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Sauvons l'Ecole
L'UNEF pour la grève dans les universités
"si les assemblées générales sont représentatives"
« Sud Ouest » Vous avez appelé les étudiants à manifester mardi contre la réforme des retraites. Peuvent-ils se sentir concernés par une question si lointaine pour eux ?
Jean-Baptiste Prévost La réforme qui reporte l’âge légal de la retraite à 62 ans ferme un peu plus les portes de l’emploi pour les jeunes et elle contribue un peu plus à accroître leurs difficultés d’insertion, pas dans quarante ans, mais dans deux à trois ans. Ce sont un million d’emplois qui ne seront pas libérés sur le marché du travail d’ici à 2016. C’est donc une dégradation des difficultés d’insertion sur le marché du travail qui se profile. De plus, avec une réforme qui ne prend pas en compte l’allongement de la durée des études et les périodes de précarité et de chômage, cette réforme prive un peu plus les jeunes du droit futur à une retraite financée par la solidarité. Compte tenu des carrières « à trous » qu’ils subiront, ils n’auront pas la possibilité de payer des cotisations pour obtenir des pensions à taux plein.
C’est donc une préoccupation immédiate ?
Le message que le gouvernement envoie aux jeunes, c’est « travaillez plus longtemps, travaillez plus dur, restez pauvres et excusez-nous pour le chômage ». Ce n’est pas une perspective d’avenir pour les deux ou trois prochaines années. La réforme va pénaliser les conditions d’’embauche des jeunes alors qu’ils ont été en première ligne de la crise économique.
Beaucoup de jeunes étudiants qui savent quelles sont les perspectives démographiques de la France, se disent-ils qu’ils devront épargner pour leur retraite ?
C’est justement à quoi pousse insidieusement cette réforme ainsi d’ailleurs que celles qui l’ont précédée. C’est une curieuse conception du progrès de la civilisation de considérer qu’un allongement de l’espérance de vie doive automatiquement se traduire de l’allongement du temps passé au travail. Si les jeunes sont contraints à la capitalisation, ils ne le souhaitent pas parce que tout simplement, ils n’auront pas les moyens de mettre de l’argent de côté. Déjà, ils n’ont pas les moyens de rembourser les prêts quand ils font des études, ils n’ont pas les moyens d’accéder à la propriété immobilière ! C’est pour cela qu’ils n’en veulent pas, d’autant qu’ils ont compris avec la crise que les fonds de pension peuvent être ruinés du jour au lendemain.
En tant que président de l’UNEF, vous appelez les jeunes à manifester, cela peut-il aller jusqu’à un appel à la grève des étudiants ?
A ce stade, rien n’est exclu. Nous les appelons à se mobiliser aux côtés des salariés, nous devons participer encore plus massivement aux manifestations, quelque chose est en train de naître dans la jeunesse. Se mobiliser, cela veut dire se réunir en assemblées générales, voter la grève lorsque les assemblées générales sont représentatives et significatives.