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ECONOMIE
La CGT «alarmée» appelle à la mobilisation
le 9 octobre
Le numéro un du syndicat, Bernard Thibault, exige du gouvernement qu'il «tranche» entre les revendications «contradictoires» du patronat et celles des salariés.
La CGT regrette-t-elle déjà d'avoir appelé à voter pour François Hollande à l'élection présidentielle - ou plutôt contre Nicolas Sarkozy?
La confédération est en tout cas bien décidée à confronter le nouveau chef de l'État aux mécontentements de la rue. Le numéro un du syndicat, Bernard Thibault, s'est dit mercredi «alarmé» par la situation économique et sociale de la France en cette rentrée, et a annoncé dans un entretien à l'AFP une mobilisation le 9 octobre pour la défense de l'industrie.
Des manifestations auront ainsi lieu dans des grandes villes (Paris, Lyon, Bordeaux, etc.).
L'attente était pourtant forte et les espoirs nombreux. Seulement voilà, «depuis la conférence sociale» de juillet, «il y a une forte détérioration de la situation», a estimé le numéro un de la CGT.
Et de préciser: «On a eu beaucoup de témoignages alarmants sur les perspectives d'emploi dans plusieurs départements, faisant état de projets de restructurations, de suppressions d'emplois ou un ralentissement d'activité.»«Il faut que le gouvernement prenne la mesure de l'urgence et des attentes», prévient Bernard Thibault, au lendemain d'une réunion des fédérations et des unions départementales.
Il demande à l'exécutif de «trancher» entre les demandes «contradictoires» du patronat et celles des salariés. «Le gouvernement ne peut pas, à la fois, être d'accord avec un Medef qui prône plus de flexibilité, un abaissement du coût du travail, et avec la majorité des salariés qui, elle, a contribué au changement de majorité politique», estime-t-il.
En outre, après avoir écouté le discours du premier ministre, dans lequel Jean-Marc Ayrault vient d'appeler les partenaires sociaux à «accélérer le rythme» de la négociation sur la sécurisation de l'emploi - qui débute officiellement dans quinze jours -, le patron de la CGT a estimé qu'il allait être «très difficile» de trouver un accord avec le Medef. Lequel, selon lui, «veut avoir des accords de compétitivité-emploi, comme ceux préconisés par l'ancien président de la République». Sur ce sujet aussi, il demande au gouvernement de «trancher».
Enfin, la CGT prévoit une campagne de pétition contre la ratification du traité budgétaire européen, précise Bernard Thibault.
La sévérité de sa position sur tous ces sujets a finalement quelque chose de surprenant. Il y a encore quelques semaines, aucune centrale syndicale n'estimait avoir intérêt à engager un bras de fer avec le nouveau gouvernement. Non seulement parce que des négociations sur des thèmes cruciaux allaient commencer, mais aussi parce que le changement de majorité était pour elles l'occasion de faire avancer leurs idées de réformes.
La déception est visiblement arrivée plus vite que prévue…