
- Les employés des transports publics grecs ont cessé le travail mardi pour protester contre les mesures d'austérité du gouvernement tandis que les syndicats appelaient à une journée de grève nationale le 5 mai prochain.
A Athènes, métros, tramways et bus ont été paralysés pendant six heures; plusieurs centaines de grévistes ont marché sur le Parlement en réclamant le maintien de leur pouvoir d'achat. Une nouvelle manifestation était prévue en fin d'après-midi.
Pour l'heure, les conséquences du mouvement social sont restées limitées en Grèce. Mais les sondages traduisent une colère croissante de l'opinion publique contre le plan d'austérité décidé par le gouvernement socialiste de George Papandréou face à la sévère crise des finances publiques.
D'après une enquête de l'institut GPO publiée lundi, 61% des Grecs désapprouvent la décision de leur gouvernement de solliciter l'aide de l'Union européenne et du FMI pour assainir les finances publiques et remédier à l'endettement du pays.
Ils sont parallèlement 67,4% à estimer que la situation pourrait déboucher sur des émeutes alors que la Grèce est toujours sous le choc des violents affrontements qui avaient suivi la mort d'un jeune manifestant en décembre 2008 à Athènes.
Les deux grandes centrales syndicales du pays, l'Adedy, qui représente la fonction publique, et le GSEE, son pendant dans le secteur privé, ont appelé mardi à une grève de 24 heures le 5 mai, la troisième depuis le début de l'année.
A elles deux, elles représentent quelque 2,5 millions de salariés, soit la moitié des employés du privé et du public à travers le pays.
PAPANDRÉOU INFLEXIBLE
"Le recours du gouvernement au mécanisme de soutien du FMI donne le signal d'une agression brutale contre les droits des travailleurs", dénonce Adedy, qui annonce la poursuite et l'intensification "de la lutte contre les mesures antipopulaires du gouvernement, de l'Union européenne et du FMI".
"La politique gouvernementale porte atteinte aux travailleurs et aggrave la récession", a déclaré à Reuters Stathis Anestis, porte-parole du syndicat GSEE.
Les syndicats rejettent notamment la baisse des pensions et le relèvement de l'âge légal de départ à la retraite que le gouvernement envisage de repousser de 61 à 63 ans.
D'après certains médias grecs, le FMI prônerait une augmentation plus forte encore.
Le gouvernement socialiste a déjà réduit les salaires dans la fonction publique et augmenté les impôts, provoquant une série de manifestations et de grèves ces dernières semaines.
Lundi, les dockers des plus grands ports du pays avaient cessé le travail pour protester contre des mesures qui les exposeront, selon eux, à la concurrence étrangère.
Athènes, qui a promis l'adoption de réformes de rigueur budgétaire, a demandé vendredi le déclenchement du mécanisme d'aide conjoint de l'UE et du FMI d'un montant de 45 milliards d'euros pour l'aider à honorer sa dette de 300 milliards d'euros.
Mais les marchés maintiennent la pression - l'agence de notation Standard & Poor's a abaissé mardi sa note de la dette souveraine grecque et l'écart des taux auxquels la Grèce et l'Allemagne se financent à dix ans sur les marchés du crédit a atteint 7,18 points de pourcentage, son plus haut niveau depuis février 1998, du jamais vu depuis le passage à l'euro.
George Papandréou a redit mardi sa volonté de ne pas fléchir face aux manifestants.
"Je suis déterminé à faire tout ce qui est nécessaire pour ranimer notre pays", a-t-il déclaré devant les élus du groupe socialiste au Parlement. "
C'est maintenant ou jamais, mais nous y arriverons", a ajouté Papandréou, dont l'action à la tête du gouvernement reste pour l'heure soutenue par une majorité de Grecs (50,8% selon l'institut GPO).
Clément Dossin, Eric Faye et Henri-Pierre André
pour le service français,
édité par Gilles Trequesser