dimanche 26 octobre, 11:11, Saint Dimitri
Des centaines de milliers de personnes ont manifesté samedi dans les rues de Rome pour dénoncer le projet de réforme du marché du travail de Matteo Renzi et rappeler au bouillonnant chef du gouvernement qu'il devait compter avec les syndicats.
Selon les organisateurs, la manifestation à l'appel de la CGIL, le principal syndicat du pays, a mobilisé un million de personnes. Les forces de l'ordre n'ont pour leur part fourni aucune estimation.
Pour encourager les embauches afin de lutter contre le chômage, le gouvernement Renzi prévoit de faciliter les licenciements et de réduire les droits et protections des salariés dans leurs premières années de contrat.
Le projet de loi de cette réforme centrale pour le gouvernement, appelé "Jobs Act", a été approuvé le 9 octobre par le Sénat -- le gouvernement avait posé pour cela la question de confiance -- et doit encore recevoir le feu vert de la Chambre des députés.
"Nous voulons du travail pour tout le monde, et du travail avec des droits. Nous manifestons pour ceux qui n'ont pas de travail, pas de droits, ceux qui souffrent, ceux qui n'ont aucune certitude pour l'avenir", a déclaré à la foule Susanna Camusso, secrétaire générale de la CGIL.
"Nous sommes ici et nous n'allons pas en partir. Nous allons faire grève, et nous allons mobiliser nos forces pour nous battre afin de changer les politiques du gouvernement", a-t-elle ajouté en annonçant une nouvelle manifestation le 8 novembre.
En tête des cortèges qui ont sillonné la capitale italienne dans la matinée, des milliers de jeunes venus de tout le pays ont brandi les drapeaux rouges de la CGIL, en chantant l'hymne national.
Le chômage des jeunes est actuellement de 44% en Italie, et la plupart des premiers emplois restent précaires.
"Nous sommes ici pour dire que l'insécurité de l'emploi n'est pas notre destin. Nous voulons des investissements dans l'avenir", a lancé à la foule un jeune armé d'un mégaphone.
Des 'frondeurs' dans le cortège
Même s'il n'est pas rare de voir les Italiens descendre dans les rues pour faire entendre leur mécontentement, c'est la première fois qu'une manifestation si massive est tournée contre le Parti démocrate (centre gauche) de M. Renzi, historiquement lié aux syndicats.
Le parti lui-même est divisé sur les mesures proposées, en particulier sur une éventuelle refonte de l'article 18 du code du travail -- un symbole social très fort en Italie -- qui protège des licenciements abusifs.
Même si l'essentiel n'est pas dans le texte de loi mais dans les décrets d'applications qui suivront, beaucoup de voix au sein des syndicats et de la gauche accusent M. Renzi de chercher à brader les droits des salariés.
Et alors que le chef du gouvernement était samedi à Florence pour la "Leopolda", une réunion annuelle qu'il a instaurée en 2009 pour inviter responsables et public à dialoguer de l'avenir du pays, plusieurs "frondeurs" du PD ont choisi de défiler à Rome.
M. Renzi table en effet sur la crédibilité de son programme de réforme pour essayer de faire passer auprès de Bruxelles un projet de budget plus expansif que prévu, alors que le pays s'attend à une nouvelle année de récession en 2014 et que le ratio dette publique/PIB devrait dépasser 133% en 2015.