TEXTES REPRIS SUR
R-SISTONS A L'INTOLERABLE
François ASSELINEAU
http://www.u-p-r.fr/dossiers-de-fond/le-mythe-du-couple-franco-allemand-traite-elysee
LES 50 ANS DE MYSTIFICATION
DU TRAITÉ FRANCO-ALLEMAND DE L’ÉLYSÉE
Partie 1 - La vidéo explicative
Signature du traité franco-allemand dit “de l’Élysée” le 22 janvier 1963. De gauche à droite, assis autour de la table :
- Gerhrard Schroeder, ministre des affaires étrangères de la République fédérale d’Allemagne
- Konrad Adenauer, chancelier de la République fédérale d’Allemagne, en train de signer le traité
- Charles de Gaulle, président de la République française, en train de signer l’autre copie du traité
- Georges Pompidou, Premier ministre de la République française
- Maurice Couve de Murville,ministre des affaires étrangères de la République française
Une observation minutieuse de la photo donne l’impression que les deux ministres des affaires étrangères, allemand et français, prennent un air absent, ou songeur. Comme s’ils savaient déjà parfaitement, l’un et l’autre, que ce traité serait vidé de sens par la partie allemande lors de sa ratification quelques mois après.
Le 22 janvier 2013 marquera donc le 50ème anniversaire de la signature de ce traité et l’on peut prévoir que les plus hautes autorités françaises vont vouloir « fêter » cet événement.
Les médias vont certainement consacrer quelques émissions ou articles de presse pour relayer ces commémorations, chanter les louanges du prétendu « couple franco-allemand » « malgré-quelques-ratés », et surtout pour en tirer argument sur la prétendue nécessité de « poursuivre-la-construction-européenne-malgré-les-difficultés-actuelles ».
Comme antidote au nouveau déferlement de propagande à prévoir, nous mettons en ligne un dossier spécial sur les « 50 ans du traité de l’Élysée », afin d’expliquer à nos lecteurs :
- 1) ce que recherchait le fondateur de la France Libre en négociant et signant ce traité : déjouer la stratégie de domination américaine dite de « construction européenne » en tentant de la faire échapper à la vassalisation par Washington grâce à une alliance franco-allemande,
- 2) comment les Américains – avec la totale duplicité des Allemands – ont aussitôt contrecarré la stratégie gaullienne, en vidant la substance de ce traité, pour replacer délibérément la « construction européenne » sous les ordres de Washington.
Dans cette Partie 1, nous présentons une brève vidéo explicative de moins de 12 minutes (11’45”), (montée, illustrée et extraite de la longue conférence de François Asselineau « Qui gouverne la France et l'europe ?"
Par ailleurs, nous rappelons à nos lecteurs qu’ils peuvent replacer cette explication dans une perspective plus générale, en visionnant l'ensemble de la conférence.
Le passage concernant plus spécifiquement la question du traité de l’Élysée se trouve dans le 2ème épisode de cette conférence.
Partie 2 – 15 pièces à conviction pour démonter la propagande :
À l’occasion du 50e anniversaire de la signature du traité franco-allemand de l’Élysée le 22 janvier 1963 et du nouveau flot de propagande européiste qui a envahi les médias français à cette occasion, je crois utile de fournir à mes lecteurs un antidote.
Il s’agit d’une chronologie éclairante des événements qui ont entouré ce fameux traité et le non moins fameux “couple franco-allemand” qui est censé en être résulté.
Fondée sur 15 documents sourcés et irréfutables, cette chronologie leur permettra de démasquer minutieusement et précisément les mensonges éhontés dont les médias et les dirigeants politiques les abreuvent.
DOCUMENT N°1
- 15 mai 1962 = CONFÉRENCE DE PRESSE DE CHARLES DE GAULLE À L’ÉLYSÉE
Pendant ses quatre premières années passées à l’Élysée (du 13 mai 1958 jusqu’aux Accords d’Évian de 1962), la principale des préoccupations de de Gaulle fut de régler – avec les difficultés et les erreurs que l’on sait – la très grave question algérienne. Pendant cette période, il n’avait les moyens politiques, ni de s’intéresser de près à la question européenne, ni de heurter frontalement les ministres centristes ( MRP, ultra-européistes) de son gouvernement.
Ayant trop besoin d’unité nationale, il garda donc un profil bas sur ce sujet. Il pouvait d’autant mieux le faire que la question européenne était encore mineure, puisque le traité de Rome – qui avait été signé et ratifié en 1957 avant son retour au pouvoir – en était encore à ses balbutiements et qu’elle ne concernait encore que Six États.
Mais, dès que la guerre d’Algérie fut finie, Charles de Gaulle prit alors à bras-le-corps la question européenne, sans plus s’embarrasser des états d’âme du MRP.
La chronologie des événements en fournit la preuve : les Accords d’Evian furent signés le 18 mars 1962 et ratifiés par référendum le 8 avril. A peine cinq semaines après, le 15 mai, Charles de Gaulle mit les pieds dans le plat de la « construction européenne » lors d’une conférence de presse restée célèbre.
Avec une justesse d’analyse réellement prophétique, il y dénonça publiquement l’Europe intégrée, et implicitement la puissance américaine qui en tirait les ficelles, en usant d’un euphémisme : « un fédérateur qui ne serait pas européen ».
L’impact international de cette déclaration fut énorme et les députés MRP quittèrent le gouvernement sur-le-champ.
Voici ci-dessous à la fois le verbatim de cette déclaration cruciale et le lien vers la vidéo correspondante.
« Je voudrais parler plus spécialement de l’objection de l’intégration.
On nous l’oppose en nous disant : « Fondons ensemble les six États dans quelque chose de supranational, dans une entité supranationale. Et ainsi tout sera très simple et très pratique. »
Cette entité supranationale, on ne la propose pas parce qu’elle n’existe pas. Il n’y a pas de fédérateur, aujourd’hui – en Europe ! -, qui ait la force le, le crédit et l’attrait suffisants.
Alors on se rabat sur une espèce hybride et on dit : « eh bien tout au moins que les six États acceptent, s’engagent, à se soumettre à ce qui sera décidé par une certaine majorité. »
En même temps, on dit : Il y a déjà six parlements européens, – six parlements nationaux plus exactement -, une assemblée parlementaire européenne, il y a même une assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe qui, il est vrai, est antérieure à la conception des Six et qui, me dit-on, se meurt aux bords où elle fut laissée.
Eh bien, malgré tout cela, élisons un parlement de plus, que nous qualifierons d’« européen » et qui fera la loi aux six États !
Ce sont des idées qui peuvent peut-être charmer quelques esprits mais je ne vois pas du tout comment on pourrait les réaliser pratiquement, quand bien même on aurait six signatures au bas d’un papier.
Y a-t-il une France, y a-t-il une Allemagne, y a-t-il une Italie, y a-t-il une Hollande, y a-t-il une Belgique, y a-t-il un Luxembourg qui soient prêts à faire, sur une question importante pour eux au point de vue national et au point de vue international, ce qui leur paraîtrait mauvais parce que ça leur serait commandé par d’autres ?
Est-ce que le peuple français, le peuple allemand le peuple italien, le peuple hollandais, , le peuple belge, le peuple luxembourgeois, sont prêts à se soumettre à des lois que voteraient des députés étrangers, des lors que ces lois iraient à l’encontre de leur volonté profonde ?
Mais, ce n’est pas vrai. Il n’y a pas moyen, à l’heure qu’il est, de faire en sorte qu’une majorité puisse contraindre – une majorité étrangère ! -, puisse contraindre des nations récalcitrantes.
Il est vrai que dans cette « Europe intégrée » comme on dit, ben il n’y aurait peut-être pas de politique du tout. Ça simplifierait beaucoup les choses. Et puis, en effet, dès lors qu’il n’y aurait pas de France, pas d’Europe qui auraient une politique, faute qu’on puisse en imposer une à chacun des six États, on s’abstiendrait d’en faire.
Mais alors, peut-être, tout ce monde se mettrait-il à la suite de quelqu’un du dehors, et qui – lui – en aurait une.
Il y aurait peut-être un fédérateur, mais il ne serait pas européen. Et ça ne serait pas « l’Europe intégrée », ce serait tout autre chose, de beaucoup plus large et de beaucoup plus étendu, avec je le répète un fédérateur.
Charles de Gaulle
Conférence de presse du 15 mai 1962
La démission des ministres MRP du gouvernement, et la crise politique qui en résulta, conduisirent Charles de Gaulle à changer de tactique, sans changer de stratégie.
Plutôt que de dénoncer la construction européenne comme une machination ourdie par le « fédérateur qui ne serait pas européen », il se résolut à se proclamer lui-même pro-Européen, afin de subvertir le projet américain.
Il développa donc une énergie considérable pour tenter de couper les liens de subordination que les cinq autres États membres de la CEE entretenaient avec les États-Unis d’Amérique.
Le pari du président français était que, s’il parvenait à opérer ce découplage autant psychologique que politique et militaire, les cinq États rechercheraient un autre mentor pour les protéger de l’URSS, et celui-ci ne pourrait être que la France. Ils se tourneraient d’ailleurs d’autant plus nécessairement vers Paris que nous disposerions de notre propre force de frappe nucléaire.
C’est ce calcul de joueur d’échecs que de Gaulle confia sans fioritures à Peyrefitte : « Dans cette Europe, en réalité, nous tiendrons les rênes parce que nous aurons la bombe [atomique] » [C’était de Gaulle, Fayard, 1997, tome 2, Partie III, p. 262 ; Charles de Gaulle précise dans la même confidence que « Les Allemands, ça les embête de nous être inférieurs. Dans notre attelage, ils ne sont pas le cheval de tête, ça les embête ».]
C’est en application de ce calcul que Charles de Gaulle proposa aux Allemands, – et au Chancelier Konrad Adenauer – de mettre au point un “traité d’amitié et de coopération” franco-allemand. Ce traité, qui allait être signé à l’Élysée le 22 janvier 1963, visait ni plus ni moins qu’à séparer l’Allemagne de l’Ouest de son protecteur américain.
C’est la raison pour laquelle le texte élaboré par les deux parties – mais où la France posait ses conditions – prit un soin tout particulier à ne mentionner ni les États-Unis d’Amérique, ni la Grande-Bretagne, ni la prétendue nécessité de se placer sous la subordination de l’OTAN, ni la prétendue nécessité de démanteler les réglementations des échanges commerciaux dans le cadre du GATT.
DOCUMENT N°2
- 19 janvier 1963 = TÉLÉGRAMME DIPLOMATIQUE DU COMPTE-RENDU DE L’AUDIENCE DE M. KNAPPSTEIN, AMBASSADEUR D’ALLEMAGNE AUX ÉTATS-UNIS, AVEC LE PRÉSIDENT KENNEDY
Des agents de renseignements, placés probablement dans des postes de responsabilité à la fois au ministère français des affaires étrangères et dans les rouages de l’État ouest-allemand, avaient tenu le gouvernement américain informé, à la fois du projet de traité franco-allemand et des exigences de la partie française.
Washington comprit naturellement quel était l’objectif que visait ainsi Charles-de-Gaulle : l’éviction des États-Unis d’Amérique de leur influence sur la “construction européenne”, en procédant à un découplage entre l’Allemagne de l’Ouest et les États-Unis.
C’est la raison pour laquelle, trois jours avant la signature officielle du traité – le 19 janvier 1963 – le président Kennedy convoqua au bureau ovale de la Maison-Blanche l’ambassadeur allemand Karl-Heinrich Knappstein pour lui faire part expressément de ses doléances.
Le télégramme diplomatique envoyé par le diplomate ouest-allemand à ses autorités de tutelle pour rendre compte de cet entretien capital est disponible en ligne sur Internet. En voici l’extrait le plus significatif :
Le président [Kennedy] était visiblement de mauvaise humeur; à plusieurs reprises, il a exprimé clairement ses critiques quant à l’état interne de l’Alliance [Atlantique] et affiché ses préoccupations vis-à-vis de la conclusion du traité [de l'Élysée] .
Au cours de l’entretien, je me suis efforcé plusieurs fois – certes avec un succès mitigé – de persuader le président du bien-fondé de la conclusion du traité; j’ai mis en avant la signification positive du traité pour la politique européenne et l’avenir de l’Alliance, et j’ai évoqué le fait qu’une étroite collaboration franco-allemande était susceptible d’être fructueuse pour l’ensemble de l’Alliance, précisément en ce qui concerne les aspects de la politique du général de Gaulle qui irritaient le président.
Source : http://www.cvce.eu/viewer/-/content/48045302-9605-4905-a37e-96b85fdb9a67/fr
Pour qui sait lire entre les lignes, on voit que l’ambassadeur allemand avait eu pour consigne de rassurer le président des États-Unis d’Amérique, en laissant pointer le double jeu que l’Allemagne de l’Ouest s’apprêtait à mettre en œuvre.
Comme l’écrit l’ambassadeur Knappstein, la collaboration franco-allemande pourrait finir par être fructueuse pour l’ensemble de l’Alliance atlantique parce que les Allemands se faisaient fort d’attirer Paris contre son gré dans une collaboration avec les États-Unis.
DOCUMENT N°3
- 22 janvier 1963 = TRAITÉ FRANCO-ALLEMAND DE L’ÉLYSÉE
Trois jours après l’entretien entre l’ambassadeur allemand et le président des États-Unis à Washington, le traité franco-allemand fut néanmoins signé, le 22 janvier 1963, dans les formes requises par la partie française.
Je joins ici l’intégralité de ce traité mais le lecteur pressé pourra maintenant parcourir que la partie en gras.
Il faut en retenir que, conformément à ce qui avait été prévu, ce traité ne mentionne à aucun moment :
- ni les États-Unis d’Amérique,
- ni la Grande-Bretagne,
- ni la prétendue nécessité de coopérer avec l’OTAN – ou de se placer sous sa subordination,
- ni la prétendue nécessité de démanteler les réglementations des échanges commerciaux dans le cadre du GATT,
Il n’est question de l’Alliance atlantique qu’à un seul moment, dans le cadre de simple « consultation sur des questions d’intérêt commun ». Tout comme il est prévu que les deux parties ne se consultent sur les activités du Conseil de l’Europe, de l’OCDE, de l’UEO (Union de l’Europe occidentale – qui a disparu en juin 2011), de l’ONU et de ses institutions spécialisées (FMI, Banque Mondiale etc.)
======= TEXTE COMPLET DU TRAITÉ =========
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À la suite de la déclaration commune du Président de la République française et du Chancelier de la République Fédérale d’Allemagne en date du 22 janvier 1963, sur l’organisation et les principes de la coopération entre les deux États, les dispositions suivantes ont été agréées :
I. – ORGANISATION
1. Les Chefs d’État et de Gouvernement donneront en tant que de besoin les directives nécessaires et suivront régulièrement la mise en œuvre du programme fixé ci-après. Ils se réuniront à cet effet chaque fois que cela sera nécessaire et, en principe, au moins deux fois par an.
2. Les Ministres des Affaires étrangères veilleront à l’exécution du programme dans son ensemble. Ils se réuniront au moins tous les trois mois. Sans préjudice des contacts normalement établis par la voie des ambassades, les hauts fonctionnaires des deux Ministères des Affaires étrangères, chargés respectivement des affaires politiques, économiques et culturelles, se rencontreront chaque mois alternativement à Paris et à Bonn pour faire le point des problèmes en cours et préparer la réunion des Ministres. D’autre part, les missions diplomatiques et les consulats des deux pays ainsi que leurs représentations permanentes auprès des organisations internationales prendront tous les contacts nécessaires sur les problèmes d’intérêt commun.
3. Des rencontres régulières auront lieu entre autorités responsables des deux pays dans les domaines de la défense, de l’éducation et de la jeunesse. Elles n’affecteront en rien le fonctionnement des organismes déjà existants – commission culturelle franco-allemande, groupe permanent d’État-major – dont les activités seront au contraire développées. Les Ministres des Affaires étrangères seront représentés à ces rencontres pour assurer la coordination d’ensemble de la coopération ;
a) les Ministres des Armées ou de la Défense se réuniront au moins une fois tous les trois mois. De même, le Ministre français de l’Éducation nationale rencontrera, suivant le même rythme, la personnalité qui sera désignée du côté allemand pour suivre le programme de coopération sur le plan culturel ;
b) les Chefs d’État-major des deux pays se réuniront au moins une fois tous les deux mois ; en cas d’empêchement, ils seront remplacés par leurs représentants responsables ;
c) le haut-commissaire français à la Jeunesse et aux Sports rencontrera, au moins une fois tous les deux mois, le Ministre fédéral de la Famille et de la Jeunesse ou son représentant.
4. Dans chacun des deux pays, une commission interministérielle sera chargée de suivre les problèmes de la coopération. Elle sera présidée par un haut fonctionnaire des Affaires étrangères et comprendra des représentants de toutes les administrations intéressées. Son rôle sera de coordonner l’action des ministères intéressés et de faire périodiquement rapport à son Gouvernement sur l’état de la coopération franco-allemande. Elle aura également pour tâche de présenter toutes suggestions utiles en vue de l’exécution du programme de coopération et de son extension éventuelle à de nouveaux domaines.
II. PROGRAMME
A. – Affaires étrangères
1. Les deux Gouvernements se consulteront, avant toute décision, sur toutes les questions importantes de politique étrangère, et en premier lieu sur les questions d’intérêt commun, en vue de parvenir, autant que possible, à une position analogue. Cette consultation portera entre autres sur les sujets suivants : Problèmes relatifs aux communautés européennes et à la coopération politique européenne ; Relations Est-Ouest, à la fois sur le plan politique et sur le plan économique ; Affaires traitées au sein de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord et des diverses organisations internationales auxquelles les deux gouvernements sont intéressés, notamment le Conseil de l’Europe, l’Union de l’Europe Occidentale, l’Organisation de coopération et de développement économique, les Nations Unies et leurs institutions spécialisées.
2. La collaboration, déjà établie dans le domaine de l’information, sera poursuivie et développée entre les services intéressés à Paris et à Bonn et entre les missions dans les pays tiers.
3. En ce qui concerne l’aide aux pays en voie de développement, les deux Gouvernements confronteront systématiquement leurs programmes en vue de maintenir une étroite coordination. Ils étudieront la possibilité d’entreprendre des réalisations en commun. Plusieurs départements ministériels étant compétents pour ces questions, du côté français comme du côté allemand, il appartiendra aux deux ministères des Affaires étrangères de déterminer ensemble les bases pratiques de cette collaboration.
4. Les deux Gouvernements étudieront en commun les moyens de renforcer leur coopération dans d’autres secteurs importants de la politique économique, tels que la politique agricole et forestière, la politique énergétique, les problèmes de communications et de transports et le développement industriel, dans le cadre du Marché commun, ainsi que la politique des crédits à l’exportation.
B. – Défense
I. – Les objectifs poursuivis dans ce domaine seront les suivants :
1. Sur le plan de la stratégie et de la tactique, les autorités compétentes des deux pays s’attacheront à rapprocher leurs doctrines en vue d’aboutir à des conceptions communes. Des instituts franco-allemands de recherche opérationnelle seront créés.
2. Les échanges de personnel entre les armées seront multipliés ; ils concerneront en particulier les professeurs et les élèves des écoles d’État-major ; ils pourront comporter des détachements temporaires d’unités entières. Afin de faciliter ces échanges, un effort sera fait de part et d’autre pour l’enseignement pratique des langues chez les stagiaires.
3. En matière d’armements, les deux Gouvernements s’efforceront d’organiser un travail en commun dès le stade de l’élaboration des projets d’armement appropriés et de la préparation des plans de financement. A cette fin, des commissions mixtes étudieront les recherches en cours sur ces projets dans les deux pays et procéderont à leur examen comparé. Elles soumettront des propositions aux ministres qui les examineront lors de leurs rencontres trimestrielles et donneront les directives d’application nécessaires.
II. – Les gouvernements mettront à l’étude les conditions dans lesquelles une collaboration franco-allemande pourra être établie dans le domaine de la défense civile.
C. – Éducation et Jeunesse
En matière d’éducation et de jeunesse, les propositions contenues dans les mémorandums français et allemand des 19 septembre et 8 novembre 1962 seront mises à l’étude selon les procédures indiquées plus haut :
1. Dans le domaine de l’éducation, l’effort portera principalement sur les points suivants :
a) Enseignement des langues :
Les deux Gouvernements reconnaissent l’importance essentielle que revêt pour la coopération franco-allemande la connaissance dans chacun des deux pays de la langue de l’autre. Ils s’efforceront, à cette fin, de prendre des mesures concrètes en vue d’accroître le nombre des élèves allemands apprenant la langue française et celui des élèves français apprenant la langue allemande. Le Gouvernement fédéral examinera, avec les gouvernements des Länder, compétents en la matière, comment il est possible d’introduire une réglementation qui permette d’atteindre cet objectif. Dans tous les établissements d’enseignement supérieur, il conviendra d’organiser un enseignement pratique de la langue française en Allemagne et de la langue allemande en France, qui sera ouvert à tous les étudiants.
b) Problème des équivalences :
Les autorités compétentes des deux pays seront invitées à accélérer l’adoption des dispositions concernant l’équivalence des périodes de scolarité, des examens, des titres et diplômes universitaires.
c) Coopération en matière de recherche scientifique :
Les organismes de recherches et les instituts scientifiques développeront leurs contacts en commençant par une information réciproque plus poussée, des programmes de recherches concertées seront établis dans les disciplines où cela se révélera possible.
2. Toutes les possibilités seront offertes aux jeunes des deux pays pour resserrer les liens qui les unissent et pour renforcer leur compréhension mutuelle. Les échanges collectifs seront en particulier multipliés. Un organisme destiné à développer ces possibilités et à promouvoir les échanges sera créé par les deux pays avec, à sa tête, un conseil d’administration autonome. Cet organisme disposera d’un fonds commun franco-allemand qui servira aux échanges entre les deux pays d’écoliers, d’étudiants, de jeunes artisans et de jeunes travailleurs.
III. – DISPOSITIONS FINALES
1. Les directives nécessaires seront données dans chaque pays pour la mise en œuvre immédiate de ce qui précède. Les Ministres des Affaires étrangères feront le point des réalisations acquises à chacune de leurs rencontres.
2. Les deux Gouvernements tiendront les Gouvernements des autres États membres des Communautés européennes informés du développement de la coopération franco-allemande.
3. A l’exception des clauses concernant la défense, le présent Traité s’appliquera également au Land de Berlin, sauf déclaration contraire faite par le Gouvernement de la République fédérale d’Allemagne au Gouvernement de la République française dans les trois mois qui suivront l’entrée en vigueur du présent Traité.
4. Les deux Gouvernements pourront apporter les aménagements qui se révéleraient désirables pour la mise en application du présent Traité.
5. Le présent Traité entrera en vigueur dès que chacun des deux Gouvernements aura fait savoir à l’autre que, sur le plan interne, les conditions nécessaires à sa mise en œuvre ont été remplies.
Fait à Paris, le 22 janvier 1963, en double exemplaire, en langue française et en langue allemande, les deux textes faisant également foi.
Le Président de la République française
Charles de GAULLE
Le Premier Ministre français
Georges POMPIDOU
Le Ministre français des Affaires étrangères
Maurice COUVE de MURVILLE
Le Chancelier de la République fédérale d’Allemagne
Konrad ADENAUER
Le Ministre fédéral des Affaires étrangères de la République fédérale d’Allemagne
Gerhard SCHROEDER
*** ***
DOCUMENT N°4
- 24 avril 1963 = PREMIÈRE RÉACTION DE CHARLES DE GAULLE ÀL’ANNONCE PAR LES ALLEMANDS QU’ILS VONT AJOUTER UN PRÉAMBULE INTERPRÉTATIF AU TRAITE
(..)
Suite et vidéos ici :
http://www.u-p-r.fr/dossiers-de-fond/le-mythe-du-couple-franco-allemand-traite-elysee
CONCLUSION : LE “COUPLE FRANCO-ALLEMAND” EST UN MENSONGE FRANÇAIS