Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

AU LENDEMAIN DES ELECTIONS

AU PORTUGAL

 

par Jean LEVY

 

« canempechepasnicolas » a diffusé le plus rapidement possible l’information donnée par les agences de presse sur les résultats des élections portugaises. Mais les commentaires des dépêches n’étaient pas de nature à éclairer sur le sens politique du scrutin..

 

Aujourd’hui, nous apportons quelques éléments d’analyse, en complément de l’information des médias.

 

Certes, le pouvoir, à Lisbonne passe du Parti socialiste à la droite – le Parti Social Démocrate et le CDS - , mais la politique annoncée n’apporte aucun changement, si ce n’est en pire.

Ainsi, Le Monde daté du 7 juin, écrit :

 

 

 « M.Passos Coelho (le leader du PSD), s'est fait le porte-parole d'une politique d'austérité et de réformes encore plus drastique que celle défendue par M.Socrates. Il s'agit de satisfaire aux demandes de l'Union européenne (UE) et du Fonds monétaire international (FMI), venus en aide au Portugal – un prêt de 78 milliards d'euros sur trois ans – pour l'aider à faire face à un endettement public substantiel.

Le futur premier ministre a donné des gages. Il s'est dit prêt à aller au-delà de ce qui est demandé à Lisbonne: plus de privatisations, plus d'austérité budgétaire. »

 

C’est clair et précis. De « gauche à droite », comme au Portugal, ou de « droite à gauche » comme en Grèce, il y a deux ans, la politique continue d’être dictée par l’Union européenne et le FMI.

C’est ce qu’on appelle « l’alternance ».

Mais pourquoi, dans ces conditions, les électeurs portugais ont-ils voté « à droite » ?

En fait, les transferts de voix ne se sont pas opérés du PS vers le PSD, mais du PS vers l’abstention. Le Monde est contraint à noter le phénomène :

 

« Mais là n'est pas la principale leçon des élections portugaises. Elle réside dans un taux d'abstention historique, comme le Portugal n'en a jamais connu en quarante ans de sa jeune vie démocratique.

Près de 41% des Portugais ne sont pas allés voter. Qu'ils aient choisi la plage, la campagne ou les terrasses de café du pays, le résultat est là: une désaffection politique massive. Elle explique assurément la défaite subie par le Parti socialiste ».

 

41% d’abstentions, auxquelles s’ajoutent les BULLETINS BLANCS, qui représentaient 7% aux dernières élections présidentielles au Portugal. Le chiffre n’est pas donné par les médias, cette fois, mais certains commentaires avancent le pourcentage total de 50% d’électeurs qui ne se sont pas prononcés.

Le Monde, propose, sur le sujet, ses explications sur l’abstention de masse :

 

« Elle est le reflet d'un phénomène plus large en Europe.

Municipales en Espagne et en Italie (ce printemps), législatives en Irlande (en mars), régionales en Allemagne, cantonales en France: partout, les sortants sont malmenés.

Pourquoi?

Une première explication, rassurante, serait d'ordre conjoncturel. Les électeurs vivent mal cette sortie de crise. C'est vrai dans la zone euro comme ailleurs au sein de l'UE. Ils vivent mal une reprise un peu faible et peu créatrice d'emplois. Le chômage reste massif chez les jeunes Européens. Et l'heure est à l'austérité – naturellement peu populaire…

Une seconde explication, plus grave celle-là, tiendrait à une crise profonde de la démocratie représentative. Sentiment d'une absence de vrai choix politique, indifférence à l'adresse de la sphère publique, émiettement sociétal: tout concourrait au désaveu ainsi exprimé pour l'expression politique traditionnelle. Si c'est vrai, il faut combattre ce désenchantement. Cela suppose que les "politiques" entendent ce que disent les abstentionnistes et autres "indignados". »

 

On perçoit, à travers ces lignes, l’inquiétude du quotidien, et à travers lui, ses actionnaires financiers.

Mais l’analyse des élections portugaises pose d’autres questions :

Comment se fait-il, que le « ras-le-bol » populaire ne se canalise pas sur le Parti communiste portugais (PCP), le seul parti, qui offre des perspectives de rupture avec la dictature du marché, qui dénonce le rôle néfaste de l’Union européenne, qui désigne le FMI comme le prédateur mondial au service du Capital ?.

 

Les 8% obtenus par les communistes peuvent décevoir, compte tenu de la situation, mais il faut savoir que ce chiffre recouvre des réalités différentes et opposées.

Dans le Nord, la population, le plus souvent rurale de petite propriété, reste sous l’influence directe d’un clergé, qui pendant 48 ans a soutenu la dictature de Salazar et de Caetano, considérait « le communisme comme le diable ». Même au lendemain de la Révolution des Œillets, le 25 avril 74, le Nord est demeuré rétif, voire activement hostile,  aux changements.

Par contre, dans le Sud, l’Alentejo, avec ses immenses propriétés, le prolétariat agricole s’est toujours trouvé aux premiers rangs de la résistance au fascisme, véritable lutte de classe, souvent sanglante, avec les propriétaires terriens. Aujourd’hui, à Evora, par exemple, le PCP obtient jusqu’à 20% des suffrges.

Il en est de même dans les centres ouvriers, à Barreiro, aux chantiers d’Almada, dans toute la banlieue de Lisbonne, au-delà du Tage, comme aussi à Setubal, le grand port au sud de la capitale où les scores communistes doublent ou triplent le pourcentage national.

 

Carte géographique de Portugal image

Carte géographique de Portugal image

 

 

 

Ces précisions aideront peut-être à mieux comprendre la situation portugaise.

 

Nul doute que le peuple portugais va bientôt faire entendre sa voix !

 

RESULTATS :

 

 

 


Le PSD gagne 24 sièges par rapport aux élections de 2009
Le PS en perd 24
La CDU (PCP+Verts)gagne 1 siège
Le BE (Blog des Gauches, qui avait soutenu le PS), en perd 8 sur les 16 qu'il détenait

 

PS En dernière minute, nous joignons à notre article, « l’analyse » de l’Humanite.fr

qui ne mentionne même pas le PCP, ni son score !!! :

 

le 6 Juin 2011

José Socrates quitte le pouvoir

Portugal : Victoire incontestable de la droite

À l'issue des élections législatives anticipées de dimanche, José Socrates, le Premier ministre portugais et leader du Parti socialiste a démissionné. En pleine crise économique au Portugal où la troïka – UE, FMI et BCE – impose au pays des mesures drastiques pour redresser l'économie, les Portugais ont choisi la rupture.

Avec 39% des suffrages exprimés, ce qui représente 105 sièges, le Parti social-démocrate (centre droit) de Passos Coelho bénéficie d'une majorité confortable puisqu'il s'allie au CDS-PP (droite) qui comptabilise 24 élus, ce qui fait un total de 129 sièges sur les 230 qu'en compte la chambre unicamérale.

En revanche, le Parti socialiste enregistre une lourde défaite avec la perte de 24 députés après la démission du gouvernement minoritaire en mars. Alors que la principale formation de gauche était en ballottage défavorable dans les sondages à une semaine du scrutin, elle n'a pu redresser la barre.

Avec seulement 73 sièges à l'Assemblée de la République, le parti de José Socrates abandonne donc le pouvoir à son principal rival qui prône la compression des budgets de l'Etat et une privatisation importante pour appliquer le plan d'austérité voulu par les instances internationales.

La population qui se sent impuissante face aux restrictions quotidiennes ( allocations chômage tronquées, réduction des pensions de retraite, suppression des heures supplémentaires, plans de licenciement drastiques, non remboursement de certaines dépenses de santé, …) renverse la vapeur en se tournant vers cet homme d'affaires inconnu sur le plan international et qui n'a jamais dirigé un gouvernement.

Le quadragénaire libéral centriste n'a donc pas vraiment le droit à l'erreur même si le marasme économique dans lequel est plongé le Portugal devrait lui permettre, dans un premier temps, de faire voter des mesures impopulaires au nom du changement.

Du côté socialiste, on tente de panser les plaies et Benoît Hamon, le porte-parole du PS français a exprimé son sentiment sur les politiques d'austérité mises en place en Europe, lors d'un point presse : "Partout où ces politiques sont mises en œuvre, elles se traduisent par une réussite économique relativement contestable mais surtout par un désordre social insupportable".

 

Pour aller plus loin :

http://www.humanite.fr/02_06_2011-une-conflictualit%C3%A9-exacerb%C3%A9e-473483

 

Tag(s) : #Europe
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :