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Grèce

 

GREVE, CE  20 FEVRIER 2013

CONTRE

Le gouvernement, la troïka et le capital

 

Ils préparent une nouvelle attaque contre les salaires

La déclaration, mercredi dernier, du secrétaire général du ministère de l’Économie et des Finances, George Mergos, dans laquelle il déclarait que le salaire mensuel minimum de 586€ était «élevé», n’était ni une gaffe, ni le fait du hasard. Les déclarations des représentants du gouvernement et de l’Union européenne qui ont suivi, ont d’une part confirmé précisément cette estimation, et d’autre part que l'attaque contre les salaires les plus bas et par secteur n'était pas terminée.

Ces déclarations ont également confirmé que la Convention collective nationale générale du travail et d’autres conventions sectorielles et par profession restaient dans le collimateur du gouvernement, de l'Union européenne et des grands employeurs.

 

C'est pour cette raison que 

la grève générale

de ce jour, 

mercredi 20 février 2013

offre une excellente occasion aux travailleurs de non seulement revendiquer les acquits dont ils ont été dépossédés, mais aussi d’éviter les coupes sombres qui se préparent contre eux dans la période qui suit.

 

En fait les déclarations de Mergos, ne sont qu’annonciatrices de ce qui suivra. Elles sont d’autant plus importantes qu’elles ont été faites en avance de la nouvelle mise à jour du «Cadre à moyen terme de la stratégie des finances» et l’extension de nouvelles mesures. En particulier, par rapport au salaire minimum et la Convention collective nationale du travail [ΕΓΣΣΕ].

Ce qui se prépare découle très clairement de la lecture des memoranda, et les déclarations gouvernementales qui le «démentent» et le «réfutent» n’ont pas la moindre valeur.

 

Les plans existent déjà

Déjà depuis le deuxième mémorandum il était question de mesures qui «permettraient la réduction de l'écart entre le niveau du salaire minimum et celui de nos concurrents (le Portugal, l’Europe centrale et du sud-est).» 

Rappelons seulement que le salaire minimum en Bulgarie est de 123€ euros et en Roumanie de 156€!

En fait, après sa mise au vote, lors de la présentation du Rapport de la Commission européenne sur le «Deuxième programme d'ajustement économique pour la Grèce», le représentant de l'UE à la troïka Matthias Mors déclarait hardiment qu'il n'y avait pas de malentendu: 

«En ce qui concerne les salaires, nous avons traversé la moitié du chemin!»

La suite est présentée avec le Mémorandum 3, où il est prévu qu’en plus des diminutions de 22% et de 32% sur les bas salaires et l'abolition de la Convention collective générale nationale, il sera établi un nouveau système de détermination légale des salaires des travailleurs du secteur privé à travers le pays, comme suit:

«Avec les dispositions présentes est institué un nouveau système de fixation du salaire minimum mensuel pour les employés du privé et journalier pour les ouvriers/techniciens qui entrera en vigueur le 01/04/2013 (...)Par rapport au premier trimestre de 2014, ce système est noté pour son efficacité et sa simplicité de mise en œuvre, la réduction du chômage, la croissance de l’emploi, ainsi que l’amélioration de la compétitivité

C’est justement ces prévisions qu’a rappelé Olli Rehn, lors de ses récentes déclarations. Mais c'est bien ici que se cache l'essence qui déterminera ce qui suivra.

Parce que la corrélation entre l'efficacité du nouveau système avec l’augmentation de l'emploi et l'amélioration de la compétitivité annonce une nouvelle réduction des bas salaires, compte-tenu que pour le gouvernement et l'Union européenne, les salaires sont un obstacle à la compétitivité et à l'emploi. 

C’est ce qu’a déclaré sans ambigüité George Mergos.

C'est pourquoi tous ceux dans le mouvement syndical - comme de la majorité de la ΓΣΕΕ[Confédération générale des travailleurs de Grèce - NdT] – qui parlent de la nécessité de renforcer la compétitivité comme condition pour sortir de la crise, ne font qu’apporter de l'eau au moulin du gouvernement capitaliste et de la Troïka, qu’ils font semblant de condamner.

Toutefois, la réduction des salaires ne se limite pas aux salaires minimum. Au couperet de la compétitivité sont visés tous les salaires, même ceux prévus par les Conventions collectives par secteur et par profession.

Déjà, pour des dizaines de secteurs où les Conventions collectives sont venues à échéance les employeurs utilisant chantages et menaces ont imposé à des milliers de travailleurs des conventions individuelles avec des réductions de salaires allant jusqu’à 30%.

Après l’expiration jeudi dernier de 42 conventions collectives sectorielles et la fin de leur «période transitoire» mi-mai, les travailleurs de ces secteurs seront confrontés aux mêmes exigences des employeurs. De surcroît le gouvernement a pris soin de donner aux employeurs des armes supplémentaires, mettant des obstacles à la signature de toute convention en altérant le rôle de l’ΟΜΕΔ [Organisme de médiation et d’arbitrage], auquel ne peuvent désormais recourir les syndicats unilatéralement. Même quand cette convention est signée elle ne s'étend pas aux entreprises dont les propriétaires ne sont pas membres des syndicats d’employeurs susceptibles de les conclure.

La guerre totale

Il devient donc évident que toute la classe ouvrière est confrontée, non seulement à quelques mesures anti-ouvrières isolées, mais a une guerre totale. C’est à cela que sert précisément l'aggravation de l’arbitraire et de la répression, qui s'intensifient de jour en jour et qui ciblent quiconque sort dans la rue pour oser protester. Le comportement arbitraire du gouvernement et des employeurs devient une composante de l'offensive contre la classe ouvrière et le peuple, et non pas seulement un complément, comme c'était habituellement le cas jusqu'à présent.

C’est pour cela que le caractère de l’attaque, son universalité et la profondeur qu’elle acquiert doit aussi déterminer la stratégie de la classe ouvrière elle-même. Les luttes isolées ne sont plus suffisantes, ni non plus les éclats occasionnels. Il est impératif de planifier la lutte, avoir des syndicats combatifs, et une orientation et une perspective de classe.

Aucun secteur aujourd'hui ne peut seul porter le poids d'une telle confrontation. L’heure de la mobilisation générale des travailleurs est arrivée. Les luttes qui cibleront bien l’adversaire, rallieront de larges masses et assureront la participation massive et l'initiative des travailleurs.

Le cadre revendicatif de la confédération syndicale ΠΑΜΕ [PAME - Front de lutte de tous les travailleurs], et sa proposition, que soient signées de nouvelles conventions collectives, son mot d’ordre de rassemblement et sa stratégie, répondent bien à cette nécessité.

Dans ce sens, lors de la grève de ce jour,  20 février, pourront être faites de nouvelles et décisives percées, élevant le niveau de la lutte, en jetant les bases pour de nouvelles confrontations de classe.

C. Zach.

———————————

[Ριζοσπάστης, 17.2.2013]

[Traduction : Alexandre MOUMBARIS


 

Tag(s) : #Europe
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