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TEXTE REPRIS

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BANDERA ROSSA

 

Grève de la Fonction publique en Espagne.

massivement suivie le 8 juin

 en Espagne, avec 75% de grévistes 

 une étape vers la grève générale?

 une étape vers la grève générale?

Article AC pour http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net



Les travailleurs espagnols ont apporté une réponse ferme au nouveau plan d'austérité proposé par le gouvernement Zapatero et adopté à une voix près au Parlement le 27 mai dernier.

Plus de 75% des fonctionnaires auraient suivi la grève, bien que le gouvernement ait cherché à minimiser l'ampleur de la mobilisation, en opposant des chiffres trop ridicules, autour de 15%, pour être crédibles.

Les deux grands syndicats espagnols, l'UGT réformiste proche du PSOE, et les Commissions Ouvrières (CC.OO) historiquement liés au Parti Communiste, avaient en effet appelé à une grève de la fonction publique, ce jeudi 8 juin, pour protester contre les deux mesures-phares de ce nouveau plan: la diminution de 5% de la rémunération des fonctionnaires et leur gel ainsi que celui de l'ensemble des retraites pour 2011.

Les syndicats protestaient également contre une nouvelle contre-réforme du marché du travail (la huitième en 18 ans) qui devrait aboutir à une précarisation accrue du salariat, avec notamment des procédures de licenciement économiques simplifiées et moins onéreuses pour le patronat.

Dans un pays avec l'un des taux de CDD et d'intérim les plus élevés d'Europe (jusqu'à 35% il y a deux ans), et dans lequel désormais près de 5 millions de personnes  (plus de 20% de la population active) sont touchées par le chômage, ce nouveau plan d'austérité a été accueilli comme une véritable déclaration de guerre contre le monde du travail.

L'opposition des deux grands syndicats réformistes espagnols à ce nouveau plan d'austérité constitue un tournant.

En effet, ils avaient jusqu'alors privilégié le « dialogue social », la « concertation » et en fait avalisé les deux précédents plans de rigueur:

le plan E, début 2008, dit de stimulation de l'économie qui était en réalité un vaste plan de renflouement de l'industrie et des banques avec à la clé exonérations, subventions et libéralisations des secteurs publics

et le plan d'austérité première version, en janvier 2009, qui a notamment reculé l'âge de départ à la retraite de 65 à 67 ans

Cette fois, le mécontentement général vis-à-vis de la politique anti-sociale du gouvernement socialiste, allant bien au-delà des simples fonctionnaires, place le gouvernement socialiste dans une « situation d'extrême faiblesse » comme le remarquait El Pais, après le vote du plan il y a dix jours.

C'est ce changement dans le climat social qui a contraint ses derniers alliés fidèles, en premier lieu le syndicat réformiste de l'UGT, mais aussi, dans une certaine mesure, les CC.OO à mener l'opposition, même pour la canaliser ultérieurement.

75% de grévistes dans la fonction publique, des taux massifs dans les grandes corporations

Cette grève a toutefois prouvé l'étendue de la colère des travailleurs de la fonction publique et que le potentiel de mobilisation existe pour faire plier le gouvernement.

75% de grévistes dans la fonction publique, bien qu' inégalement répartis. Avec les taux les plus bas dans les établissements à petite concentration de travailleurs (administration locale, certains bureaux de l'administration centrale).

Mais avec des taux particulièrement élevés dans les grandes corporations:

huelga publico Ils approchent les 100% dans les réseaux de transports urbains de la plupart des grandes villes.

Dans l'éducation nationale, le taux de grévistes parmi les enseignants et le personnel atteint les 60% dans le primaire, les 70% dans le secondaire et les 90% dans le supérieur.

Dans la santé, le taux de gréviste global était compris entre 60 et 70%.

Sous le mot d'ordre: « 8 juin, grève du secteur public. Non aux coupes dans les dépenses publiques » plusieurs dizaines de milliers de salariés ont défilé dans l'après-midi dans les rues des grandes villes espagnoles.

Ils étaient effectivement une dizaine de milliers à défier la pluie à Madrid, en fin d'après-midi, pour un défilé de la place de Cibeles à la Puerta del Sol.

Un prélude à la grève générale?

Rien n'est moins sûr au vu du discours des dirigeants syndicaux

Cette mobilisation est-elle un prélude à un appel à la grève générale de la part des syndicats? Rien n'est moins sûr à entendre le secrétaire-général des CC.OO, Ignacio Fernandez Toxo, hier soir: « Jusqu'au dernier moment, on peut arriver à un accord, même quand on est parti de la table des négociations ».

Quelques jours avant la grève, Toxo s'était fendu d'une déclaration ambiguë: « nous sommes plus proches qu'il y a quinze jours d'une grève générale mais (...) la dernière chose dont le pays ait besoin en ce moment est justement une grève générale ».

Même discours chez le secrétaire-général de l'UGT, Candido Mendez: « S'il n'y a pas d'accord sur la réforme du marché du travail, nous nous retrouverons face à un scénario de grève générale. Nous voulons un accord équilibré, qui protège les jeunes et les chômeurs de longue durée ».

Dans le mot d'ordre de l'intersyndicale « Il y aura une grève générale si il n'y pas d'accord », c'est bien le deuxième terme qu'il faut mettre en premier.

La grève générale est un « ultima ratio », un atout que l'on garde dans sa manche, une menace sans conséquence.

L'objectif reste de revenir à la table des négociations, de jouer la carte du « dialogue social », pour obtenir quelques contre-parties à ce qui est pourtant un plan de guerre contre les travailleurs espagnols.

Le manque d'un Parti Communiste indépendant et d'un syndicat de classe en Espagne se fait ressentir

Même le syndicat historiquement lié au Parti Communiste d'Espagne (PCE) ne reprend pas son mot d'ordre de grève générale. C'est la conséquence logique de vingt ans de glissement réformiste des CC.OO, de vingt ans d'expérience désastreuse d'Izquierda Unida qui a rendu aujourd'hui le parti communiste invisible et ses propositions inaudibles. C'est ce qui a permis au PSOE de se construire des alliés vassalisés à sa gauche: Izquierda Unida et les CC.OO.

Aujourd'hui plus que jamais, c'est d'un PCE fort, indépendant et visible dont le peuple espagnol a besoin.

Si une direction résolue et conséquente manque au mouvement, cette journée de mobilisation a néanmoins prouvé qu'un potentiel de mobilisation immense existe en Espagne et qu'il est possible de mettre en échec ce gouvernement, avec, sans ou même contre des directions syndicales qui ont fait le choix de la « concertation ».

 

Tag(s) : #Lutte de Classe
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