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TEXTE REPRIS SUR
BANDERA ROSSA 

Le Pen, l’os de la gauche révolutionnaire
Hassen BOUABDELLAH

Le FN, cause ou effet ?



 

 

 

 

 

 

Parallèlement à l’écroulement du PCF, s’est développée au sein de la pensée communiste française et apparenté, une faiblesse majeure qui consiste à croire que c’est aux élites de gauche de se choisir l’ennemi du moment et non que celui-ci – l’ennemi principal- s’impose de part la conjoncture économique et politique.

En se portant candidat aux législatives à Hénin-Beaumont face à Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon, le leader du Front de gauche, semble renouer avec ce démon qui le pousse à se payer le luxe de désigner comme cible première la droite lepéniste. Son slogan « Front contre front » ne laisse hélas aucun doute sur sa volonté de placer Marine Le Pen en tête de l’adversaire à combattre, bien avant le libéralisme financier usurier et le sionisme qui lui sert d’idéologie et dont il est qu’un ersatz.

 

Malgré quelques maladresses comme ce capitaine de pédalo lancé à l’encontre du candidat Hollande, la campagne présidentielle de J.L. Mélenchon, fut un bol d’air frais pour des millions de progressistes , la Place de la Bastille noire de monde et rouge de drapeaux ou le meeting de Marseille du 14 avril 2012 ont réchauffé bien des cœurs, et il ne faut en aucun cas en minimiser les effets positifs dont le moindre n’est pas cet espoir donné à des centaines de milliers de militants de croire à une renaissance possible d’un vrai mouvement communiste fondant son action sur la lutte des classes, la dictature du prolétariat ( concrètement de la dictature de l’immense majorité gagnant sa vie à la sueur de son front sur une infime minorité de puissants parasites qui par un jeu de passe passe s’approprient indument la grande partie des richesses produites), un mouvement enfin usant de la dialectique marxiste et de l’analyse concrète d’une situation concrète de façon à écarter de son chemin les errances idéologiques, les obsessions personnelles, tous les fantasmes qui dévient de sa route la lutte contre l’ennemi de classe des travailleurs et lui fait prendre l’ombre pour la proie.

 

Mais la décision de transformer Hénin-Beaumont en ring pour y affronter dans une espèce de corps à corps Marine Le Pen ne semble pas dictée par le bon sens. Qu’est-ce qui peut bien la justifier cette candidature sur le terrain de Madame Le Pen : le dépit d’avoir été devancé par elle au premier tour des présidentielles ? le désir d’amuser la galerie ? un moyen de revenir sous les projecteurs médiatiques ?

Et si on y regardait de prés...

Je sais à quoi je m’expose en m’attaquant à cette dérive de la gauche qui souffre de l’obsessionnel désir d’en découdre avec le FN en premier et en toute circonstance. Car c’est bien une dérive, et aussi un leurre, et un gaspillage de forces encore faibles et que le bon sens demande d’utiliser en premier lieu contre cet ennemi de classe qui appauvrit les travailleurs, casse notre appareil de production, pourrit la démocratie, propage faim et misère, tuent des millions d’êtres humains dans notre pays comme dans le monde, cela dans l’anonymat et l’oubli.

Et en prime alimente la droite lepéniste…

Hélas ! un grand nombre de militants de gauche, sincères et dévoués, semblent atteints du syndrome allergénique au FN : rien qu’à entendre le mot, il voient rouge comme le taureau à la vue de la muleta, le sang leur monte aux tempes, et voici qu’ils chargent sans se poser de questions, en dehors de toute stratégie politique définissant raisonnablement enjeux et objectifs…

Quitte à essuyer toutes sortes d’invectives et persiflages qui ne manqueront pas de venir de toutes parts et de camarades injustement blessés, il y a lieu de mettre sur la table une analyse objective du positionnement politique de la gauche révolutionnaire vis-à-vis de FN avec l’objectif d’arrêter une démarche raisonnable et raisonnée qui va dans l’intérêt des travailleurs et qui n’affaiblit pas notre combat pour un changement radical d’une société complètement sous les bottes des financiers et des maîtres du marché.

Le plus souvent l’on a tendance à faire l’impasse sur cette réalité fondamentale : le lepénisme et son expansion ces dernières années sont pour une grande part dus à deux facteurs concomitants : d’une part l’accélération de la forme financière et usurière du capitalisme et d’autre part la liquidation du PCF.

 

Cette liquidation n’est pas le fruit du hasard, le libéralisme, lui, ne se trompe jamais d’ennemi, et son vrai, son seul ennemi est un parti communiste marxiste léniniste fort et conséquent, en découle pour lui la nécessité vitale de vider de leur substance révolutionnaire tout mouvement se revendiquant du communisme. Comment donc ? - en menant parallèlement pression idéologique, infiltration et manipulations de l’intérieur comme de l’extérieur.

 

Il faut dire que cette sape a été payante et a conduit un certain Robert Hue à la tête du PCF. Celui-ci, de rénovation en rénovation, a fait perdre au parti de Maurice Thorez son caractère de classe pour le transformer en coquille vide. Vide de son idéologie fondatrice et vidé de beaucoup de travailleurs qui, certes, auraient pu trouver mieux que d’aller se réfugier et cuver leur colère dans la maison Le Pen.

Quant à Hue, son travail de sape achevé, le voici membre du PS attendant sa récompense. Rappelons –nous, l’action de casse de Monsieur le liquidateur et ses acolytes, s’est faite parallèlement à des campagnes d’affichage, lesquelles affiches présentaient alternativement un Marx maculé de crème et tartiné de rondelles de concombres ou Jean Marie Le Pen caricaturé en monstre.

Toute une symbolique !

Avec la distance l’on peut voir que ces campagnes anti-Le Pen, financées, faut-il le rappeler, au détriment d’actions en faveur des luttes concrètes des travailleurs, n’avaient pour autre finalité que de permettre à ces Judas de passer aux yeux du Peuple de gauche pour les seuls véritables ennemi du FN, les seuls capables d’en débarrasser la France. C’était de la poudre aux yeux, un os jeté aux chiens pour détourner son attention, de façon à avoir mains et chemin libres pour mener à bien le travail pour lequel ils ont été missionnés. Depuis, et comme résultat illustrant toute la justesse de la théorie des vases communicants, le FN n’a pas cessé de prospérer et le PCF de décliner.[souligné par u cursinu rossu]

J.M Le Pen en monstre … A mon avis, s’il y a monstre ce n’est certainement pas celui-là le plus dangereux pour le peuple français ni du plus fort appétit.

 

Le vrai monstre, le seul monstre, c’est le capitalisme usurier qui utilise le diktat du marché pour dépouiller, appauvrir, casser, envahir, et, en ogre insatiable avaler crûment des lambeaux de chair arrachés aux Grecs et aux travailleurs du monde entier. Et c’est ce monstre qui, en semant la désespérance comme la guerre sème la mort, enfante et bonifie le lepénisme. Et croire que l’on peut se débarrasser de ce dernier avant d’en finir avec le système qui lui donne vie et le nourrit c’est faire comme cet homme, qui, face à une inondation, ramasse l’eau mais en oubliant de fermer le robinet, ce n’est ni judicieux ni intelligent.

 

De ce point de vue, il est tout à fait juste de considérer le mouvement des Le Pen comme une ombre malfaisante du capitalisme conquérant, vainqueur du bloc socialiste, et monter au front d’abord contre lui, c’est bien stricto- sensu, prendre l’ombre pour la proie.

 

A court d’arguments, certains militants de gauche, tel le prestidigitateur, sortent de leur manche ce qu’ils croient être l’atout majeur : le fascisme ! Si l’on traite Le Pen, père et fille de fasciste comme on lance un "connard " au type dont la tête ne nous revient pas, passe encore. C’est là le langage de l’invective et de la colère, celui de la pute qui dit pute à sa copine pute !

 

Nous mêmes communistes combien de fois avons-nous été traités de fascistes – le sommes-nous pour autant ? Soyons sérieux ! Rien dans les faits ne vient donner crédit à cette grave accusation : à ma connaissance, le FN n’entraine pas quelque part en France ou à Navarre des mercenaires, n’infiltre pas armée, gendarmes et police pour un éventuel coup d’Etat. Le Pen et sa fille se prépareraient-ils à imiter Eltsine et, perchés sur un char, attaquer parlement et sénat ?…

Ca fait belle lurette que le mouvement lepéniste a abandonné le rôle d’adversaire de la démocratie parlementaire pour placer l’action du FN dans le cadre légal fixé par la loi, respectant les urnes et les décisions de justice, ce qui d’ailleurs ne le sert pas puisque avec un électorat oscillant entre 9 et 18% aujourd’hui, il reste écarté de l’assemblée nationale ; ne dirige aucun conseil régional , c e qui représente une aberration démocratique…

 

Et en l’état actuel des choses, il n’a aucune chance d’accéder au pourvoir ou d’imposer sa loi de quelque façon que ce soit. Et nous n’allons pas le regretter… En politique comme en toute chose, le mensonge et l’outrance ne servent à rien d’autre qu’à embrouiller les choses et masquer vérité.

 

En France, il y a sérieusement risque de fascisme mais il ne vient nullement du FN. Comme le montre l’expérience historique, ce danger est le plus souvent l’apanage du système politique exploiteur, qui, lorsque la démocratie formelle et la voie des urnes cessent de lui profiter, n’hésite pas un seul instant de recourir à la force… Citons pêle-mêle, Franco et l’Espagne républicaine, Lumumba et le Congo, le Chili d’Allende et toutes les dictatures imposées sur tous les continents, sans oublier le colonialisme, forme de fascisme qui s’exerce sur des populations dépossédées de leur terre et de leur souveraineté et dont l’agression récente de la Libye renouvelle le genre.

 

Sous l’aile protectrice d’une démocratie contrôlée de bout en bout, sourdent plusieurs formes de fascisme mis en place par les dirigeants libéraux dans le but de pérenniser leur système de domination économique et politique.

Ce sont des dispositifs sournois dont les agissements sont souterrains, dont la violence ne se donne pas à voir.

Il y a le despotisme des médias, pratiquement tous entre les mains des grands financiers et dont la mission n’est autre aujourd’hui que de désinformer, modeler les opinions ou l’anesthésier…

Il y a une multitude d’officines qui travaillant dans l’ombre, des intellectuels formatés et domestiqués pour propager la bonne parole, des lobbys de toutes sortes. Le libéralisme et son compère le sionisme ne font pas totalement confiance à la démocratie et préfèrent, sait-on jamais, installer des gardes fous qui leur permettent en veux-tu en voilà, détourner ses règles et rendre légal ce qui ne l’est pas.

Ainsi peuvent –ils amender plusieurs fois la constitution sans se référer au peuple, le plus légalement du monde ou valider une Constitution européenne pourtant rejetée par référendum… Aux Etats Unis BUSH, dans le sillage du 11 septembre a fait voter des lois aux relents fascistes, et l’actualité nous fait savoir que le parlement canadien vient de voter des restrictions au droit de grève des étudiants….

Non décidément, ce n’est pas du côté du FN qu’il faut regarder si on veut se défendre du fascisme, cela ne serait-ce parce qu’il n’a pas, et n’a jamais eu entre ses mains, les leviers du pouvoir. Si un fascisme pur et dur devrait nous frapper, risque non à écarter, il viendrait plutôt de ces Etats qui fonctionnent comme des syndicats de l’impérialisme et des partis politiques qui soutiennent leurs actions.

S’il m’était donné de caractériser le FN, je dirais que dans son chauvinisme, son étroitesse d’esprit, son penchant anti-communiste et sa défense de la propriété privée, le mouvement lepéniste n’est pourtant rien d’autre qu’une sorte "d’hospice".

Oui un hospice, l’image lui convient bien. Un hospice où accourent chercher abri et consolation toutes les victimes du libéralisme et de la loi du marché : une petite bourgeoisie dont la peur de l’avenir catalyse le chauvinisme, une grande partie des chômeurs qui n’ ont plus d’espoir de retrouver un emploi, les citoyens soudainement plongés dans la misère, les français qui ont peur pour l’avenir de leurs enfants, des jeunes condamnés à l’oisiveté ,bref les éclopés de la vie, les sans espoir et aussi les déçus de la politique, y compris les déçus du PCF.

 

Si cela n’est pas un hospice alors qu’est-ce que c’est ?

L’espoir revenu, la dignité retrouvée, au revoir le FN… C’est ce qui explique pour une part, la grande fluctuation de son électorat, celui-ci a tendance à s’accroitre en période de récession et de difficultés sociales et de baisser dans les périodes d’accalmie économique et d’espérance. Lorsqu’en 2007 Sarkozy a fait miroiter le fameux « travailler plus pour gagner plus », et promis un zéro SDF, un grand nombre d’électeurs a quitté « l’hospice » pour le rejoindre et le FN a été réduit à 9%.

Si ce qui est affirmé ici s’approche de la réalité politique, il se dégage la vraie solution pour se débarrasser du lepénisme : s’attaquer avec force et esprit de classe à la néfaste politique libérale et faire de sorte que la masse de travailleurs du pays retrouve dignité et espérance pour eux et pour leurs enfants.

Tant qu’il a la désespérance pour lui, le FN n’a aucun souci à se faire et "l’hospice" continuera tranquillement à se remplir, le confiner dans le rôle du premier repoussoir ne fera que le conforter dans son positionnement de seul contre-pouvoir. N’est-ce pas ce qui arrive de puis des années ? Sans qu’on en tire la leçon …

Faut-il donc ne rien dire à son encontre, fermer yeux et oreilles et passer sa route ?

Ce n’est pas ce que recommande le bon sens.

Dans les situations confuses, difficiles, la première des choses est d’éviter de disperser ses forces surtout si celles-ci sont limitées voire très faibles. Et pour établir une stratégie de lutte payante et fixer étapes et cibles, il faut s’en tenir à la réalité des faits et à la réalité du terrain.

Dérapages, xénophobie, racisme, propos antisociaux, toutes les dérives du FN ne sont en dernière instance que les miasmes morbides d’une société libérale qui enrichit encore plus le très petit nombre de riches et appauvrit chaque jour un peu plus les plus pauvres. Ces miasmes sont donc à mettre sur le compte du système social dominant dont les méfaits se traduisent immédiatement par un renforcement de l’idéologie lepéniste.

Après tout, la main qui arme est plus responsable que l’arme qui tue.

Le FN reste le thermomètre non la maladie. Et c’est avec la maladie qu’il faut en finir...

Bref, ce que fait ou dit le FN ne peut-être qu’un prétexte pour faire ressortir, souligner, démystifier et enfin combattre avec énergie tous les aspects néfastes, destructeurs, mortels de cette politique libéralo-sioniste qui conduit les pays occidentaux dans le mur, politique portée en France par l’UMP et ses différentes tendances et une bonne partie des dirigeants PS. Et c’est vers eux qu’il faut se retourner à chaque dérapage du FN. Il est juste de rendre responsable le grand monstre des méfaits du petits monstre.

C’est ce que nous devons faire comprendre aux Françaises et aux Français.

Cela revient à ne jamais taper sur le FN sans réserver le premier coup aux tenants de la politique qui lui donne vie et pitance. Ainsi transformerons- nous le lepénisme en épine empoisonnée bien plantée dans les pieds de l’ennemi qui appauvrit la France et réduit massivement son peuple à la misère.

Jean Luc Mélenchon veut transformer en ring la petite ville de Hénin -Beaumont pour inviter Marine Le Pen en un combat exemplaire, espérant la mettre KO et obtenir ainsi le titre de général en chef des pourfendeurs du FN.

La dernière fois qu’il s’était agi de boxe, ce fut le 01 juin 1994, lorsque Paul Amar qui officiait alors sur la « 2 » et animait un débat entre JM Le PEN et Tapie, a soudain sorti d’un sac des gants et, croyant faire preuve de grande innovation, invita les deux protagonistes au pugilat.

Résultat des courses : Paul Amar fut démissionné, Tapie a été contraint de quitter la politique, quant JM Le Pen on le retrouva quelques années plus-tard au second tour des présidentielle et il se porte toujours comme un charme.

Quel pourrait être l’issue de ce combat ?

Mélenchon gagne et alors ?

Le FN en souffrira t-il pour autant ?

Jusqu’à ce jour, il a parfaitement prospéré sans avoir d’élus. Pourquoi cela changerait-il aujourd’hui alors même que tous les éléments qui le fertilisent se densifient et s’intensifient : chômage, baisse du pouvoir d’achat, sous-emploi des jeunes, travailleurs pauvres etc.

En prime Marine Le Pen pourra crier à une conjuration, à un complot droite/gauche contre elle et son parti, ce qui, au lieu de clarifier le champ politique, le parsèmera d’amalgames.

 

C’est vraiment jouer à qui gagne perd ! Car en cas de succès de son opposante, lui perdra beaucoup et le Front de gauche qui a donné tant d’espoir perdra encore beaucoup plus. A moins que l’affaire profite au troisième larron socialiste…

Mais c’est peut-être au fond le résultat escompté : il y a déjà des observateurs politiques qui soupçonnent Mélenchon de rouler pour le PS !

N’allons pas jusqu’à là et surtout pas de procès d’intention.

Cependant… Cependant, comment oublier Robert Hue et ses campagnes anti-Le Pen qui servirent de leurre pour liquider le PCF ? Espérons que l’opération en cours de Mélenchon ne poursuit pas un but similaire et terminer de vider complètement le PCF dont il est l’associé, de ses dernières fibres communistes.

Qui vivra verra ! …

 

Hassen Bouabdellah

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http://www.legrandsoir.info/le-pen-l-os-de-la-gauche-revolutionnaire.html
Tag(s) : #Politique française
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