Texte repris de
El Diablo
Modulations sur le concept de gauche
Tribune libre
de Michel Peyret
31 JANVIER 2010
Ah! La "gauche", je mets des guillemets comme le faisait M.Thorez, qui parlait lui d'unité de la classe ouvrière, je vais en faire l'histoire, oui!
Et un des épisodes parmi les plus significatifs sera certainement le décret Sérol, lequel venait de La Chambre élue en 1936, laquelle a également voté les pleins pouvoirs à Pétain!
Si tu me trouves quelque chose de plus positif qui en soit issu, tu me le signales
31 JANVIER 2010
Formellement, "ta" gauche existe, par exemple encore la "gauche plurielle", après la "gauche" du décret Sérol, a existé avec le gouvernement Jospin, de si bonne mémoire qu'il a peut-être été le gouvernement le plus sanctionné par le peuple, tellement les espoirs que le peuple avait mis en lui ont été trahis, et qu'il a préféré voter Le Pen que donner une chance quelconque à ce briseur d'espérances.
Cette "gauche" est connue pour être celle d'un gouvernement qui a la réputation d'être celui que a le mieux servi le capitalisme.
C'est pourquoi je dis qu'elle n'existe pas en tant qu'alternative au capitalisme, et donc qu'elle n'existe pas , sinon pour conduire le peuple à des impasses.
On croirait que dans tes livres que tu exposes volontiers, il n'y a pas par exemple une "Critique du programme de Gotha".
Marx aura donc vécu et besogné pour rien, l'exemple de Lénine, qui a honteusement trafiqué les concepts de Marx, à commencer par la généralisation de la dictature du prolétariat, pour préparer les crimes odieux et tragiques de Staline dont les communistes ont été les principales victimes, est là pour le montrer!
31 JANVIER 2010
Avant le gouvernement et le président actuels, c'est le gouvernement Jospin qui a été "la réaction la plus dure", nullement adoucie par la présence de ministres communistes qui ont tout cautionné, sinon inspiré comme Gayssot dans la privatisation des transports et des autoroutes.
Et la "gauche", dite plurielle mais bien unie en l'occurrence, gouvernait avec le président de droite, c'était la "cohabitation".
Et il y en avait eu d'autres sous la 5eme république, par exemple Chirac, qui s'entraînait, a-t-il été 1er ministre avec Mitterrand président.
Au moins, c'était clair, "gauche" et "droite" gouvernaient ensemble, et ensemble gouvernaient pour le capital, contre le peuple.
Au fond, c'est cela la réalité, l'essence du système.
Et ce n'est pas la première fois que la "gauche" fait du zèle pour montrer au capital qu'elle fait mieux que la "droite" pour gérer ses intérêts.
D'ailleurs, aujourd'hui, combien y-a-t-il de ministres de "gauche" dans le gouvernement Fillon-Sarkozi ?
Soit un pied dedans et un pied dehors!
Quelle horreur! Quelle ignominie! Et quel cirque !
Et c'est cette horreur que tu souhaiterais que je cautionne !
Et c'est cette horreur que l'on souhaiterait voir se perpétuer !
Quand on voit de quelle façon la victoire du NON en 2005 a été honteusement massacrée dans la campagne présidentielle et assurer la victoire de Sarkozi !
Et c'est là que j'ai démissionné de ce qui s'appelait encore le PCF, bien qu'il ait déjà sa place dans le PGE, parti de la gauche européenne si je me souviens bien, et non selon d'autres élucubrations, sinon insultes.
Je rappelle qu'après ces élections, avec quelques camarades, nous avons initié un Appel pour des Assises du communisme pour réunifier tous les communistes qui veulent rester communistes et bâtir les grandes lignes de ce que pourrait être un communisme du 21eme siècle en retravaillant les fondamentaux, initiative qui m'apparaît toujours d'opportunité et de nécessité.
Et je vois, et je le traduis en espérance, que le peuple français demeure fidèle à son refus de 2005, en boycottant massivement les élections au parlement européen de juin dernier, en accentuant à 72% l'opinion négative qu'il a du capitalisme, en accentuant ses luttes économiques et sociales.
Aussi, pour ma part, je pense avoir eu le courage, et je pense qu'il en fallait, de démissionner du PCF, de prendre mes responsabilités, ce que rien ne m'obligeait à faire, sinon une éthique personnelle, et rien depuis lors n'est venu adoucir la colère qui était, et est toujours la mienne, même si aujourd'hui elle est plus maîtrisée théoriquement et politiquement, et si je perçois mieux les raisons de la longue errance stratégique qui a été celle du PCF.
Communiste je suis...et resterait.
1er FEVRIER 2010
Mais je ne me sens pas seul du tout!
Quand 72% des salariés considèrent le capitalisme comme négatif, je ne me sens pas seul du tout.
Quand la très grande majorité du peuple français, comme d'ailleurs la très grande majorité des peuples européens, prennent la décision renouvelée et accentuée de boycotter le scrutin européen, je ne me sens pas seul du tout.
Je suis en conséquence optimiste sur les capacités du peuple français qui a repris l'offensive depuis 1992 et le référendum sur le traité de Maastricht, qui a commencé à comprendre quels étaient les jeux dangereux qui se tramaient au sein des forces politiques contre lui-même et qui cherche les chemins inédits de sa libération.
Et tôt ou tard, il les trouvera!
Michel Peyret
ancien député communiste de la Gironde