Sous-effectif,
dégradationdes conditions de travail,
précarisation de l’emploi...
Les syndicats CGT et SUD de la Poste du Pas-de-Calais
tirent la sonnette d’alarme.
Au sein de la branche « courrier » de la Poste, société anonyme depuis 2011, les logiques libérales de rentabilité font des dégâts. « On ne part plus des besoins des gens, mais des nécessités du budget », s’inquiète Bruno Tenaglia, facteur à Arras et militant de Sud PTT.
Les usagers sont les premiers à en faire les frais. Avant les tournées du facteur généraient du lien social. Aujourd’hui, « les gens regrettent qu’il ne prend plus le temps de sonner à la porte. Avant, nous ramenions aux personnes âgées leur pension ou des médicaments. Désormais, ces services sont payants et nous sommes passibles de sanctions disciplinaires si nous passons outre », poursuit Bruno, le moral en berne.
Des tournées en chute libre
En effet, de réorganisation en restructuration, les facteurs subissent des conditions de travail dégradées. « Le volume du courrier à distribuer a certes diminué, mais que le facteur ait une ou dix lettres à déposer dans une boîte, ça ne change rien pour lui », commente Hervé Lebrun. Quand un bureau de poste ferme, « c’est une à trois tournées qui disparaissent. Parfois, il arrive, comme à Bully-les-Mines ou Vimy, que ces bureaux rouvrent, mais les tournées supprimées ne sont pas rétablies pour autant », poursuit cet élu départemental CGT. « Sur Arras et Dainville, nous sommes passés de 60 à 32 tournées de 1987 à 2013. C’est autant de facteurs en moins », constate André Rabouille, préposé à la distribution à Arras, qui se plaint de « distances plus longues à parcourir ». « Nous avons perdu 141 emplois en 2012 (1) à l’heure où le recours aux CDD se multipliait (952 contrats signés) », révèle Gérard Michel, le patron de la Fédération CGT des Activités postales et de Télécommunications du Pas-de-Calais.
Répercussions sanitaires
Et les syndicats de stigmatiser la « sécabilité », une nouvelle organisation du travail mise en place en 2007, pour pallier les suppressions d’emploi. Elle consiste à « découper les tournées de façon à en répartir la charge sur les facteurs restants, en plus de leur tournée attitrée ». « Traditionnellement, l’été, il y a moins de courrier à distribuer. Avant, nos tournées étaient allégées. Comme désormais 16 semaines (dont 9 en juillet-août) de sécabilité nous sont imposées par an, les temps de récupération sont inexistants », commente Bruno en proie à une « fatigue permanente. Nos muscles et articulations en pâtissent à terme ».
Dès la rentrée, la CGT et SUD comptent bien interpeller un personnel « désabusé » sur ces questions liées à la pénibilité...
Jacques KMIECIAK
Liberté Hebdo Nord-Pas-de-Calais
Dans le Pas-de-Calais, les effectifs de la branche « courrier » s’élèvent à environ 2300 personnes « dont 70 % de facteurs ». La moitié bénéficie d’un statut de fonctionnaire.