Selon l’historienne, dès 1930, les Michelin, Schneider et autres Citroën n’ont eu qu’une seule idée en tête : offrir la France à l’Allemagne.
Annie Lacroix-Riz est une historienne qui cherche des histoires. Enquêtes sur la production de Zyklon B en France pendant l’occupation, sur le rôle de Pie XII dans l’holocauste, la dame se sème des ennemis autour comme Larousse le pissenlit. Le plus connu est l’historien Stéphane Courtois, dont vous connaissez la pub étalée dans Le Livre noir du communisme : nazis et cocos, c’est kif-kif.
Ce Courtois occupe la boutique de l’histoire comme Afflelou vend des lunettes sur la Grande Muraille.
Dans Le Choix de la défaite, la pétroleuse nous démontre que, de 1930 à 1939, nos élites financières, politiques, militaires et journalistiques (ça existe), n’ont eu qu’une idée : faire cadeau de la France à l’Allemagne. Ah ! L’amitié blonde. S’il est précieux de tenir ce bouquin au chaud, c’est que ce temps jadis explique aussi celui qui est encore le nôtre. Des banques, des dynasties, des partis, imperméables aux années qui passent et à l’épuration, continuent de fonctionner à l’essence d’époque.
En 1944, quelques mois avant d’être assassiné, le grand historien et résistant Marc Bloch écrit :
« Le jour viendra, et peut être bientôt, où il sera possible de faire la lumière sur les intrigues menées chez nous de 1933 à 1939 en faveur de l’Axe Rome-Berlin… »
Voilà, Marc, nous y sommes. Page après page, on voit la Banque de France, à l’époque un club regroupant les grandes banques privées, diriger la politique de la France. Autour d’elle, les Wendel, Schneider, Michelin, Renault, Citroën, ou Peugeot s’agitent pour confondre leurs intérêts avec ceux du chancelier Hitler. Ce Renault, qui a l’exclusivité de la fabrication des tanks, mais refuse d’en produire. Ce Schneider qui détient la licence des canons de 105 ou 155, lesquels explosent en même temps que leur obus. Ce Schneider encore qui, à la demande des nazis, interdit à Skoda, sa filiale tchèque, de vendre aux Russes. Et nos trusts tout contents de livrer notre minerai de fer, notre bauxite à Hitler, pour qu’il fabrique de jolis chars et de beaux avions.
Drôle de temps vers une drôle de guerre. La Banque de France, toujours aux commandes, qui prête de l’argent à 4% à nos amis nazis, alors que le taux officiel est à cinq. La même BDF qui, en 1938, refuse de rendre à la République d’Espagne sa réserve d’or stockée en France. Préférant la remettre à Franco afin qu’il en rétrocède une partie à Hitler. Non seulement les élites ne font pas un geste contre le régime nazi mais l’aident à devenir plus fort.
N’oublions pas, dans cette rafle du dégoût, les patrons du textile du Nord, vendant leur étoffe afin d’y couper de saillants uniformes SS, SA ou de la Wehrmacht. Tous ces marchands ont bien compris que « mieux vaut Hitler que le Front populaire ». Ce qui n’est pas courtois pour un Front Popu qui fut pourtant si gentil avec le « grand capital ».
D’ailleurs, le nazisme est en si bonne intelligence, chez nous, avec ceux qui comptent, que personne ne proteste quand, en 1934, l’Allemagne exige un certificat d’aryanité pour tout Français travaillant pour une firme tricolore installée outre-Rhin !
Justement, à partir de 1934 la Synarchie, mafia née autour de Polytechnique dans les années 20, et regroupant quelques dizaines de très hauts technocrates qui souhaitent pour la France un régime « hors des partis » – genre fasciste – puis la Cagoule, bras militaire de cette Synarchie, désignent secrètement Pétain et Laval comme leurs maîtres. D’ailleurs, douze mille officiers deviennent des cagoulards peu chauds, bien sûr, pour se battre contre leurs frères fascistes fascinés par le petit caporal du XXe siècle. Tous, synarques et ligueurs, appuyés par l’état-major de l’armée, avec un flot d’argent pour corrompre la presse, complotent pour que ce duo fasse don de sa personne à la France. Tant pis si, pour en arriver là, il faut faire le choix de la défaite.