REACTION DE LA FNIC-CGT L'ANNONCE DE LA FERMETURE DE LA RAFFINERIE DE BERRE (13) :
« Défendre l’outil industriel commun »
29-09-2011
Charles Foulard, de la Fédération nationale des industries chimiques CGT, (à gauche) analyse la situation. Les salariés qui ont voté la grève et l’occupation se retrouveront à midi pour une assemblée générale. photo MIGUE MARIOTTI
Pour la Fnic-CGT, le syndicaliste CHARLES FOULARD réagit à l’annonce de la fermeture de la raffinerie de Berre.
Charles Foulard, connu du grand public, depuis le conflit sur les retraites comme coordinateur CGT du groupe Total, analyse et réagit pour la Fédération nationale des industries chimiques CGT à l’annonce, mardi par LyondellBasell, de son intention de fermer sa raffinerie de Berre-l’Étang.
Après plusieurs fermetures de raffineries, que pensez-vous des arguments avancés par les pétroliers sur le manque de rentabilité et les surcapacités de production en France ?
Nous réfutons l’argument d’une surcapacité de raffinage. La preuve est chiffrée : les dernières fermetures de raffineries ont abouti à une augmentation de nos importations. Or, si nous étions en situation de surproduction au plan national, ce ne serait pas le cas. En réalité, à cause d’un manque d’investissements dans nos outils industriels, la France est déficitaire en gazole et excédentaire en essence.
L’Institut français du pétrole a présenté un plan d’investissements pour corriger la situation, mais il a été balayé d’un revers de main par les pétroliers car pour eux les marges sont trop faibles dans le raffinage. Ils flinguent le raffinage et oublient que les marges sont fortes sur le pétrole brut et sur la distribution. Pourtant personne n’a jamais mis du brut dans sa voiture. Les pétroliers comme le gouvernement doivent prendre leurs responsabilités.
Pourquoi considérez-vous que la possible fermeture à Berre interpelle toute la filière ?
Le pétrole c’est une énergie mais aussi une matière première qui permet de produire un grand nombre de produits, depuis les plastiques jusqu’à certains médicaments. Une raffinerie qui ferme et c’est toute la filière qui est concernée. L’union départementale CGT réunira demain tous ses syndicats concernés pour analyser l’ensemble des impacts possibles et établir un plan de riposte.
Peut-on estimer que le durcissement des normes européennes environnementales et de sécurité jouent un rôle dans les choix des pétroliers ?
Bien sûr, l’Union française des industries pétrolières a d’ailleurs fustigé les surcoûts qui y seront liés. Les pétroliers ont fait le choix d’anticiper en agrandissant les dépôts d’importations. Une réglementation vertueuse est nécessaire pour une meilleure qualité de vie et un meilleur respect de l’environnement mais, si les importations ne sont pas soumises aux mêmes contraintes, c’est se tirer une balle dans le pied. C’est plus que contradictoire, c’est un non-sens.
Après l’annonce de LyondellBasell, vous avez mis en débat la possibilité d’une action de grève dans l’ensemble de la branche pétrole, comment chemine cette idée ?
Cette nouvelle annonce crée un traumatisme assez profond dans la profession. Des assemblées générales se sont tenues hier, d’autres se tiendront aujourd’hui pour permettre aux salariés de débattre des modalités d’action à mettre en œuvre. Nous ne laisserons pas les patrons de LyondellBasell accomplir ce non-sens dans un site pétrochimique intégré pour gaver les banques. Il faut défendre notre outil industriel commun. Nous sommes au début d’un processus, nous serons par exemple très vigilants sur le plan de réorganisation présenté par Total le 10 octobre. Tout cela est de nature à interpeller l’ensemble des salariés de la branche pétrole sur la voie dans laquelle les pétroliers et le gouvernement place l’outil de raffinage.
PROPOS RECUEILLIS PAR
LÉO PURGUETTE
TEXTE REPRIS SUR
LE BLOG DE JACQUES TOURTAUX