femmes de ménage dans les locaux communaux. Alors que certaines ont passé des diplômes pour exercer cette fonction, (Éducation nationale, Bafa, secourisme ). On leur a même dit qu'elles étaient vieillissantes, usées et fatiguées".
Pour le maire, la situation sociale n'a rien à voir avec cette décision. "Il ne faut pas confondre les "tatas" des maternelles qui ne sont pas concernées avec les agents municipaux des écoles. Elles ne perdent pas leur boulot, on les redéploiera pour nettoyer les bâtiments communaux, c'est le boulot qu'elles faisaient au départ. La situation dans les cantines était difficile. il fallait jongler avec l'absentéisme, il fallait d'être plus efficaces". Pour le syndicat, "c'est une première dans une école primaire. Même dans les banlieues difficiles personne n'a osé faire cela. S'il manque du personnel il suffit d'embaucher".
"Je ne sais pas si ça existe ailleurs, nous sommes des précurseurs", note le maire.
Bien que controversée, cette décision a été entérinée hier soir au conseil municipal. Et risque de faire date.
Corinne MATIAS
Des vigiles à l'école pour surveiller les enfants : de quoi vous mettre la "puce" à l'oreille (la puce électronique, bien entendu !)