Le verdict de la Cour des Comptes
Le jugement est sévère : « la négociation des avenants aux contrats de concession (notamment les contrats de plan) et le suivi par le concédant (assuré par le seul ministère chargé des transports) des obligations des concessionnaires se caractérisent par un déséquilibre au bénéfice des sociétés autoroutières ». La Cour des Comptes dénonce « des augmentations tarifaires supérieures à l’inflation » et recommande même de « mettre en œuvre les dispositions contraignantes » et de « réaliser systématiquement une contre-expertise (…) de tous les coûts prévisionnels des investissements ».
Ce document de Debout la République montre que la hausse annuelle du tarif des péages est, à l’exception de 2007 et 2010, systématiquement supérieure à l’inflation depuis 2004. Pire, une autre analyse démontre l’envolée des profits des sociétés concessionnaires, qui ont progressé de 70% de 2001 à 2010 contre un peu plus de 25% pour l’ensemble des sociétés non financières. Comme le rappelle Marianne, en utilisant toutes les combines permises par les contrats de concession, les sociétés d’autoroutes ne cessent de faire progresser leurs tarifs sensiblement plus vite que l’inflation.
Une privatisation illégitime
Le problème fondamental est que les autoroutes font partie du service public et ne doivent pas être privées. En effet, il s’agit d’un monopole naturel, qui, s’il est privatisé, se transforme en une rente colossale. En effet, il faut rappeler ici qu’en 2010, ASF dégageait un chiffre d’affaires de 3,75 milliards d’euros (en hausse de 10% alors) pour un résultat opérationnel de 1,57 milliards (soit une marge de plus de 40%) et un résultat net de 735 millions d’euros, près de 20% du chiffre d’affaires. Des chiffres qui démontrent bien qu’il s’agit d’une rente, qui plus est, de plus en plus rentable pour les concessionnaires.
Du fait de la crise européenne, de nombreux Etats continuent à céder des pépites du patrimoine national. Naturellement, cela se fait sous la bannière d’un agenda de libéralisationqui se ferait aux bénéfices des usagers. Mais en réalité, il n’y a pas de baisse des prix mais une hausse des profits ! "canempechepasnicolas" se prononce pour la nationalisation des sociétés d'autoroutes sans indemnité aucune, celles-ci ayant largement "fait leur beurre" durant leur privatisation.
Et en même temps, la gratuité complète de ces voies nationales de communication, le coût de leur maintenance étant assuré par l'impôt. Que dirait-on si les péages en vigueur avant la Révolution de 1789 visant routes, ponts, entrées de ville, étaient rétablis ?