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L’Occident, à rebours de l’Histoire ?

 

par Jean LEVY

 

Posons la question : comment a commencé la fameuse « révolution libyenne », telle que les médias nous l’ont  présentée ?

A-t-on vu à Benghazi, des foules scandant des mots d’ordre révolutionnaires comme celles de l’avenue Bourguiba à Tunis, de la place Tahrir au Caire, ou de la Perle à Bahreïn ?

On nous explique aujourd’hui, qu’il a suffi, pour que tout explose en Libye, d’un seul « kamikaze de la liberté », lançant sa voiture, bourrée d’explosifs, contre l’enceinte d’une base fortifiée de Kadhafi, à Benghazi.

Dès lors, les murailles, et avec elles le régime, se sont définitivement, effondrés, et le pouvoir réduit à la périphérie de Tripoli !

 

Ce qui se passe en Libye n’a donc rien à voir avec les révoltes populaires de masse de Tunisie ou d’Egypte. Celles-ci se poursuivent et la lutte continue contre ceux qui, de l’intérieur ou de l’étranger, veulent confisquer la révolution.

 

Faute d’endiguer ce torrent, les Occidentaux se sont concentrés sur la Libye, présentée comme l’enfer sous la férule d’un psychopathe.

Un psychopathe, hier encore fréquentable jusqu’au palais de l’Elysée

 

L’heure a changé. Elle est,  aujourd’hui, à « l’ingérence humanitaire » au nom des Droits de l’Homme et de la Démocratie.

 

Le nouveau locataire du quai d’Orsay confirme cette orientation :

S’exprimant sur France Inter, la semaine passée, Alain Jupé déclarait :

« On a parlé de la non ingérence dans les affaires des pays à travers la planète. Mais il y a un autre devoir qui a été très clairement adopté par les Nations-Unies. C’est la responsabilité de protéger. Lorsqu’un gouvernement n’est pas capable de protéger sa population et qu’il l’agresse, alors la communauté internationale a le devoir d’intervenir.»

On veut nous refaire le coup du Kosovo et de la guerre déclenchée par l’Otan, dans les Balkans, en 1999. A l’époque, le « méchant », c’était Milosevic, aujourd’hui, c’est Kadhafi, et avant lui, Nasser, qui avait eu l’audace de nationaliser le canal de Suez.

Les peuples tunisien et égyptien opprimés par des tyrans corrompus n’avaient, depuis des décennies, tiré aucune larme de nos dirigeants. Ceux-ci n’y voyaient aucune atteinte à la Démocratie. Au contraire, les rapports entre Paris, Washington, Tunis et Le Caire étaient au beau fixe. Chacun y trouvait son compte et ses profits. A-t-on entendu une seule fois, la France, l’Union européenne et les Etats-Unis menacer Ben Ali ou Moubarak du Tribunal Pénal International ? Ou de sanctions économiques ? Jamais !  Les fortunes mal acquises des dictateurs arabes « faisaient des petits » dans les banques occidentales, et les palaces africains abritaient nos gouvernants, sans bourse déliée. C’était le bon temps, gâché depuis décembre, par des peuples en colère.

Alors pourquoi, brutalement, ces bruits de bottes, à propos de Kadhafi ?

Une tentative de remettre de l’ordre,  « l’ordre occidental », dans les affaires du monde ? Il y a vingt ans, le « mur » venait de tomber, l’avenir semblait radieux aux détenteurs de capitaux, trônant seuls sur la planète. Mais , aujourd’hui, la suprématie de l’argent est remise en cause. Cuba n’est plus un îlot isolé sur la surface du globe. De Car    acas à Téhéran, Wall Street n’a plus cours. La Chine populaire a enfilé ses bottes de sept lieues. Elle s’est hissée sur le podium, à la seconde place. Et maintenant, l’Afrique s’éveille.

Les Etats-Unis et toute sa « communauté internationale » mesurent le danger encouru. Sont ils tentés de ralentir le cours de l’Histoire, voire de l’inverser ?

   

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