d'une mise en examen
PARIS (Reuters) - Les laboratoires Servier, mis en cause dans l'affaire du Mediator, sont convoqués par des juges d'instruction à Paris en vue d'une possible mise en examen, a-t-on appris mardi auprès de l'un de leurs avocats.
Deux témoignages versés au dossier ont accrédité mardi l'hypothèse que les laboratoires Servier ont dissimulé la vraie nature du médicament qui a fait de 500 à 2.000 morts en France de 1976 à 2009..
alors que le médicament, interdit aux Etats-Unis depuis 1997, a aussi été retiré du marché en Italie et en Espagne en 2005.
Cette affaire a déstabilisé le système français de santé et conduit à une remise en cause de la place de l'industrie pharmaceutique, de son influence et de ses liens avec les autorités politiques.
Dans des dépositions publiées mardi par Libération et Le Figaro, dont Reuters a confirmé la teneur par une source proche du dossier, deux anciens chercheurs ayant travaillé pour les laboratoires Servier ont admis que la présentation du médicament avait été falsifiée pour pouvoir le commercialiser.
Le Mediator a été présenté comme un antidiabétique, ce qu'il n'était pas, afin d'obtenir l'autorisation de mise sur le marché (AMM), alors qu'il s'agit d'une amphétamine coupe-faim, ont-ils dit aux juges chargés d'une information ouverte à Paris, notamment pour "homicides et blessures involontaires".
Le professeur Jean Charpentier, employé de Servier dans les années 1960 et 1970, entendu en juillet, a déclaré selon Le Figaro : "Le mot amphétamine était à éviter pour présenter un dossier à l'AMM".
Il a été "très étonné de voir le Mediator sortir comme antidiabétique alors que ça n'a rien à voir sur le plan expérimental, ni sur le plan clinique".
"LE MENSONGE, CULTURE D'ENTREPRISE SERVIER"
François Honnorat, avocat de certaines victimes du Mediator qui poursuivent les laboratoires pour "tromperie aggravée", a estimé que ces éléments confortaient le scénario déjà retenu.
"Les éléments étaient connus et fortement suspectés, ils sont maintenant incarnés par des témoignages. Ça devient documenté, le mensonge est une culture d'entreprise chez Servier", a-t-il à Reuters.
Une audience se tiendra le 26 septembre au tribunal de Nanterre sur ce dossier porté par environ 150 plaignants pour fixer les débats sur le fond au printemps, avec sur les bancs des prévenus les laboratoires Servier, sa filiale commerciale, son président fondateur Jacques Servier, 88 ans, et quatre autres dirigeants.
L'affaire est sensible politiquement du fait des liens de Jacques Servier avec le monde politique, à droite et à gauche. Nicolas Sarkozy a été, avant d'être chef de l'Etat, son avocat et, en tant que président de la République, il lui a remis personnellement la Légion d'honneur en 2008.
500 à 1.000 morts en France !
Que d'honneur pour le patron d'un laboratoire accusé en l'an 2000 de ficher et trier ses futurs embauchés sur des critères politiques, sexuels et ethniques, afin d'éviter les homosexuels, les citoyens de gauche comme le rappelait Marianne il y a 15 jours, sur la foi d'une l'enquête diligentée à l'époque et que le parquet de Nanterre avait classée sans suite (merci le Procureur de Nanterre...).
Par exemple, d'après France Soir, un salarié du groupe affirme n’avoir jamais vu "aucun Noir travailler chez Servier. Pour le ménage, ce sont des Français et des Portugais", explique-t-il sur son blog.
On se demande donc si Nicolas Sarkozy ira à nouveau féliciter Jacques Servier, le patron tout puissant lors de la prochaine réunion du Premier Cercle de l'UMP.
Un Sarkozy qui sent que le vent du boulet s'est aujourd'hui emparé de l'affaire.
Un Premier Cercle de l'UMP est toujours en activité, nous apprend Dominique Bord, trésorier de l'UMP, malgré les affaires Bettencourt et Wildenstein. Nicolas Sarkozy continuera d'ailleurs de rendre visite aux merveilleux Pères Noël de son parti. Pourquoi donc se priver...
Mais plus que jamais, pour Nicolas Sarkozy et l'UMP, l'argent n'a pas d'odeur...