TEXTE REPRIS SUR
EL DIABLO
LA GAUCHE EN DÉFENSIVE
FACE À L’EXTRÊME DROITE
Par le Mouvement politique d’éducation populaire (M’PEP).
Le 6 février 2012.
Les militants de gauche auront été probablement traumatisés à la lecture du sondage publié dans le journal « L’Humanité » du 3 février 2012. On y apprend que les intentions de vote en faveur de Marine Le Pen atteignent 25% chez les sympathisants de FO, 22% chez les sympathisants de la CGT (à égalité avec Jean-Luc Mélenchon), 13% chez les sympathisants de Sud.
La gauche a peur d’évoquer franchement certains thèmes comme la sortie de l’euro, le protectionnisme, le démantèlement de l’Union européenne, produire et acheter français, la démondialisation... Ce sont les axes politiques que le M’PEP défend. Pour autant, le M’PEP et le Front national disent-ils la même chose puisque ce dernier, apparemment, utilise également ce vocabulaire ?
En réalité, la souveraineté nationale est un principe politique qui peut être invoqué pour mener une politique de gauche, de droite ou d’extrême droite. Il ne faut donc surtout pas l’abandonner au Front national. Le M’PEP est un mouvement qui est pour la souveraineté populaire et nationale, car seule l’application de ces deux principes permettra de mener de véritables politiques de gauche.
Il ne faut pas confondre les moyens et les buts
La question de la souveraineté nationale, posée à travers la « construction » européenne, le dogme libre-échangiste et la mondialisation, clive le paysage politique français autant que la différence droite-gauche, mais selon un axe transversal à celui-ci. Les mouvements qui se présentent comme favorables à la souveraineté nationale, à droite (DLR, UPR, FN…), à gauche (M’PEP, MRC, POI, PRCF…), ou hors de ce clivage (NAR…), évoquent la restauration de la souveraineté nationale pour permettre à la France de reprendre son destin en main.
C’est une autre question de savoir si leurs propositions le permettraient réellement. À quelques variations près, ils disent tous qu’il faut :
• sortir le traité de Lisbonne de la Constitution française (il n’y a que le M’PEP).
• dénoncer l’Union européenne (en sortir).
• sortir de l’euro.
• restaurer la souveraineté populaire.
• pas de règle d’or, la politique budgétaire appartient à la nation, elle sert le développement des services publics, base de la politique d’égalité entre les citoyens.
• nationaliser les banques et la politique monétaire.
• refuser de payer la dette de l’État aux banques privées (sauf les partis souverainistes de droite et le FN).
• réindustrialiser la France.
• rompre avec le libre-échange et mettre des barrières douanières.
La « démondialisation » est souvent évoquée.
L’étoile polaire de la gauche,
c’est (ou devrait être) le socialisme
Si ces mesures sont une nécessité, elles ne sont pas une finalité. Pour la gauche, elles ne sont qu’une étape parmi d’autres pour rompre avec l’ordre libéral et avec le capitalisme. Un véritable programme de gauche doit :
• démanteler les marchés financiers.
• mettre fin au chômage en une seule mandature en faisant financer des millions de salaires par la puissance publique.
• rendre opposable le droit à l’emploi.
• donner du pouvoir aux salariés et à leurs organisations syndicales pour faire rentrer la République dans la sphère économique et dans le monde du travail, en vue de rompre avec l’aliénation des travailleurs dans le mode de production actuel et changer totalement les conditions de travail.
• socialiser les grands moyens de production, d’échange et de communication.
• augmenter les salaires.
• faire financer une sécurité sociale qui couvre 100% des besoins de santé.
• permettre à toutes et à tous d’accéder à la retraite à 60 ans avec un revenu permettant de vivre dignement.
• renforcer les services publics et en créer de nouveaux (service d’aide aux familles, service public de la petite enfance, etc.).
• mener des politiques sociales pour le logement, l’urbanisme, les transports…
• protéger les plus fragiles, d’où qu’ils viennent.
• développer une éducation nationale républicaine et laïque dotée de moyens en zones urbaines et rurales pour permettre à tous les jeunes d’accéder au savoir, à la culture et à un diplôme qualifiant.
• organiser la transition énergétique et rétablir une égalité de tous les citoyens face aux risques climatiques et à la pollution agricole et industrielle.
• préserver la biodiversité.
• réorganiser la production agricole, la libérer de la spéculation sur les matières agricoles afin que les paysans puissent vivre de leur travail et que les citoyens se nourrissent sainement.
• libérer les artisans et les petits commerçants de l’emprise des multinationales et de la grande distribution.
• rétablir l’égalité de droit quel que soit le département où l’on vit.
• construire un nouvel internationalisme avec les peuples d’Europe et de tous les continents, en mettant en place un équilibre des échanges commerciaux sur les principes de la Charte de La Havane de 1948.
Tel doit être un vrai programme de gauche : un programme qui ouvre la voie à un socialisme du XXIe siècle avec audace et courage et qui ne cède pas au chantage des libéraux, des banques et des actionnaires.
Il ne faut pas confondre l’exigence de souveraineté nationale
et le nationalisme
Le Front national n’a pas l’intention de rompre avec le capitalisme ! Il hait les organisations de travailleurs. Ses leaders ont tenu des propos insultants contre les grévistes au moment de la bataille sur les retraites. Le Front national oppose entre eux les Français, les Français issus de l’immigration et les immigrés dans la compétition pour l’emploi... Le rôle historique de la gauche, lui, est de mettre fin à la compétition pour l’emploi. Le Front national veut que la France devienne compétitive dans la guerre économique mondiale. La gauche veut mettre fin à la guerre économique – dont les responsables sont les détenteurs de capitaux et les victimes les salariés – pour lui substituer un système de coopération entre les nations. La guerre des capitalismes nationaux a en effet déjà donné deux guerres mondiales ! La souveraineté nationale que veut la gauche a des visées internationalistes : créer entre les nations qui le souhaitent un tout autre système commercial. Il se développerait en dehors de l’OMC, pour la faire dépérir, et serait basé sur l’équilibre de la balance des paiements, contrairement à l’actuel système du commerce international libre-échangiste.
Au cours des trente dernières années, la gauche a désinvesti le principe politique de la souveraineté nationale. Ce désinvestissement correspond au « tournant de la rigueur » opéré par le gouvernement Mauroy - c’est-à-dire au moment de la conversion du Parti socialiste au libéralisme en 1982-1983.
Cette conversion s’est réalisée notamment par l’adhésion au projet européen. Le principe d’une « gouvernance » économique supranationale permettant la mise en œuvre des dogmes libéraux était en effet incompatible avec le maintien de la souveraineté politique des nations. Un principe pourtant défendu historiquement par la gauche !
L’extrême droite a ainsi pu occuper pendant tout ce temps l’espace politique laissé libre auprès des personnes victimes du libéralisme. Et jouer brillamment sur l’échiquier politique le rôle d’épouvantail destiné à tétaniser la gauche - avec la bénédiction des tenants de l’ordre libéral et des grands médias. Le M’PEP est né de ce constat dramatique.
La meilleure échelle pour faire de la politique, dans un cadre démocratique – et pour longtemps encore - est celle de la nation. Il ne faut pas l’abandonner au Front national.
Source : M'PEP