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Falsification de l'histoire par France 2 :

exigeons un droit de réponse.

 

SIGNEZ LA PETITION

 

 par Annie Lacroix-Riz

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Le mercredi 3 août 2011, Franck Ferrand a accueilli Laurent Dingli, mari d’une héritière de Louis Renault (une des huit plaignants qui ont assigné l’Etat en mai 2011 à les indemniser de la confiscation des usines Renault de 1945) à son émission « au cœur de l’histoire ».

 

Au cours de cette nouvelle séance hagiographique et unilatérale s’est affiché le consensus complet entre les deux interlocuteurs au service de l’entreprise des huit héritiers de Renault, consensus affiché par les propos de conclusion du responsable de l’émission : « merci beaucoup, Laurent Dingli, d’avoir contribué à la réhabilitation de ce grand industriel ». J’y ai fait l'objet, comme tous les historiens (non nommés) supposés par M. Ferrand acharnés à « salir la mémoire de Louis Renault » à partir des années 1938-1939, d’une attaque en règle comme, selon les termes de M. Dingli, « historienne stalinienne […] ni[ant] les faits » avec laquelle « il est impossible de discuter ».

 

Vous trouverez l’essentiel des propos échangés par les deux interlocuteurs dans le rapide résumé (ci-joint) que j’ai fait dans la soirée du 3 août de  la partie concernant les années 1930 et l’Occupation, soit à peu près à partir de la moitié de l’émission. Vous excuserez son style télégraphique, mais il est seulement destiné à faire saisir l’essentiel à ceux qui n’auraient pas le temps d’écouter la totalité de l’émission, que vous pourrez écouter avec ce lien : http://www.europe1.fr/MediaCenter/Emissions/Au-coeur-de-l-histoire/Sons/Louis-Renault-654775/

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Franck Ferrand, Laurent Dingli

sur Louis Renault, à Europe 1,

le 3 août 2011

http://www.europe1.fr/MediaCenter/Emissions/Au-coeur-de-l-histoire/Sons/Louis-Renault-654775/

(la partie qui nous intéresse commence vers la minute 21), résumé Annie Lacroix-Riz (presque sans commentaire ici, mais le tout relève de la plus haute fantaisie)

 

Récit de Franck Ferrand sur Louis Renault, « patron dur, surtout envers lui-même »

« très malade […] depuis 1934 au moins », « en dessous de la situation » en 1939

En 1940, usine placée sous contrôle allemand, menace démontage des usines,

42 000 voitures commandées, mais multiples efforts de Renault pour se soustraire aux livraisons pour Allemagne (cf. infra topo sur importante production pour la France)

Refus subvention des nazis français, pas de collaboration, mais, à la Libération, son anticommunisme lui coûte cher

Emprisonné et maltraité en septembre 1944

Aphasique depuis bombardements mars 1942

« Pourquoi cette nationalisation » ?

 

Suit interview de Laurent Dingli, « biographe de Louis Renault »

 

F. le présente comme « historien très engagé dans cette affaire », évoque l’ordonnance du 16 janvier 1945 de confiscation et nationalisation, et présente Lefaucheux comme « responsable FFI région parisienne »

 

Dingli : bombardement mars 1942 « le plus dur pour lui », nationalisation ne l’aurait pas gêné, mais seulement discrédit et opprobre sur son nom

 

F. : Réhabilitation ?

 

D. Sur quelle base se fonde la revendication des héritiers ?

Condamnation sans jugement ni procès, qui « bafoue plusieurs principes de notre constitution ».

 

F. « voie de fait », « cas unique » dans l’histoire de la France. Seule nationalisation pour sanction. Pas d’autre exemple « condamnation d’un homme mort »

Puis F. évoque la démarche de Mme Renault de 1959 (sans rien dire de l’accord du 15 mars 1947 – cité par Gilbert HATRY, Louis Renault, patron absolu, Paris, JCM, 1990, p. 416‑419, que j’ai évoqué dans l’article paru sur Mediapart le 4 juillet 2011), mais nouveauté QPC depuis 2008 ;

 

Dingli : le but des héritiers n'est pas financier, mais toute démarche de réhabilitation bute sur nationalisation-sanction

 

F. Depuis années 1938-39, unanimité des auteurs pour « salir la mémoire de Louis Renault ».

 

D. surenchérit sur la fausse thèse d’une vengeance patronale du Front populaire si répandue, que les archives d’alors et d’Occupation démentent

 

F. cite la biographie de Renault par Dingli sur l’arrestation de Louis Renault et ses « conditions terribles »

 

D. dénonce « une très grande injustice » commise contre cet homme « très malade », urémique, dont la maladie s’est aggravée en raison du refus de soins, « il a été battu », comme l’établissent. « différents témoignages » de 1956 de personnes non apparentées à Louis Renault, quand veuve dépose plainte, or « maltraitance »

 

F. insister sur ce « traitement extrêmement dur et violent » réservé au vieil, censé s’inscrire dans une suite de comportements, puis évoque l’accès de Dingli aux « archives fondamentales » du cas de Louis Renault

 

D. souligne l’importance de son accès au dossier de justice sur dérogation, dossier dans lequel ne figure aucune « charge contre Louis Renault »,

 

F. mais on l’accuse d’avoir « négocié avec Allemands » ?

D. accusation « tellement vague » de l’exposé des motifs de l’ordonnance du 16 janvier 1945, qui n'est que le fruit de la « rumeur », flou, vague

Général de Gaulle et ses ministres disposent de tous les chiffres de production de la période de l’Occupation, or la production de Renault pour la France a été très importante « 65 000 véhicules », mais ces chiffres disparaissent du texte ordonnance

 

F. Fabrication pour les Allemands ?

 

D. nie que Louis Renault se soit précipité au-devant des occupants.

Quand usines sont réquisitionnées par Allemands, Renault est aux Etats-Unis pour négocier achat avions pour la guerre contre l’Allemagne, motif de sa rencontre Roosevelt ; or il rentre en France pour constater la présence commissaires allemands, ses usines étant sous le contrôle direct de commissaires allemands

Fabrication « plus de 30 000 camions »

 

F. évoque les rencontres de Louis Renault avec Hitler avant-guerre

 

D. « rencontre à chaque fois » entre deux pays qui ne sont pas en état de guerre, cf « la première fois » (date non précisée, il s'agit de celle de 1935), date à laquelle « l’Allemagne n’a pas encore commencé à réarmer », Léon Blum et Maurice Thorez pacifistes également pacifistes alors

Louis Renault bouleversé par Première Guerre mondiale « veut laisser une chance à la paix », et n’a jamais été zélateur du nazisme

 

F. Louis Renault accusé d’avoir « aidé certaines ligues », comme le dit votre adversaire sur Internet, Annie Lacroix-Riz

 

D. « Annie Lacroix-Riz est une historienne stalinienne » qui « nie les faits », et notamment les « crimes staliniens », « il est impossible de discuter avec elle », Louis Renault n’a jamais financé les ligues fascistes, et a condamné nazisme en 1937 (cette information sans référence – aucune référence n’a d'ailleurs été faite à des documents précis dans cette interview)

 

F. « qui avait intérêt à ruiner la réputation de Louis Renault » ?

 

D. « tout d'abord le parti communiste », qui le transforme en bouc émissaire (terme pas prononcé, mais le sens y est ; n'est pas précisé qui sont les autres naufrageurs de « la réputation de Louis Renault »)

Renault cible extrême droite française dans années 1930, qui l’accuse de concentrer les rouges aux portes Paris et donc promoteur révolution

 

Bref passage sur « un lieu de mémoire pour les Renault [qui] va être installé » île Seguin, et interview du responsable de cette initiative.

 

Mot de conclusion de FF. « Merci beaucoup, Laurent Dingli, d’avoir contribué à la réhabilitation de ce grand industriel »

 

Bibliographie citée (à l’exclusion de toute autre), la biographie de Renault par Laurent Dingli

 

 

 

J’ai adressé, ce jeudi 4 août, un courrier électronique

à M. Ferrand, reproduit ci-dessous :

 

Le Pecq, le 4 août 2011

Annie LACROIX-RIZ
Professeur émérite d’histoire contemporaine
Université Paris 7-Denis Diderot

 

Franck FERRAND
Au cœur de l’histoire
Europe 1

Monsieur,

 

Vous avez consacré le 3 août 2011 à Louis Renault une émission s’inscrivant résolument dans la campagne de « réhabilitation » conduite depuis 2010 par les huit héritiers de l’industriel. Vous avec présenté vous-même ce dernier sous un jour très favorable; vous avez invité le publiciste Laurent Dingli, mari d’Hélène Renault, héritière et plaignante dans une assignation contre l’État, « très engagé », avez-vous admis, dans le dossier judiciaire en cours; vous avez conclu l’émission en félicitant cet interlocuteur unique « d’avoir contribué à la réhabilitation de ce grand industriel ».

 

M. Dingli m’a en outre gravement mise en cause, me qualifiant entre autres, en réponse à une question de votre part sur la contestation de sa thèse « réhabilitatrice » par « Annie Lacroix-Riz », d’« historienne stalinienne […] ni[ant] les faits » avec laquelle « il est impossible de discuter ». N’ayant pas été conviée à « discuter », je n’ai pu apporter à vos auditeurs la preuve que cette accusation était infondée ni préciser sur quels faits et sources relatifs aux années 1930 et à l’Occupation allemande portaient mes désaccords avec M. Dingli.

 

Votre émission a été unilatérale, par ses intervenants (vous-même et M. Dingli), par sa bibliographie (la seule hagiographie de M. Dingli). Vos auditeurs n’ont pas été informés de la thèse adverse, soutenue, selon vous, par des historiens unanimement acharnés à « salir la mémoire de Louis Renault » à partir des années 1938-1939. Je ne doute pas que vous comptiez convier l’offensée que je suis à exposer ses arguments et suis à votre disposition pour une participation à votre émission Au cœur de l’histoire.

 

Veuillez agréer, Monsieur, l’expression de mes meilleures pensées.

Annie LACROIX-RIZ

 

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Je commenterai cette nouvelle manifestation de l’assaut patronal de grande envergure sur le dossier Renault, cette fois-ci sur la radio appartenant à M. Lagardère, le mardi 9 août, de 15 à 16 h. sur Radio Galère, 88,4 FM pour la région de Marseille et sur le site http://www.radiogalere.org/

 

 

Amitiés,

 

Annie Lacroix-Riz

Tag(s) : #Histoire
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