Cameroun, Gouvernance mondiale :
Les crimes de l’Occident en Afrique
Par Abanda Kpama,
Président National du Mouvement Africain pour la Nouvelle Indépendance (MANIDEM)
Pour les pays du Nord, le continent noir est une terre maudite : il faut donc l’envahir ! Etablissant le classement des cinq plus grands criminels du début du 21e siècle, de jeunes conducteurs de moto-taxis, tous manifestement instruits et bien informés, dévissant devant un kiosque à journaux au quartier Akwa à Douala, ont placé cinq dirigeants occidentaux dans les cinq premières places.
Il s’agit de Georges W. BUSH, Nicolas SARKOZY, Barak OBAMA, Benjamin NETAN YAHOU et Tony BLAIR.
Devant ma surprise de ne voir ni Ben LADEN, ni les généraux birmans dans ce classement, les jeunes bendskineurs m’ont répondu : «le crime vient de l’Occident, l’Occident n’a aucun respect pour les autres peuples».
Tel est le fond du problème.
Les nombreux crimes commis par l’Occident en Afrique (esclavage, colonisation, néo-colonialisme, guerres barbares etc.), en Asie (guerres de colonisation au Vietnam, au Laos, au Cambodge, en Corée, en Chine etc.), en Amérique latine (soutien aux dictateurs sanguinaires, coups d’Etat fascistes comme au Chili, embargo contre Cuba etc.) au Moyen Orient ( soutien aux pires dictateurs comme en Arabie Saoudite, au Bahreïn, en Egypte sous Sadate et Moubarak, au Maroc sous Hassan II , en Tunisie sous Ben Ali, en Iran sous Reza Palhavi etc, soutien aveugle à l’Etat d’Israël dans sa politique d’occupation des territoires palestiniens malgré les résolutions pertinentes de l’ONU),
ces nombreux crimes qui datent du 15e siècle et qui perdurent comme l’actualité nous en donne chaque jour l’illustration, ont convaincu les Africains et sa jeunesse en particulier que l’Occident n’a de civilisation que la violence, motivée par son profond mépris à l’égard des autres peuples.
La guerre que l’Occident mène contre le peuple libyen en est une parfaite illustration. Nulle part en Occident, on accepterait qu’un groupe de rebelles armés s’attaquent à un Etat organisé. On a vu le sort qui a été réservé aux nationalistes corses, à l’IRA, à l’ETA, aux brigades rouges et depuis peu aux Tchétchènes.
Tous ces groupes armés ont été traités de terroristes par les Etats occidentaux.
Partout ailleurs et notamment en Afrique, des bandes armées distillant la mort à tout vent, peuvent sévir impunément, profitant de la faiblesse de nos Etats et parfois du soutien armé et financier de l’Occident.
C’est ce qui s’est passé en Côte d’Ivoire, c’est ce qui se passe en Libye. Pour asservir nos peuples, l’Occident mise sur la force militaire directe (comme en Libye) ou indirecte (comme en Côte d’Ivoire et plus avant au Biafra, en Angola etc.).
Il mise aussi sur un appareil médiatique de propagande mensongère et hypocrite. CNN, BBC, RFI, TV5, LC1, I-TELE, France 24, V.O.A, etc. sont en réalité des officines de propagande qui ont pour mission de conditionner l’opinion publique des pays tiers.
Nationalistes, patriotes et résistants sont traités de terroristes, tandis que les bandes criminelles sont appelées forces nouvelles ou forces républicaines. L’exploitation sauvage de nos richesses et de notre main d’oeuvre est appelée coopération.
Ce sont ces mensonges et cette hypocrisie, mises à nu avec les derniers événements de Côte d’Ivoire et de Libye, et avant cela avec les événements de l’ex-Yougoslavie, d’Iran, du Liban et de la Palestine pour ne citer que ceux là, ces événements donc ont frustré et radicalisé la Jeunesse africaine.
Pour les Africains, le procès de l’Occident est terminé.
La sentence est prononcée.
L’Occident est la cause première de nos malheurs et misères. Il poursuit l’objectif de nous émasculer.
Assurer son train de vie en exploitant nos richesses, telle est la motivation essentielle de ses crimes chez nous et chez les autres peuples des autres continents. La justification culturelle de cette mission barbare est la supériorité supposée de l’Occident.
L’Afrique serait maudite, il faut donc l’envahir et lui apporter la civilisation.
Le discours n’a pas varié depuis 5 siècles !
RESISTANCES AFRICAINES
Les Occidentaux se trompent d’époque. La globalisation de l’information, la capacité toujours plus grande des intellectuels et des élites africaines à analyser la marche du monde, l’exemple que donnent les peuples et les dirigeants d’Asie et d’Amérique latine, tout cela galvanise la Jeunesse africaine qui comprend que son destin dépend d’elle et de personne d’autre.
L’anti-occidentalisme qui se développe chez nos Jeunes est la première étape d’une prise de conscience que le sort de l’Afrique va se jouer avec comme acteurs principaux les Africains eux-mêmes. Notre Jeunesse se met progressivement en rangs de bataille et sans même attendre que les ainés sociaux et les encadreurs institutionnels lui en donnent le prétexte, elle bouscule l’ordre établi et exige de participer à la gestion de la cité. Que d’exemples de cette nouvelle culture :
Février 2008 au Cameroun : les transporteurs protestent contre la hausse des prix du carburant, les politiques dénoncent la modification constitutionnelle, notre Jeunesse réclame emploi et intégration sociale. La répression fait rage : 150 jeunes Kamerunais sont assassinés par les forces de police et de gendarmerie soutenues par les unités d’élite de l’armée. Les Jeunes ont compris que le combat a changé de nature.
Septembre 2009 en Guinée : à l’appel des partis politiques de l’Opposition, le stade du 29 septembre à Conakry est pris d’assaut par une Jeunesse guinéenne qui exige démocratie et transparence électorale. DADIS CAMARA, soldat inculte et fanfaron, qui rêve de s’éterniser au pouvoir, donne l’ordre de tirer sur la foule. Plus de 100 jeunes guinéens sont assassinés par l’armée. Les élections arriveront malgré tout et le soldat assassin sera empêché de rentrer en Guinée. La Jeunesse guinéenne a compris la leçon.
Février, mars et avril 2011 : Tunis, le Caire, Alexandrie, Alger sont secoués par des soulèvements de jeunes Tunisiens, Egyptiens et Algériens. L’armée hésite à tirer sur les manifestants, les pouvoirs tunisien et égyptien vacillent, Ben Ali et Moubarak sont débarqués, le pouvoir algérien, en revanche, calme provisoirement le jeu.
Anticipant sur l’avenir, le roi du Maroc annonce une série de mesures pour libéraliser la vie politique de son pays ; il réussit lui aussi, comme Bouteflika à calmer momentanément le jeu.
Dans tous ces pays, la Jeunesse a pris sur elle de contester l’ordre établi et d’exiger de nouvelles règles de jeu. La leçon est apprise.
Il faudra désormais compter avec la Jeunesse.
Juin 2011 : Dakar et les autres villes du Sénégal voient la Jeunesse se lever pour dénoncer la tentative du sénile Wade de s’éterniser au pouvoir par rejeton interposé. WADE recule et pour éviter l’effondrement de son régime, il est obligé de déployer l’armée dans toute la capitale. La leçon est apprise. La Jeunesse sénégalaise sait désormais que rien ne se fera sans elle.
Le principal acteur du changement en Afrique, dans les prochaines années, sera la Jeunesse africaine. Elle battra le pavé, exigera le changement pour instaurer la démocratie et la justice. Elle a décidé d’insérer l’Afrique dans le monde moderne. Profitant de plusieurs siècles d’expérience de luttes et de résistances menées par les peuples africains, notre Jeunesse libèrera définitivement l’Afrique et la rendra maître de son destin.
Rien ne pourra arrêter cette évolution.
Entende qui voudra.