Daniel Ellsberg et les dossiers du Pentagone,
l’homme le plus dangereux du monde
par SAUL LANDAU
Counterpunch 9 avril 2010 traduit de l’anglais
par Danielle Bleitrach
En 2005, j’enseignais dans une classe d’histoire à l’Université pour juniors et pour seniors, j’ai mentionné la Guerre du Viêt Nam. J’ai remarqué le regard vitreux de plusieurs étudiants. J’ai demandé à une jeune femme née environ une décennie après que cette guerre ait fini : “vous savez quand la Guerre du Viêt Nam a eu lieu, n’est ce pas ?”
Elle a levé son sourcil, mordu sa lèvre et a dit, avec hésitation :
“ce n’était pas après l’ère Gréco-romaine ?”
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Quelques étudiants savaient, mais le plus grand nombre étaient dubitatifs. Ni les parents ni les professeurs ne leur avaient appris l’histoire récente. Un nouveau film aidera maintenant à remplir ce vide.
“L’Homme le plus dangereux en Amérique” (produit par Judith Ehrlich et Rick Goldsmith; la photographie de Vicente Franco) a mérité le titre du film qui le place au summum de la dangerosité – non pas en volant des banques ou en commettant des meurtres en série; mais en révélant les secrets du gouvernement américain.
Ironiquement nos ennemis (l’Union soviétique et la Chine en ce temps là) n’étaient pas en cause dans “le top secret “les documents que Daniel Ellsberg (le narrateur du film) a diffusé dans les médias et au Congrès en 1971 comme “les dossiers du Pentagone.” Le public des EU, cependant, aurait du réagir au contenu de ces sept mille pages supers confidentielles avec colère et sous le choc .
Les dossiers ont révélé que le gouvernement avait menti au Congrès et au public sur ses raisons d’envahir le Viêt-Nam. Les dossiers ont aussi démontré que derrière “l’arrêt du communisme vers lequel les nations asiatiques allaient se renverser comme des dominos” la rhétorique cachait des ambitions impériales américaines plus profondes que les décideurs avaient entretenu depuis quinze ans.
Les présidents Johnson et Nixon n’ont pas envoyé des hommes pour mourir pour la liberté ou pour n’importe quel but moral.
Quand le New York Times et par la suite d’autres grands journaux ont publié ces Dossiers, leurs éditoriaux n’ont pas souligné l’horreur qu’eux et tous les citoyens auraient du ressentir sur la prévarication et la manipulation Officielle.
Au lieu d’appeler au retrait immédiat des États-Unis du Viêt-Nam, à la lumière de la vérité qui voulait que ni les Soviets ni les Chinois n’aient contrôlé les communistes vietnamiens et que le Viêt-Nam ne représentait aucune menace de domino en Asie, les journaux se sont tapotés le dos en se félicitant pour leur “courage” pour avoir imprimé avec audace des documents confidentiels.
Personne n’a appelé à mettre en accusation les Présidents Nixon et Johnson et leurs subalternes pour avoir commis des actes criminels innombrables en dupant le public pour poursuivre secrètement une politique impériale outrageante. Les troupes américaines officielles de combat ont atterri après que l’élite de guerre ait truqué en 1964 “l’incident du Golfe du Tonkin.” Des bateaux de guerre vietnamiens auraient censément attaqué des bateaux de guerre américains dans les eaux internationale – ils ne l’ont pas fait – Johnson a vendu l’affaire au Congrès pour envoyer des forces armées des EU au Viêt-Nam. Une décennie plus tôt, la Maison Blanche, la C.I.A. et DoD intervenaient déjà pour empêcher l’indépendance et l’unité vietnamiennes.
Le Secrétaire D’État John Foster Dulles avait recommandé vivement Eisenhower de laisser tomber une bombe nucléaire sur les forces vietnamiennes qui avaient encerclé les armées françaises. Ike a dit qu’il devrait consulter les alliés avant de franchir un tel pas – ce qui signifiait “Non”.
Le Français a renoncé et aux pourparlers franco-vietnamiens de 1954 de Genève il était prévu des élections libres en vue d’ unifier le Viêt-Nam.
Dans ses mémoires, Eisenhower admet que “80 pour cent de la population aurait voté pour le Communiste Ho Chi Minh comme leader plutôt que pour le Chef d’Etat Bao Dai” (Mandate for Change, p. 372, ). Bao était le chef soutenu par les États-Unis pour l’état provisoire du Sud du Viêt-Nam. Jusqu’en 1954, Washington avait supporté le coût financier essentiel de l’effort militaire français et, comme les Papiers du Penjtagone l’ont montré , Washington n’a jamais eu l’ intention de permettre les élections qui feraient Ho le Président d’un Viêt-Nam uni et mené par communiste.
Dans le film, Ellsberg, un enthousiaste et un naïf, un fanatique ex-Marine anti-communiste, jouait un rôle dans la planification de la stratégie militaire américaine au Viêt-Nam. Il part même l’arme à feu en main pour tuer des communistes. Puis, Ellsberg évolue et rencontre son amour, Patricia Marx très antimilitariste, qui le convainct de ses erreurs.
Avec une égale ferveur , Ellsberg a commencé à planifier la stratégie antimilitariste : vol de dossiers secrets de ses bureaux du groupe de réflexion de Rand. Le rand préparait un pronostic sur la guerre pour l’élite militaire. Après qu’Ellsberg ait livré ces dossiers aux médias, il s’attendait à ce que le public “conscient” arrête la guerre et les mettent à la porte.
Nixon et Kissinger ont considéré Ellsberg comme “dangereux” pour répandre des dossiers confidentiels. Comme Ellsberg, ils ont cru qu’un public éclairé auraiot du se dresser en proie à la colère, pour arrêter la guerre et en finir avec des politiques basées sur le secret et la duplicité.
Mais la majorité du public américain ne sait toujours pas pourquoi les EU ont été battus au Viêt-Nam; ils ne s’en soucient pas non plus.
3Les professeurs pourraient utiliser ce film pour éclairer des étudiants curieux. Après tout, le gouvernement a répété ses perfidies du Viêt-Nam au crimes en Amérique Centrale dans les années 1980 et il continue la tromperie en Irak et l’Afghanistan.
En effet, des millions ont alimenté la Guerre d’Irak – en vain. Même quand le public a découvert Bush et Cheney les avait induits en erreur, rien n’est arrivé aux criminels en chef. Un défi pour la population : consciente de l’existence de grands crimes et de délits, comment les arrêter et comment changer de cap ?
Peut-être Ellsberg révèle la leçon plus profonde du film : devenir un acteur sur la scène de sa propre histoire rend la vie intéressante. Saul Landau appartient à l’Institute for Policy Studies Il a reçu la récompense du Bernardo O’Higgins du Chili pour les droits de l’homme. contrepunch a publié son A BUSH AND BOTOX WORLD
Daniel Ellsberg s’est rendu célèbre auprès du grand public en juin 1971 en fournissant au New York Times puis au Washington Post des extraits d’un rapport gouvernemental secret sur la guerre du Viêt Nam connu sous le nom de Pentagon Papers. Cela lui a valu d’être poursuivi pour vol, conspiration et espionnage.
Afin de récupérer son dossier médical, le cabinet de son psychiatre fut cambriolé en septembre 1971 par l’ancien agent de la CIA Howard Hunt et Gordon Liddy, travaillant pour des conseillers de la Maison Blanche[.
Cet épisode fut révélé en 1973 lors des auditions devant la Commission sénatoriale sur le Watergate, et les charges contre Ellsberg furent abandonnées. Plus récemment, il a pris position contre la guerre en Irak.
Reconnaissance: Daniel Ellsberg a été récipiendaire du prix Nobel alternatif en 2006,
« pour avoir placé la paix et la vérité en premier, au mépris de risques personnels considérables, et avoir consacré sa vie à inspirer les autres à suivre son exemple ».