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AgoraVox
inspirateur d’un livre :
"L’heure des infos"

On l’appelle de son diminutif « l’info ». Mais cette familiarité traduit-elle pour autant une connaissance intime de l’information ?
Où l’aurait-on acquise ?
À l’École, à l’écoute des médias ?
Ils n’en livrent que des leurres, mais en se gardant évidemment de le dire.
 

« L’heure des infos, L’information et ses leurres » de Pierre-Yves Chereul (Paul Villach), ce livre réunit un choix d’articles prélevés parmi les quelques 400 qu’on a publiés sous le pseudonyme de Paul Villach, entre janvier 2006 et septembre 2009 sur AgoraVox.

 

L’actualité a fourni au jour le jour leurs sujets comme autant d’exemples pour vérifier et illustrer la validité d’une approche de l’information très différente de celle que répandent les médias et qu’enseigne l’École. Pierre-Yves Chereul a déjà eu l’occasion de l’exposer dans plusieurs ouvrages, et en particulier dans deux d’entre eux,
« Le Code de l’information » (Editions Chronique Sociale, Lyon, 1989) et
« Les médias, la manipulation des esprits, leurres et illusions  » (Éditions Lacour, Nîmes, 2006).

 

« L’heure des infos, L’information et ses leurres » Éditions Golias,
320 pages, 19 euros, en librairie le 30 octobre 2009

 

Voici quelques bonnes feuilles
présentées en avant première sur
AgoraVox :

 

Un point de vue sur l’information qui cible les leurres

 

Les notions de leurres et de réflexes qu’ils déclenchent, y occupent, en effet, une place centrale, alors qu’elles sont quasi absentes de « la théorie promotionnelle de l’information  » sans cesse martelée par les médias et malheureusement apprise par l’École à ses élèves.

La raison de cette différence et de cette divergence coule de source : elle tient au point de vue adopté quand on parle d’information. Selon que l’on est chasseur et pêcheur d’un côté, ou gibier et poisson de l’autre, l’information n’est évidemment pas perçue de la même manière, puisque les intérêts de chacun ne sont pas les mêmes. Est-il besoin d’épiloguer ? L’image parle d’elle-même. 

On n’est donc pas étonné que les médias partagent le point de vue du chasseur et du pêcheur. On peut être surpris, en revanche, que l’École de la République en fasse autant. Les uns et les autres visent des cibles et des proies. S’ils ne veulent pas rentrer bredouilles, ils n’ont donc aucun intérêt à éventer les pièges qu’ils fourbissent pour les atteindre ou les capturer, les rendre captives ou les captiver. A-t-on jamais vu chasseur et pêcheur apprendre à leurs proies les moyens de se protéger contre leurs leurres ?

On conviendra sans peine qu’il n’en va pas de même pour le gibier et le poisson. Il est pour eux de la plus haute importance de bien connaître les leurres de leurs prédateurs s’ils veulent ne pas s’y laisser prendre pour sauver leur vie.

 Une théorie de l’information qui adopte le point de vue du gibier et du poisson doit donc s’intéresser nécessairement aux leurres du chasseur et du pêcheur. Car, on finirait par l’oublier en écoutant les médias, l’univers médiatique est constitué structurellement de leurres et d’illusions.

 

 

L’ordre d’une grille d’analyse de l’information

 

Bien qu’écrits dans le désordre au hasard de l’actualité, ces articles s’inscrivent dans un ordre rigoureux, celui de la grille d’analyse de l’information qu’ils appliquent. Chaque fois, les leurres y sont repérés et examinés à sa lumière. Il va de soi que chaque cas en présente plusieurs. Mais pour la clarté de l’exposé et de l’illustration, on n’en a retenu qu’un seul en exergue de chaque article.

 

Un premier classement sommaire de ces leurres organise le plan du livre en trois parties.


1- Dans la première, sont rappelées deux des données structurelles de « la relation d’information » et les leurres qui sont employés pour les occulter.

- L’une est le principe fondamental auquel elle obéit : nul être sain ne livre volontairement une information susceptible de lui nuire.

- L’autre donnée est l’infirmité native de la perception de la réalité par l’être vivant : il ne perçoit la réalité qu’à travers le prisme déformant de médias et donc ne peut prétendre qu’à « une représentation de la réalité plus ou moins fidèle » ; selon l’image de Paul Watzlawick, on n’accède jamais au « terrain » mais à « la carte » qui le représente.

 

2- Dans la seconde et la troisième partie, ce sont deux propriétés de l’être humain que les leurres tentent de maîtriser :

- l’une est « l’exigence de rationalité  » - ou besoin de comprendre - qui peut être trompée ou paralysée par des leurres ;

- l’autre est « l’exigence d’irrationalité  » - ou besoin de voir ses pulsions ou désirs satisfaits - que les leurres peuvent canaliser voire suborner en stimulant des réflexes.

Blaise Pascal, dans ses « Pensées », parle de la raison et du cœur :
« Le cœur a ses raisons que la raison ne connaît pas  », écrit-il, ou encore « La raison a beau crier, elle ne met pas le prix aux choses. » 

 

C’est en conclusion qu’est alors proposé un classement récapitulatif plus affiné des leurres principaux répertoriés tout au long du livre, faisant apparaître leur fonction spécifique dans « la relation d’information ». Car, avant d’être la stratégie de la malignité, le leurre est le produit de la nécessité.

L’information est, en effet, « la représentation d’un fait donnée volontairement ou au contraire dissimulée, ou encore extorquée », sur laquelle s’exercent trois contraintes inexorables :

1- la première est la contrainte des motivations de l’émetteur,

2- la deuxième, celle des médias, diffuseurs et récepteurs d’information,

3- la troisième, celle des propriétés du récepteur.

 

 

Une représentation de « la relation d’information » optimiste

 

Certains parleront de représentation bien pessimiste de « la relation d’information », expression qu’on préfère pour éviter le mot « communication » devenu précisément un leurre ! Les publicitaires ont, en effet, réussi à l’imposer en remplacement du mot « publicité », jugé discrédité, pour faire croire à une relation qui serait dépourvue de toute intention ou de tout effet d’influence entre un émetteur et un récepteur, comme si c’était possible.

Car pas plus qu’on ne peut échapper à la loi de la pesanteur, on ne peut se soustraire à celle de l’influence quand deux êtres vivants, hommes ou animaux, entrent en contact l’un avec l’autre. C’est pourtant le contraire que beaucoup s’obstinent à faire croire.

 

Une prétention répandue à s’affranchir de la loi d’influence


Les uns, qui s’accommodent de l’ordre établi, soutiennent que le respect d’une déontologie ou d’une éthique, est la garantie d’accès à une information fiable qui est un droit de l’homme. On le croirait volontiers si ce respect allégué était lui-même toujours garanti. L’expérience montre que ces professions de foi ne résistent pas toujours, loin de là, aux contraintes qui s’exercent sur l’information.

Les autres, partisans d’une société alternative, prétendent que seul un changement de société fondée, par exemple, sur le respect des droits de l’homme permettra d’assurer une information fiable. Or, on ne sache pas qu’un droit soit toujours reconnu sans jamais être menacé. Au surplus, les sociétés alternatives dans le passé ont même donné les pires exemples de société où l’information n’était pas fiable du tout.

L’un et l’autre camps, en somme, prétendent s’affranchir de la loi de la pesanteur, l’un par une prétention à la rigueur morale, l’autre par le jeu des forces socioéconomiques d’une juste révolution sociale. Peut-on prendre au sérieux des gens qui soutiennent qu’avec eux les objets ne tombent pas ou, mieux, qu’ils resteront en état d’apesanteur ?

 

Vivre avec la loi d’influence comme avec la loi de la pesanteur


Admettre la loi de la pesanteur, est-ce donc faire preuve de pessimisme ? Que peut-on construire en la niant ? L’intégrer, au contraire, dans sa représentation de la réalité a même permis aux avions de voler et aux fusées de s’arracher à l’attraction terrestre.

Il en est de même de la loi d’influence qui gouverne « la relation d’information » : la nier est le premier leurre dont il faut se garder pour accéder à une représentation de la réalité la plus fidèle possible. 
          C’est à cette condition que la transformation du monde devient possible.
          La théorie de l’information que l’on propose, est donc résolument optimiste. »

 

 

L’heure des infos, L’information et ses leurres » de Pierre-Yves Chereul (Paul Villach) ; Éditions Golias, 320 pages, 19 euros, en librairie le 30 octobre 2009

 

Tag(s) : #Pages d"écriture
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