Une lettre d'un ouvrier de PETROPLUS :
POURQUOI LA RAFFINERIE EST-ELLE EN LIQUIDATION JUDICIAIRE
Tu est sûrement au courant de la situation de l'usine de Petroplus ...
Cette histoire est d'ailleurs un bon exemple qui met en valeur la lâcheté de ce gouvernement qui ose s'appeler de gauche. La vraie histoire, cad celle qu'on ne trouve pas à la télévision, dans le Monde, le Figaro ou Libération, est que quoique l'usine est totalement viable et fait de très gros bénéfices, l'Etat veut absolument qu'elle ferme - tout en montrant un soutien apparent, évidemment ...
Comme à chaque fois dans un Etat capitaliste, la volonté de l'Etat n'est que la volonté de certains groupes économiques, ce coup-ci, c'est la volonté de Total qui vectorise l'action secrète du gouvernement.
Vois-tu, Total aimerait bien que l'on ferme toutes les raffineries en France : le groupe a déjà prévu de fermer les siennes dans les années à venir, et qu'il puisse en rester d'aurtes, surtout en Normandie, si proche de la région parisienne, serait une mortelle concurrence.
En effet, les grands pétroliers préfèrent raffiner dans des pays où le code du travail et les lois contre la pollution sont moins restrictifs (Inde, pays arabes), pour ensuite importer le pétrole directement raffiné en France. Donc, Total n'a vraiment pas intérêt à ce que la raffinerie de Petit-Couronne soit reprise.
Or, plusieurs groupes pétroliers sont intéressés par cette raffinerie qui fait de bons bénéfices, mais pour pouvoir la reprendre, ils doivent avoir des autorisations et des banques en soutien.
C'est pour cela que Total a d'une part fait pression sur le gouvernement, qui n'a pas refusé les autorisations positivement parce qu'il n'y avait aucune raison, mais qui a bloqué dans l'administration (Ô Bureaucratie !) les dossiers, de sorte qu'ils ne puissent être complétés, et d'autre part fait pression sur les banques en soutien pour ébranler le groupe voulant reprendre la raffinerie, si bien qu'elles ont lâché l'affaire - heureusement, une autre banque a été retrouvée, dont le nom est tenu secret pour éviter ce genre de pressions.
C'est donc dans ce cadre que s'inscrit la décision incompréhensible du Tribunal de Commerce de Rouen, le 16 octobre, qui a placé la raffinerie en liquidation, alors qu'il y avait un repreneur sérieux !
Je te laisse voir la vidéo tournée à l'instant de l'annonce de la décision :
http://www.paris-normandie.fr/actu/video-emotion-et-colere-des-petroplus .
Depuis plus d'un an les SYNDICATS se battent avec une force et un courage, si bien que dès que les syndicalistes passent à un endroit de l'usine, ils sont applaudis !
NOTES :
Petroplus Holdings, née en 1993 comme société anonyme à la Bourse d'Amsterdam, a au fil des ans acquis sept raffineries en Europe. En 2005, le groupe d’investissements américain Carlyle l’a acquise, pour plus de 500 M€, dans le but de « doubler la taille de l'entreprise, dans les deux-trois [années suivantes] » - T. O’Malley, PDG de Petroplus Holdings, 2005.
Depuis novembre 2007, Petroplus Holdings a de nouveau le statut de société anonyme, à la bourse de Zurich, y ayant réalisé la plus importante introduction depuis 2001.
Le groupe Carlyle en détient 57 % des parts.
Le Groupe Carlyle est une société d'investissement américaine fondée en 1987.
Basé à Washinhton D.C., il est présent dans de nombreux domaines d'activités, comme l'aéronautique, la défense, l'industrie automobile et des transports, l'énergie, les télécommunications et les médias.
Ses investissements sont essentiellement situés en Amérique du nord, en Europe et en Asie du Sud-est.
Le groupe possède 89,3 milliards de dollars de capitaux propres et il emploie plus de 515 professionnels de l'investissement dans 21 pays.
Les différentes entreprises de son portefeuille emploient au total plus de 286 000 personnes dans le monde et Carlyle a environ 1 100 investisseurs répartis dans 31 pays à travers le monde.
Le Groupe Carlyle est dirigé depuis janvier 2003 par Louis Gerstner, ancien patron d'IBM. Parmi ses dirigeants, de nombreuses personnalités se sont succédé, telles que Georges H.W.Bush ou encore Olivier Sarkozy.