Par Julie Saulnier,
publié le 28/09/2011
Le procureur de Nanterre Philippe Courroye est convoqué aux fins d'une mise en examen en marge de l'affaire Bettencourt.
AFP/PIERRE VERDY
Le policier explique en effet que la surveillance téléphonique avait été menée par son service en 2010 à l'instigation du bureau de Philippe Courroye, qui "demandait très précisément les fadettes (factures détaillées) des deux journalistes" du quotidien. L'IGS a alors "rendu compte à sept reprises au parquet de Nanterre entre le 9 septembre et le 6 octobre 2010" et "à chaque fois, les magistrats nous demandaient de pousser nos investigations", a expliqué le policier.
Opération d'identification
Pourquoi l'IGS a-t-elle mis en place cette surveillance téléphonique? Tout débute le 1er septembre 2010. A cette date, un article cosigné par Jacques Follorou et Gérard Davet, intitulé "Les policiers sont à la recherche des petits papiers de Mme Bettencourt" et publié en une du Monde, fait état d'une perquisition en cours au domicile de la milliardaire.
Comment ces éléments d'enquête sont-ils parvenus jusqu'au quotidien du soir?
Aussi sec, Me Georges Kiejman, l'avocat de Liliane Bettencourt, dépose une plainte pour violation du secret de l'enquête et c'est sur cette base que le parquet de Nanterre saisit l'IGS. Lequel lance une procédure d'identification. "Ce ne sont pas les journalistes ni la presse qui sont visés. Le but de cette enquête confiée à l'IGS est de vérifier si des personnes soumises au secret de l'enquête sont à l'origine de la fuite dans un article du Monde, publié le 1er septembre en ligne", explique à l'époque le procureur de Nanterre.
Autrefois salué comme modèle d'indépendance puis critiqué pour sa proximité avec le pouvoir, le procureur de Nanterre voit, avec cette convocation, sa réputation une nouvelle fois ternie par l'affaire Bettencourt.
Que se passera-t-il si la juge Zimmermann va au bout de sa démarche? Selon Christophe Régnard, président de l'Union syndicale des magistrats (USM), "il est clair qu'un procureur de la République mis en examen aurait du mal à pouvoir continuer à exercer ses prérogatives, encore plus à Nanterre", tribunal chargé de plusieurs dossiers sensibles où les magistrats se demandent "comment continuer à assurer la sérénité des débats dans une juridiction à feu et à sang", a estimé le patron de l'USM.
Et d'ajouter: "Il faudra que le ministère (de la Justice) prenne position sur cette situation très particulière (...) inédite qui va devoir trouver une solution très rapide."