DANS L'EDUCATION NATIONALE
sous la coupe de Luc Chatel :
"Chasseurs de primes" ou "primes à la casse"
par Jean LEVY
Luc Chatel se souvient qu'il était DRH chez l'Oréal avant de devenir "ministre de l'Education nationale".
Il veut gérer celle-ci comme une entreprise privée. Et il institue des primes à l'encadrement. D'abord, ces primes iront aux recteurs dans la mesure où ceux-ci appliqueront avec zèle les mesures de suppression de postes. 22.000 euros sont prévues en faveur des recteurs les plus audacieux en la matière. En période de vache maigre, ce n'est pas rien.
Aujourd'hui, il étend le principe aux "chefs d'établissement". Avec la complicité de trois syndicats. On ne dit pas si les dirigeants de ceux-ci bénéficieront de la manne ministérielle.
Le SNES, lui, ne cache pas sa colère, face aux "primes à la servilité".
La FSU appelle elle à la grève le jeudi 10 février contre la suppression de 16.000 postes d'enseignants cette année.
Pas l'Unsa, ni le Sgen-CFDT, trop occupés avec les primes distribuées aux chefs d'établissement "méritants".
Dans cette logique de rémunération aux "chasseurs de primes", Luc Chatel, qui se prend pour le DRH de l'Education nationale, devrait s'octroyer, en tant que "chef des chefs d'établissement", une sur prime comme pour les "traders" (traduisez les Spécialistes en Spéculation).
Et pour 16.000 postes supprimés en une seule année, pourquoi ne pas offrir comme cadeau au ministre ( comme chez L'Oréal à sa patronne), une île de rêve, non déclarée bien entendu ?
Mais qui est Luc Chatel ?
Luc-Marie Chatel, dit Luc Chatel, né là Bethesda (Maryland, États-Unis) d’une famille industrielle haut-marnaise, d'un père amiral et d'une mère professeur de danse.
Il passe sa scolarité chez les jésuites, au Lycée Saint-Louis-de-Gonzague dans le 16e arrondissement de Paris.
Diplômé, il intègre le groupe international de cosmétiques L'Oréal en 1990. Il travaille initialement dans le marketing en qualité de chef de produit, puis aux ressources humaines et devient DRH d'une entité du groupe, poste qu'il occupe jusqu'à son élection à l'Assemblée nationale, en 2002
et voici l'info donnée par
Un accord a été signé pour que les chefs d'établissements (principaux et proviseurs) obtiennent une prime au mérite. Selon une information révélée par RTL et confirmée par le ministre de l'Education, dès cette année, proviseurs des lycées et principaux des collèges auront droit à une rémunération supplémentaire si leurs résultats sont bons.
Un accord a été signé entre le ministère de l'Education et trois syndicats (SNPDEN-Unsa, I&D (Indépendance et Direction) et le Sgen-CFDT) mais cette initiative fait déjà grincer des dents chez les enseignants confrontés à 16 000 suppressions de postes dans leur secteur. Le président de la République à l'occasion de ses voeux au monde de la culture et de l'éducation a estimé que «la rémunération de nos professeurs, c'est le chantier de l'avenir».
«Nous avons conclu un accord» avec les syndicats représentant les chefs d'établissements, après "plusieurs mois» de discussions", a confirmé de son côté mardi matin sur France Info le ministre de l'Education nationale, Luc Chatel. Les résultats à partir desquels principaux et proviseurs seront évalués pour obtenir, ou non, cette prime, seront par exemple le «projet pédagogique d'un établissement», les «résultats scolaires», la «capacité d'intégrer des élèves en grande difficulté», a détaillé le ministre. Il s'agira de «mettre en place des contrats d'objectifs et de performance, et ensuite évaluer à partir des résultats de ces contrats».
«Jusqu'à 6 000 euros tous les trois ans»
«C'est une prime qui peut aller jusqu'à 6 000 euros tous les trois ans, il s'agit d'une prime de fonction et de résultats qui se développe partout dans la fonction publique, explique sur RTL Philippe Tournier, responsable du SNPDEN, syndicat signataire, majoritaire chez les chefs d'établissement. Et donc effectivement il y a un aspect nouveau qui est celui du résultat lié à une évaluation à laquelle nous avons droit tous les trois ans, C'est une prime significative mais pas extraordinaire.»
Autre son de cloche chez Daniel Robin du SNES, principal syndicat d'enseignants qui estime que cette initiative n'est pas un bon signe pour l'avenir des relations entre les enseignants et les chefs d'établissements.
Daniel Robin souligne que cette prime, qui ressemble à celle que viennent de reçevoir les recteurs d'académie, c'est l'encouragement pour les chefs d'établissement à mieux faire passer les suppressions d'emplois dans leurs établissements : «On est dans une logique de perte de pouvoir d'achat des fonctionnaires, c'est une rémunération à la servilité.»
Et d'ajouter : «L'image que le chef d'établissement va donner, c'est quelqu'un qui est désormais dans le camp de ceux qui défendent des politiques contestées, comme les suppressions de postes ou la réforme du lycée».
Depuis la rentrée, certains chefs d'établissement sont engagés dans des dispositifs baptisés CLAIR qui leur permettent d'avoir la main sur le recrutement de leur équipe de professeurs.
Grève le 10 février
Avant même la révélation de l'information, la FSU, principale fédération syndicale de l'éducation, a appellé pour jeudi 10 février les personnels de l'Education nationale à faire grève, notamment contre les 16 000 suppressions de postes du budget 2011.
Les deux autres grandes fédérations, Unsa Education et Sgen-CFDT, ne l'ont pas suivie à ce stade dans cette initiative.
LeParisien.fr