République ! | N° 72 12 septembre 2013 | R! |
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Sommaire | ||
Éditorial R !>> | Clarifier | |
Un mot dans l'air du temps R !>> | Vous avez dit "Cravate" ? par Anne-C�cile ROBERT
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L'événement R !>> | L'esprit de r�sistance par Gilbert LEGAY | |
Chronique de l'antirépublique R !>> | La Honte par Jacques LAFOUGE
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Brèves R !>> | C�l�brons la naissance de la R�publique ! | |
Note de lecture R !>> | D�mocratie. Histoire politique d'un mot | |
Ce qu'est le groupe «République!» R !>> | ||
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Un mot dans l'air du temps | Vous avez dit "Cravate" ? � Quelques-uns des t�nors de l'UMP sont venus sans cravate � �couter Nicolas Sarkozy au bureau extraordinaire de leur parti le 8 juillet 2013. En quelques minutes, via les comptes twitter et autres r�seaux sociaux, la nouvelle s�est r�pandue comme le feu sur la plaine, laissant les journalistes se perdre en conjectures. � Sarkozy aime les hommes cravat�s !� confirme le Point sur son site. Les cha�nes d�information font d�filer cette � breaking news � en continu au bas de leurs �crans ; les chroniqueurs de tous les m�dias qui comptent commentent gravement l��v�nement. Ainsi, Anna Cabana, grand reporter au Point : � Ce n'est pas un d�tail, de ne pas porter de cravate, quand on est un �lu de l'UMP, surtout pour venir voir et �couter Sarkozy - car l'ancien pr�sident consid�re que porter une cravate est un signe de respect vis-�-vis de son interlocuteur. Il est tr�s sensible � cela. �. Sur BFM-TV, Cabana consacre une chronique politique sp�ciale � cette incroyable r�union au sommet sous le regard captiv� du confr�re qui l�interroge. Qui a os� d�fier ainsi l�ancien chef de l�Etat ? La journaliste poursuit son investigation au long cours : � Je suis s�re que [Sarkozy] a relev� que Jupp�, Guaino et Le Maire n'avaient pas de cravate et que �a ne lui a pas plu. Tout comme il a remarqu� que Jean-Pierre Raffarin et Fran�ois Baroin n'�taient pas l�, et qu'ils �taient les seuls � ne pas �tre l�, ce qui veut tout dire... � � Tout dire � ? Apr�s la guerre Jean-Fran�ois Cop�/ Fran�ois Fillon pour la pr�sidence de la formation de droite fin 2012, une nouvelle fracture se creuserait-elle sous nos yeux incr�dules dans les rangs de l�UMP ? Faut-il s�attendre � un changement de ligne id�ologique, bouleversant le jeu des futures �lections ?Il est sans doute trop t�t pour trancher cette �pineuse question. En revanche, il semble bien que la cravate devienne l�outil impr�vu des plus fines analyses journalistiques. Ainsi la D�p�che du midi commente-t-elle le sommet des chefs d�Etats du G8 � Belfast, le 18 juin 2013 : � Hollande, sans cravate, se plie au code vestimentaire du G8 ! �. Le reporter d�cortique, avec moults d�tails, la tenue pr�sidentielle : � Lors d�une br�ve escale � Belfast, Fran�ois Hollande portait toujours une cravate � sa descente de l�avion. Mais plus tard, le chef de l�Etat fran�ais est arriv� dans le luxueux complexe h�telier de Lough Erne, plus d�contract�, le col de sa chemise blanche ouvert et costume sombre. � Ces commentaires peuvent sembler futiles au citoyen lambda, moins entra�n� que les journalistes officiels � distinguer l�essentiel de l�accessoire en ces temps de crise �conomique et de flamb�e de violences au Proche-Orient. Mais on aurait tort de prendre les cravates � la l�g�re. En 2008, M. Sarkozy avait sem� la consternation � l�Assembl�e nationale en croyant faire un joli cadeau aux �lus du peuple. Chaque d�put� avait re�u de sa part une mallette noire contenant un crayon, un bloc-notes, un porte-serviette et... une cravate gris clair ! Le nouveau chef de l�Etat avait tout simplement oubli� qu'il existait des femmes parlementaires� A l��poque d�put�e PS, Aur�lie Filipetti avait imm�diatement tir� les le�ons de la bourde pr�sidentielle : � Encore une preuve du machisme r�gnant dans la classe politique ! � Mais c�est peut-�tre l�humoriste Laurent Gerra qui a le mieux pris la mesure du tournant vestimentaire de l�analyse m�diatique en France. Imitant M. Sarkozy se rendant � un meeting politique tendu, il fait dire � l�ancien pr�sident : � Vous avez-vu ? J�ai mis ma cravate de crise �. Comme le sketch est con�u pour une chronique � la radio, on n�en saura pas plus.
Anne-C�cile Robert | |
Les invit�s sont Raymond Cordier et le premier ministre Jean Marc Ayrault qui vont �changer autour du th�me L�ESPRIT DE RESISTANCE. Ce th�me a le grand m�rite de s�inscrire dans la comm�moration du soixante-dixi�me anniversaire des �v�nements de 1944-45, tout en �tant d�une br�lante actualit� face aux menaces qui p�sent sur la France, la R�publique et sur le respect des principes d�mocratiques. La premi�re partie de l��mission pr�sente des extraits du film Alias CARACALLA tir� du livre de Raymond Cordier et de longs commentaires de ce dernier sur les premiers � Fran�ais libres �. L�intervention de Jean Marc Ayrault se situe dans la seconde partie de l��mission et semble alors en constituer le point fort !.. En voici l�essentiel : � Je crois d�abord que les chefs de la R�sistance, repr�sentant les formations politiques et syndicales (�) avaient, avec Jean Moulin, le souci de rassembler et de reconna�tre le g�n�ral de Gaulle comme chef de la R�sistance, mais aussi le souci de reconstruire la France sur des bases r�publicaines et profond�ment r�nov�es. Il y avait aussi l�Assembl�e d�Alger qui avait beaucoup travaill� � pr�parer cette renaissance fran�aise. Et on voit bien que ce qui f�d�re, c�est l�ordre social juste et de l� naitra la s�curit� sociale, le droit de vote des femmes, la participation des salari�s � la gestion des entreprises, la politique familiale� les bases de notre ordre social, qui aujourd�hui ( par certains cot�s ) peut �tre en difficult� ou en crise. Mais mon engagement d�aujourd�hui, je le r�p�te et je l�ai dit encore cet apr�s-midi � l�Assembl�e nationale, c�est qu�il faut r�former notre mod�le social pour le pr�server, pour le faire vivre � nouveau car il r�pond � une profonde aspiration de justice �. Et Jean Marc Ayrault de rappeler la phrase de Denis Kessler publi�e dans le magazine CHALLENGES en 2007 : � Il faut d�faire m�thodiquement le Programme du CNR ! �� Je pense que c�est une faute contre la France et comme l�a rappel� Fran�ois Hollande au Bourget : � � Chaque Nation a une �me et l��me de la France c�est l��galit� �� et quand je dis �galit�, ce n�est pas seulement la proclamation de l��galit�, c�est comment on peut faire vivre cette valeur qui f�d�re les Fran�ais au-del� de leurs divergences politiques,.. C� ne veut pas dire renier ce qui s�est pass� avec le Programme du CNR, mais s�en inspirer et nous motiver pour reconstruire sur les m�mes bases, sur les m�mes valeurs, quelque chose qui correspond � notre �poque, mais qui ne soit ni un renoncement, ni un reniement �. Bien entendu, il n�est pas dans nos intentions de contester les opinions du citoyen Jean Marc Ayrault, telles qu�elles sont ici expos�es, mais notre libert� nous autorise � les confronter � l�action et aux d�cisions prises par le m�me citoyen quand il �tait responsable du PS et maintenant Premier ministre. Ainsi comment peut-on , sans se contredire, reconna�tre les m�rites du Programme du CNR � sur des bases r�publicaines et profond�ment r�nov�es � et avoir soutenues ou vot�es toutes les d�cisions, prises depuis trente ans, pour �riger une Europe f�d�rale soumise au lib�ralisme et � la loi du march� ? Peu importe semble-t-il que cette Europe sape � l�ordre social juste � (le travail, l�instruction, la sant� �), privatise tous les grands services publics de l��nergie du transport, de l�assurance et du cr�dit, oublie les mesures pour assurer le pluralisme et l�ind�pendance des grands moyens d�information (ordonnances de 45) ? Il n�est pas tr�s glorieux de jouer sur l�ambigu�t� de certains termes et proclamer � l�Assembl�e : � il faut r�former notre mod�le social pour le pr�server, pour le faire vivre � nouveau �, quand le mot r�forme, intensivement utilis� par l�ex- pr�sident et ses alli�s, ne porte plus l�id�e d�am�lioration ou de simplification, mais celle de privatisation ! Peut importe aussi, et c�est sans doute le plus lourd de nos griefs, de brader la notion de d�mocratie , quand on a �t� capable de la nier en votant ou en s�abstenant pour le trait� de Lisbonne, r��dition du projet de Trait� constitutionnel europ�en, rejet� par plus de 55% des Fran�ais (�qualifi�s � l�occasion par Raymond Barre de falsificateurs et d�hypocrites ) et d�oublier au passage que la souverainet� du peuple, que nous revendiquons, n�est que la r�sultante de la pratique d�mocratique inscrite dans l�article premier de la Constitution : ��gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple �� Qui sont maintenant les falsificateurs et les hypocrites ? Nous connaissons les raisons invoqu�es pour expliquer ou justifier ces modifications de cap : elles s�abritent derri�re les mots crise ou mondialisation, qui ne sont que les effets des reniements successifs d�une gauche incertaine !.. Et les politiques, qu�ils soient au pouvoir ou dans l�opposition, ne trouvent comme solution, que de tenir des discours trompeurs pour masquer leur inefficacit� ou leur absence de lucidit�. Ils ne savent qu�aligner fausses promesses et r�solutions non tenues que les citoyens re�oivent comme des violences r�p�t�es � leur dignit� et aux principes r�publicains ! Et maintenant, la France et la R�publique sombrent lentement dans l�indigeste bouillon lib�ral et personne n�ose reconna�tre que la promesse d�une Europe rayonnante dans le � march� libre et non fauss�e � n��tait qu�une vision mensong�re, et que l�on pouvait �difier l�Europe autrement en respectant les droits des peuples � Lesquels sont toujours anim�s par L�ESPRIT DE RESISTANCE ! "Le courage, c�est de chercher la v�rit� et de la dire ; ce n�est pas de subir la loi du mensonge triomphant qui passe !"(Jean Jaur�s)
Gilbert LEGAY | ||